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Zaccheroni : « J’ai eu le courage de changer quand je gagnais »

Propos recueillis par Valentin Pauluzzi
Zaccheroni : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>J&rsquo;ai eu le courage de changer quand je gagnais<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

À la fin des années 90, Alberto Zaccheroni hissait l’Udinese à la 3e place du championnat italien et le remportait ensuite avec l'AC Milan. Comment ? En bousculant les habitudes du football transalpin avec un 3-4-3 révolutionnaire. Leçon de tactique.

Le 3-4-3 n’a pas toujours été votre marque de fabrique.J’étais assez traditionnel à la base, comme tous ceux qui venaient de stopper leur carrière de footballeur, j’essayais de reproduire ce que j’avais connu sur le terrain. En fait, j’ai eu la chance d’entraîner toutes les catégories de jeunes, et sans le stress du résultat, j’ai pu essayer plein de choses. J’ai démarré avec le marquage individuel et en zone au milieu, et ensuite, j’ai eu la force et le courage de changer même quand je gagnais, car d’habitude un coach le fait dans la situation inverse.
Il paraît que le 3-4-3 naît lors d’un déplacement à Turin avec l’Udinese en avril 1997…Non, cela faisait un an et demi que je travaillais dessus. Moi, je voulais toujours trois éléments très offensifs. Je suis allé voir le Foggia de Zeman et le Barça de Cruyff afin de trouver un système similaire. Et derrière ces trois attaquants, je voulais quatre milieux de terrain, à ce moment-là il ne restait plus que la défense à trois. Il faut savoir que les joueurs n’aiment pas les choses nouvelles, ils aiment faire ce qui leur a permis d’arriver à leur niveau. J’arrivais à l’essayer en cours de match quand on perdait, on jouait mieux, mais selon eux, c’était parce que nos adversaires menaient au score et avaient levé le pied.

Ce qui n’est pas le cas lors de ce Juventus-Udinese.On a été réduits à dix après trois minutes de jeu, c’était l’occasion parfaite. Cette Juve écrasait tout le monde, je savais que mes joueurs auraient tout donné pour éviter de couler, ce qui n’aurait pas été le cas face à un adversaire classique. J’ai sorti Locatelli pour Gargo que j’ai mis en défense et on s’est disposé en 3-4-2. Si la tactique était mal interprétée, on pouvait en prendre 10, mais on a gagné 3-0 avec Bierhoff et Amoroso attaquants. Cette victoire a même relancé le championnat, car Parme avait gagné dans le même temps, sauf qu’une semaine plus tard, on va justement à Parme et on les bat 2-0 avec le 3-4-3. Championnat de nouveau terminé ! Mes joueurs étaient finalement convaincus, mais je répète, cela avait déjà été tenté avant, sauf que je mettais Stroppa au poste d’attaquant gauche, et vu que c’était un milieu, les journalistes ne se rendaient pas compte qu’on était disposés de la sorte.


À l’époque, vous décrivez votre tactique comme tel : « Elle est composée de trois hommes par secteur, plus un quatrième à équidistance entre défense et attaque, à recycler selon les besoins. » Disons qu’un des milieux latéraux peut être abaissé sur la ligne défensive, mais l’objectif a toujours été de défendre avec seulement un homme en plus par rapport aux attaquants adverses. Si sur un centre dans la surface, il y a deux de mes défenseurs et un attaquant, le milieu reste à sa place. Je ne veux pas défendre avec plus d’un bonhomme supplémentaire, si mes adversaires attaquent avec un élément, deux gars suffisent pour le contrôler.

Vos défenseurs restaient sur la ligne défensive ?On marquait en zone, mais c’était avec deux latéraux avec des caractéristiques défensives en plus d’un axial. Beaucoup de collègues ont essayé de me copier, mais sans succès car ils utilisaient trois défenseurs centraux de métier, or c’est un profil de joueur qui a du mal à défendre sur les côtés et qui souffre dans les grands espaces. Cela n’a pas fonctionné, les deux latéraux du milieu étaient pratiquement toujours obligés de revenir en défense et ça devenait un 5-2-3 sans aucun équilibre. Bref, ça a viré au 5-4-1 en phase défensive, ils ont tout simplement cherché à donner une empreinte italienne à mon 3-4-3.

Pour une question d’équilibre, les milieux centraux étaient à vocation défensive ?Pas du tout, à l’Udinese j’alignais Giannechedda et Walem ou Appiah, au Milan, Albertini et Ambrosini, ce dernier se projetant souvent dans la surface adverse. On en revient à ce que j’ai dit précédemment, ceux qui ont cherché à m’imiter ont aligné deux milieux défensifs en plus des trois défenseurs centraux.

