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Youth League : Hajduk Split, le match de leur vie

Par Anna Carreau, au Stade de Genève
8 minutes

Plus de 7000 supporters du Hajduk Split ont déferlé sur Genève pendant quatre jours, le temps des demies puis de la finale de Youth League. À plus de 1200 kilomètres de leur enceinte locale de Poljud sur les bords de l’Adriatique, ils vibrent pour une équipe U19 qui leur rappelle la gloire passée de l’équipe première.

GENEVA - Hajduk Split supporters during the UEFA Youth League final match between AZ Alkmaar and Hajduk Split at Stade de Geneve on April 24, 2023 in Geneva, Switzerland. ANP ED VAN DE POL - Photo by Icon sport
GENEVA - Hajduk Split supporters during the UEFA Youth League final match between AZ Alkmaar and Hajduk Split at Stade de Geneve on April 24, 2023 in Geneva, Switzerland. ANP ED VAN DE POL - Photo by Icon sport

Trois jours après une demi-finale que les U19 du Hajduk ont remportée haut la main face à l’AC Milan (victoire 3-1), les supporters de Split avaient de nouveau rendez-vous avec l’histoire ce lundi 24 avril, toujours au Stade de Genève. Après avoir passé des heures dans les alentours du stade pour fêter le triomphe du vendredi soir, ceux qui ont passé le week-end dans la métropole suisse dans l’attente de cette finale de Youth League connaissent désormais parfaitement le chemin vers le Stade de Genève et les plans foireux à éviter. Comme la fanzone installée rien que pour eux où l’on passe de la grosse musique techno alors que l’ambiance est plus aux chants à la gloire du club ou de la Dalmatie (région représentée par le club de Split). Vers 15h, et donc à trois heures du coup d’envoi, les quelque 7000 supporters croates attendus se réunissent donc à l’opposé de la zone leur étant attribuée, coincés entre le stade et un centre commercial permettant de manger pour pas trop cher, dans une ville où un menu au McDo coûte 17 euros. En plein cagnard se mélangent odeurs de fast-food, bières en canettes ramenées du bled et hymnes à la gloire du Hajduk, crachés par une enceinte que porte courageusement un supporter au milieu d’une foule grandissante.

Des gamins en guise de lot de consolation

Tout le monde connaît les paroles, même Mykholaï et Ivan, à peine âgés de 8 ans et ayant séché les cours pour l’occasion. Leur père Boris a posé quelques jours de congé et craqué son PEL pour s’offrir quatre jours à Genève. « On a dû dépenser 2000 euros ici, et c’est vraiment beaucoup pour nous », reconnaît-il entre deux chants braillés à pleins poumons. Surtout pour un pays où le salaire moyen est à moins de 1000 euros. Lui et ses deux gamins se sont tapé plus de 15 heures de voiture pour venir de Metković, au sud de Split, supporter cette équipe U19 à 1200 kilomètres de chez eux. La raison de cette folie ? « La passion, l’émotion. Hajduk c’est l’amour, c’est indescriptible ce qu’on ressent pour ce club, dit-il les larmes aux yeux. On attend ça depuis 1984, on en profite parce qu’on ne sait pas quand on aura encore l’occasion de vivre ça. » À l’époque, l’équipe yougoslave avait été sortie par Tottenham en demi-finales de Coupe UEFA. Hajduk n’a plus atteint ce stade d’une compétition européenne depuis cette épopée, sauf avec les jeunes donc. « On a un vrai manque, un besoin et une nostalgie de ce Hajduk qui gagnait des titres, jouait des finales », plussoie Antonio, qui vit lui en Suisse et n’a eu qu’une petite heure de trajet à faire en sortant du boulot.

Comme lui, ils sont des dizaines à avoir fait le voyage de toute l’Europe, tous issus de la diaspora croate et surtout mordus du Hajduk au point de venir en Suisse supporter une équipe de gamins. Mais pas n’importe laquelle. Ces U19, ou ces « Junior » comme on dit en Croatie, sont champions nationaux depuis trois saisons et ont réussi à faire oublier l’ancienne domination locale du Dinamo dans cette Ligue des champions des jeunes. Pour atteindre cette phase finale, ils ont éliminé le Shakhtar Donetsk (qui s’entraînait à l’époque avec eux à Split en raison de la guerre), Manchester City et Dortmund. En Allemagne, les supporters du Hajduk avaient déjà battu le record du plus gros déplacement pour un match de Youth League, réunis à 5500 dans la cage du Westfalenstadion. « On a battu City, Dortmund et Milan parce que les joueurs ont peur de nous, des supporters, se vante Nikolina, venue de Zagreb exprès pour la finale, après avoir manqué la demi-finale faute de jour de congé. Les joueurs du Hajduk ressentent la pression aussi, mais c’est une force supplémentaire. » Ces fameux jeunes sont d’ailleurs la source de fierté de ces supporters, même si certains galèrent encore à connaître les 18 noms de ceux qui sont sur la feuille de match.

