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Yunis Abdelhamid : « Tout faire pour ramener Reims en Ligue 1 »

Propos recueillis par Adrien Hémard
6 minutes
Yunis Abdelhamid : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Tout faire pour ramener Reims en Ligue 1<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Vendredi soir, Reims reçoit le Paris FC dans un choc inattendu pour la montée. Et le leader pourra compter sur son roc marocain en défense : Yunis Abdelhamid. Après avoir commencé le foot à 13 ans, et obtenu un master en science de la gestion option finance, celui qui a connu la fausse montée de Luzenac et la première division de futsal entend bien mener le Stade en Ligue 1 l'été prochain. Avant de filer en Russie ?

Tu es né à Montpellier de parents d’origine marocaine : quelle est ta relation avec la sélection marocaine ?J’ai toujours vécu à Montpellier jusqu’à mes 20 ans. En dehors de l’école, on passait tout notre temps libre à jouer au foot. D’ailleurs, El Kaoutari et Regattin viennent du même quartier que moi. Ma première convocation m’a un peu surpris, d’autant que je ne faisais pas partie de la liste initiale. J’ai été appelé au milieu de la trêve pour pallier une blessure en septembre 2016. C’est un rêve qui se réalisait. J’ai toujours été un fervent supporter du Maroc depuis tout petit. Mais après ma deuxième sélection contre le Canada, je n’étais plus titulaire à Dijon et ça m’a coûté ma place : c’est logique. Aujourd’hui le Mondial, c’est clairement un objectif. À partir du moment où j’ai goûté à la sélection, j’ai envie d’y retourner à chaque match.

Plusieurs clubs du Languedoc m’ont approché, dont un qui avait un président expert comptable qui me prenait dans son cabinet. D’autres présidents me promettaient de créer un poste de contrôleur de gestion dans leurs entreprises.

Aujourd’hui, tu cumules 200 matchs en pros alors que tu as commencé le foot à 13 ans, et que tu étais encore amateur à 25 ans. À ce moment-là, tu mènes même une carrière de futsal en parallèle de tes études pour devenir expert comptable. Tu étais loin du monde pro.Je m’imaginais expert comptable. À 24 ans, plusieurs clubs du Languedoc m’ont approché, dont un qui avait un président expert comptable qui me prenait dans son cabinet. D’autres présidents me promettaient de créer un poste de contrôleur de gestion dans leur entreprise. Mais Arles-Avignon m’a appelé et j’ai dû choisir. Au pire des cas, j’avais toujours mon diplôme pour me retourner. J’étais obligé de prendre ce risque-là. La compta, je ne sais pas encore si j’y retournerai pour ma reconversion après le foot. Pourquoi pas allier les deux en aidant les joueurs, avec leurs impôts notamment.

Finalement, tu signes avec la DH d’Arles-Avignon en 2011, avant d’atteindre rapidement le groupe pro.Lors de la première trêve internationale, on m’a appelé pour faire le nombre. Ça s’est passé comme ça pendant deux-trois trêves. Ensuite, j’ai eu la chance avec Faruk Hadžibegić d’intégrer le groupe, mais c’est Thierry Laurey qui m’a lancé. Quand l’équipe première a eu beaucoup de suspendus et blessés, il n’a pas hésité à me mettre titulaire. Ça s’est bien passé. Après, forcément, les pros reviennent, il les remet, mais l’équipe perd 5-1. À la fin du match, Laurey me dit : « Maintenant, Yunis, tu es avec nous dans le groupe, tu vas venir en stage avec nous en janvier » , et je suis titulaire dans la foulée au Havre.

Tu deviens un pilier, Franck Dumas te fait même capitaine. Après trois saison pleines, tu aurais donc pu postuler une plus grosse écurie, mais tu prends tout le monde à contrepied en choisissant Luzenac, promu surprise en L2. Quelques semaines plus tard, après la rétrogradation du club en DH, tu dois les quitter.Ils ont été très francs et directs avec moi. Fabien Barthez est venu me voir, on a bien discuté. J’ai ressenti que Luzenac comptait vraiment sur moi. J’ai foncé sans hésitation. Aujourd’hui encore, je suis persuadé qu’il y avait une très belle équipe. Quand je vois le dénouement du championnat, je me dis que Luzenac avait sa carte à jouer. Je ne sais pas jusqu’où, mais il y a toujours des surprises en L2. J’ai passé un mois là-bas, c’était un super groupe. C’était une belle histoire. Quand on voit que le rêve est brisé c’est dur, honnêtement ça me fait encore mal. Le monde pro a tout gâché. On était tous dégoûtés et abattus, mais on ne pouvait pas prendre le risque de rester sur le carreau.

Finalement, tu atterris à Valenciennes, relégué en L2. Et comme partout, tu te rends vite indispensable, ce qui t’ouvre les portes de la Ligue 1 avec Dijon deux ans plus tard. Mais malgré une première saison en L1 honorable, tu pars l’été suivant, pourquoi ? Je n’ai pas assez joué à mon goût, je n’étais pas forcément d’accord avec les choix du coach. Même si dix-huit matchs pour une première saison en L1, c’est correct. Je pensais pouvoir faire plus, le coach n’était pas d’accord… J’aime bien prendre des responsabilités, être important pour mon équipe. Or là, j’avais l’impression d’être un joueur de complément. Ce n’est pas une question de ne pas accepter la concurrence, je ne pensais même ne pas jouer au début pour tout dire. Mais quand on voit qu’il y a un peu de favoritisme…

Je n’étais pas contre redescendre en L2 si le projet suivait. La seule chose qui me faisait hésiter, c’était quelques propositions, dont celle de Qarabağ en Azerbaïdjan, qui joue la Ligue des champions.

Dans la foulée tu rebondis en L2 à Reims. Je n’étais pas contre redescendre en L2 si le projet suivait, et Reims est entré très tôt en contact avec moi. La seule chose qui me faisait hésiter, c’étaient quelques propositions turques ou de Qarabağ en Azerbaïdjan, qui joue la Ligue des champions, là. Je suis allé voir mon ami Ben Saada lors du barrage Troyes-Lorient, et Reims en a profité pour me faire visiter ses installations.

Tu étais prêt à aller en Azerbaïdjan ?Oui, totalement. Bon, pour être franc, au début, j’ai refusé catégoriquement. Puis j’ai eu au téléphone des joueurs qui y ont joué, ils ne m’en ont dit que du positif. C’était intéressant, notamment de pouvoir jouer les coupes d’Europe.

À ta signature à Reims, tu expliques que le « projet à long terme » du club t’a convaincu et que tu espères le réaliser durant tes années de contrat. C’est quoi le projet ? Concrètement, le projet, c’est de tout faire pour ramener le Stade de Reims à sa place : en Ligue 1. J’ai signé trois ans, je compte bien y arriver. On ne peut pas dire qu’on joue la montée pour l’instant, pas encore, la saison est encore longue et la L2 peut vite devenir assez folle. L’objectif est au moins d’être dans les clous avant le sprint final. Après, on verra…

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Reims freine Monaco
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