Vos attaquants se repliaient pour compenser ?Non plus, ils ne redescendaient pas plus bas que le milieu de terrain, personne n’a jamais vu Amoroso et Bierhoff dans leur propre moitié de terrain, idem avec Leonardo et Weah, aussi pour une question d’âge, ils n’avaient plus la force de défendre et étaient toujours prêts à attaquer.
Les attaquants latéraux dans le trident offensif avaient un rôle fondamental.Ils partaient sur les côtés pour bien quadriller le terrain, mais rentraient souvent dans l’axe avec ou sans ballon ou allaient chercher les espaces derrière Bierhoff. Chacun son tour, un des deux attaquants excentrés prenait position en numéro 10. C’était codifié, les adversaires ne savaient pas lequel des deux partait vers le but et lequel jouait entre les lignes. Une équipe offensive, mais avec un grand équilibre.

Bierhoff n’a jamais marqué autant que sous vos ordres.Car il était bien fourni en centres, par exemple, au Milan les latéraux adverses s’occupaient de Leonardo et Weah, ainsi, Helveg et Gugliemimpietro étaient libres de centrer, on était à deux contre un sur les côtés.
Justement, quand vous débarquez au Milan en 1998, vous retrouvez Helveg et Bierhoff que le club venait de recruter, vous ont-ils aidé à mettre en place votre 3-4-3 ?Ils savaient quoi faire, c’est vrai, mais ils ne sont pas intervenus pour convaincre les autres. Ceux qui ont été très intelligents, c’est le trio Albertini, Maldini, Costacurta. Avec la même équipe, ils étaient arrivés 10e et 11e avec Sacchi et Capello, car l’effectif n’a pas beaucoup changé à mon arrivée, pas de recrutement de stars. Eux avaient tout gagné avec la traditionnelle défense à quatre, mais ils ont eu l’humilité de suivre les idées d’un coach qui débarquait de l’Udinese et n’avait pas eu une grande carrière de joueur. Quand je leur ai dit qu’ils joueraient mieux en 3-4-3, ils m’ont simplement répondu : « Si vous êtes convaincu, on vous suit » , et ils ont entraîné tous les autres joueurs dans leur sillage durant les six semaines de préparation estivale. C’est vrai qu’on ne pensait pas gagner le championnat, mais quand on a vu que les autres équipes ralentissaient…

Il y a un changement notable, vers la fin de saison, Boban devient titulaire, mais derrière les attaquants, c’était plus un 3-4-1-2.La base était toujours 3-4, on est revenu sur la Lazio avec les 3 devant, mais Leonardo traînait une pubalgie chronique et Boban avait peu joué, il était frais. Il avait toujours évolué milieu gauche avec le Milan, donc il partait bien sur le côté pour ensuite rentrer dans l’axe. Le tournant a été la défaite de la Lazio, alors leader, contre la Juve. On a appris ce résultat en débarquant à Udine où on jouait le lendemain. J’ai regardé mes joueurs, leurs yeux brillaient, si 7 ou 8 croyaient en la remontée, désormais tout le monde était convaincu d’y arriver. D’autant qu’on avait zéro blessé grâce à notre excellente préparation. Il restait un mois de sacrifice à faire, ce qui n’était pas insurmontable.

Il y a eu un moment où les entraîneurs adverses ont compris comment vous bloquer ?Non, car ils ont toujours été persuadés qu’on jouait à cinq derrière et ça a été notre chance. Notre tactique était tellement dynamique qu’il était difficile de la contrecarrer.
Mais c’est aussi la dernière fois que vous l’avez utilisée.Laissons de côté la sélection japonaise où je voyais mes joueurs tous les deux mois, ce que trop de gens oublient, c’est que je n’ai plus jamais entraîné un club dès le début de saison depuis. J’ai adopté encore quelques fois mon 3-4-3, notamment dès mon arrivée à l’Inter, je fais un nul 0-0 et je gagne 6 matchs de suite dont un 3-1 chez la Juve. Or, la direction a décidé de faire opérer Coco au dos, je n’avais plus d’alternative à gauche et je suis revenu à un 4-4-2 qui s’adaptait mieux à mon effectif.

Aujourd’hui, le roi du 3-4-3, c’est Gasperini.Au début, il faisait comme moi, mais après il l’a modifié, il a beaucoup plus de variantes. C’est un entraîneur que j’aime beaucoup, car il faut du courage pour ce 3-4-3, sinon vous échouez comme tous ceux qui ont voulu l’interpréter, mais en ne pensant qu’à défendre.
Et le 3-4-3 de Guardiola ?L’interprétation est différente, moi je voulais des passes verticales dès que possible, tandis que son Barça conservait le ballon, l’important était de ne pas le perdre. Conte s’y est mis aussi avec Chelsea, c’est plus similaire à ce que je faisais, même si ses deux attaquants excentrés jouent plus dans l’axe, c’est pratiquement un 3-4-2-1 et puis, parfois, il défend à cinq. Mon 3-4-3 était vraiment compliqué à mettre en place, il faut du temps pour communiquer avec les joueurs, mais si je devais entraîner à nouveau un club en début de saison et si j’ai les joueurs à disposition, je n’hésiterais pas une seconde à le réutiliser.

Dans cet article :
Milan assure le minimum contre l’Udinese
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Propos recueillis par Valentin Pauluzzi

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