Des hooligans chez les U19

« C’est une équipe très importante pour l’identité du club, de la Dalmatie. Le fait que ça soit des jeunes du bassin local, qui jouent avec le cœur, pour les supporters, animés par l’honneur de jouer sous ce maillot-là, qui sont supporters du club pour lequel ils jouent », explique Antonio. Ils ont même hérité du surnom de « naša dica », « nos gamins » en dialecte dalmate, représentant ce qu’aimeraient voir les supporters au sein de leur équipe première. Face à Milan, des chants « Ovo je Hajduk », « ceci est le vrai Hajduk » en français, sont d’ailleurs descendus des tribunes après le but du 2-0, d’une tête rageuse sur corner bien smashée par Rokas Pukštas s’arrachant de toute sa détente. Cette finale européenne chez les U19 est donc une belle façon de « se consoler », admet le Croato-Suisse venu avec son père, qui se souvient encore des dernières épopées européennes du Hajduk. « À cause de l’UEFA, c’est compliqué aujourd’hui d’être en Coupe d’Europe », se désole Boris, dont les quatre enfants sont tous encartés au club depuis leur premier jour, sans qu’ils n’aient pu connaître les frissons d’antan. Un manque de compétition européenne qui n’est pas pour autant l’explication de cet engouement sans précédent pour cette finale. « Les supporters du Hajduk ont toujours été fous pour le club, passionnés. Ils feraient ces déplacements pour n’importe quelle compétition », assure Tomislav Gabelić, journaliste pour le quotidien national 24sata.

L’heure de la finale approche et la place initialement réservée aux supporters d’Alkmaa,r mais remplie de Croates commence à se vider pour filer de l’autre côté du stade, où ils sont attendus au sud, dans un gigantesque parcage bien grillagé. La faute sans doute aux nombreux fumigènes et autres engins pyrotechniques balancés sur la pelouse lors de la demi-finale. L’UEFA a mis en place une fouille musclée pour s’assurer que cette finale soit comme toute autre de Youth League jusqu’ici – c’est-à-dire sonne creux, mais ne soit jamais le théâtre des hooligans. Un football aseptisé très peu du goût des supporters du Hajduk, dont certains en sont même venus aux mains au milieu de la tribune, sans doute en raison d’une alcoolémie un peu trop élevée. Mais tous parviennent à se réconcilier quand il s’agit de s’égosiller pour soutenir les leurs du début à la fin. Avant le coup d’envoi du match et pendant que les joueurs d’Alkmaar se briefaient une ultime fois sur la rencontre, ceux de Split traversaient le terrain pour saluer cette tribune aux couleurs blanche, rouge et bleu entonnant l’hymne du club.

Bains de foule en série

Sur le carré vert, ceux qui n’avaient jamais atteint ce stade de la compétition en Youth League se prennent une claque technique et tactique par l’AZ Alkmaar, dont les jeunes sont davantage rodés à ce genre de compétition. Eux n’ont visiblement pas peur des dizaines de pétards lancés sur le terrain par-dessus les grilles, des fumigènes et des torches brandis par la Torcida – groupe ultra du Hajduk – au nez et à la barbe de l’UEFA, dont le speaker s’entête à répéter en anglais et en croate qu’ils sont interdits. Les jeunes du Hajduk eux plongent. Alors qu’ils avaient réussi à tenir le 1-0 à la pause, ils finissent par prendre quatre buts en moins de 17 minutes. Score final sans appel : 5-0. Dans le public, on découvre alors la présence d’une trentaine de supporters néerlandais, restés discrets durant 90 minutes et noyés au milieu des chants croates. En virage sud, les fans dalmates restent malgré la fessée et obligent les gamins de moins de 19 ans à venir sécher leurs larmes devant leur public, au milieu des fumis. Attirés sans cesse par cette tribune qui réclame ses héros malgré la défaite, tous reviennent une dernière fois avec la médaille d’argent autour du cou.

« En fin de compte, c’est une histoire merveilleuse pour nous. Nous avons fait quelque chose d’incroyable et cela n’aurait pas été possible sans nos fans qui nous ont suivis partout où nous avons joué. Je tiens à les remercier pour leur soutien », préfère retenir l’attaquant Roko Brajković en zone mixte après le match. La voix complètement éraillée après être resté jusqu’au bout pour réconforter ces gamins qu’il chérit tant, Antonio aussi tempère : « C’est 70% de fierté, 30% de déception. Ce chemin-là s’arrête, mais c’est le début de tellement de choses positives que la déception est réduite. C’est sur ces jeunes-là que le club doit capitaliser. » À moins que, comme trop souvent, le Petit Poucet de la compétition ne se fasse piller de ses meilleurs joueurs, difficiles à retenir vu les sommes proposées à l’étranger. « Mate Antunović doit partir au Real, Rokas Pukštas à Barcelone, Luka Vušković à City… », énumère Boris, parti avant même la remise de la breloque en argent. Lui comme les joueurs ont un autre dernier rendez-vous avant de retourner vivre une saison où le Dinamo Zagreb, en tête du championnat avec dix points d’avance sur Hajduk à six journées de la fin, risque encore de gratter le titre qui fait rêver les Dalmates. Ceux qui ont « remis Hajduk sur la carte du football européen », comme titre le journal local Slobodna Dalmacija, seront attendus à 16h ce mardi après-midi sur la Riva, place principale de Split, par près 10 000 supporters.

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