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Yvon Mvogo fast
Profitant d’une blessure de l’inamovible Péter Gulácsi, Yvon Mvogo a l’occasion de (re)lancer sa saison entre les perches du RB Leipzig ce mercredi, en Pokal face à Wolfsburg. Une aubaine pour le jeune portier international suisse qui, depuis l’élimination de son club en Ligue Europa, avait de bonnes raisons d’être inquiet.
Tout le monde connaît l’angoisse du gardien de but au moment du penalty. Mais qui connaît l’angoisse du gardien de but qui n’est pas numéro un dans la hiérarchie de son club ? Heureusement, pour cela, il y a l’alternance entre les compétitions, censée offrir un peu de jeu, de plaisir et d’exposition à chacun. Sauf que dans certains groupes, le numéro un est tellement inamovible que les suivants n’ont plus qu’à ronger leur frein en attendant une blessure ou un transfert. À Leipzig, Yvon Mvogo se préparait à la deuxième option, c’est finalement la première qui lui est tombée dessus.
Chacun sa place
Rembobinons un peu. Le vendredi 1er février, le RB Leipzig se déplace à Hanovre pour le compte de la 20e journée de Bundesliga. Entre les perches saxonnes, Péter Gulácsi, international hongrois au club depuis 2015. Normal. Sauf que le colosse magyar se fait mal à la cuisse et doit être remplacé à la pause. Entre à sa place Yvon Mvogo, 24 ans et arrivé il y a un an et demi chez les Lipsiens après 154 matchs disputés en six saisons dans les cages des Young Boys de Berne. Le Fribourgeois rend une copie parfaite puisque les locaux ne parviennent pas à gâcher une seule fois la large victoire de son équipe (0-3).
Pour Mvogo, le scénario était inespéré. En effet, le deal de base était clair en début de saison : à Gulácsi les matchs nationaux, à l’Helvète les internationaux. Sauf que le bilan n’est pas fameux : deux victoires, un nul et trois victoires, le RB Leipzig se fait sèchement dégager de la Ligue Europa et Mvogo se prépare à un semestre de cirage de banc. Une situation qui est loin de lui convenir, comme il le confiait à l’hebdomadaire Kicker : « Pour mon développement personnel, ce n’est pas optimal. On doit se poser, discuter ensemble et trouver une solution. J’ai besoin de mon temps de jeu pour devenir un meilleur gardien. » Sauf que Gulácsi est comme la fourmi de la fable : pas prêteur du tout. Alors que la menace de se voir retirer les matchs de Pokal pour donner ce fameux temps de jeu à son concurrent, le Hongrois met les choses au clair dans les colonnes de Bild : « On m’a promis que je jouerais en coupe et en championnat. Je pense avoir mérité de continuer. Ce qui compte avant tout, ce sont les résultats. » Dont acte. Dans le rôle de l’arbitre, Ralf Rangnick se veut rassurant, mais prend la défense de son portier numéro un : « Nous avons besoin des gardiens tels qu’ils sont aujourd’hui. Je ne pars pas du principe qu’il faille changer quoi que ce soit » , déclarait-il ainsi en décembre dernier, après le match face à Brême.
Tout vient à point, Nati sait attendre
Sauf que rien n’est moins sûr que la situation convienne éternellement à Yvon Mvogo. Appelé dans les rangs de l’équipe nationale suisse pour le dernier Mondial en qualité de troisième gardien, ce dernier a grimpé une marche dans la hiérarchie, depuis la décision de Roman Bürki de se mettre temporairement en retrait de la Nati pour se concentrer sur sa carrière au Borussia Dortmund. Depuis, Mvogo, premier Romand depuis Johnny Leoni en 2011 à garder la cage de l’équipe de Suisse, a été titularisé deux fois. D’abord pour une victoire en Ligue des nations face à l’Islande (1-2), puis pour une surprenante défaite face au Qatar en match amical (1-0).
Pas de quoi décourager le gamin de Marly qui déborde d’ambition et ne s’en cache pas : « Je suis globalement satisfait et heureux à Leipzig. Je veux y être couronné de succès et à un moment donné, devenir le gardien numéro un. » Devra-t-il se résoudre à un prêt l’été prochain pour le devenir ? De son côté, Péter Gulácsi n’a que 28 ans et s’il se décide à suivre les traces d’un autre grand portier magyar comme Gábor Király, il se pourrait bien que l’avenir d’Yvon Mvogo s’écrive définitivement ailleurs. Le Suisse ne semble en tout cas pas du tout prêt à essuyer les plâtres toute sa vie.
Par Julien Duez