- Youth League
- Quarts
- Nantes-Copenhague (3-3, 5-4 TAB)
Nantes, un amour de jeunesse
Ce mardi, les U19 du FC Nantes se sont qualifiés en demi-finales de Youth League en sortant le FC Copenhague, au terme d'un scénario dingue, et dans une ambiance dont même leurs aînés seraient jaloux. Un exploit, à l'échelle du foot français, et la confirmation que quelque chose est né autour de cette équipe.
En février 2023, lorsque le cruel Ángel Di María a mis fin au parcours du FC Nantes en barrages de Ligue Europa, on ne pensait pas forcément revoir de sitôt le drapeau de l’UEFA flotter tout en haut de la Beaujoire. Pourtant, depuis cet automne, un parfum d’Europe est revenu planer au-dessus de cette enceinte, en même temps que les U19 jaune et vert y prenaient leurs quartiers. Ce mardi contre le FC Copenhague, les hommes de Stéphane Moreau ont passé leur cinquième tour de la saison en Youth League (après le Lech Poznań, le HJK Helsinki, le Séville FC et le RB Salzbourg), le troisième disputé à la Beaujoire, et s’invitent ainsi en demi-finales de cette Ligue des champions juniors. Une qualification que les jeunes Canaris, doubles champions de France en titre, sont allés chercher avec les tripes, remontant deux buts dans un match à sensations fortes conclu par une irrespirable séance de tirs au but (3-3, 5-4 TAB), quasiment le même score que contre les Sévillans). En tribune, la fête a été totale pour les 19 300 supporters ayant réussi à se libérer pour se pointer au stade à 18 heures, en pleine semaine, et applaudir des gamins à peine majeurs, dont la plupart ne feront probablement jamais de carrière professionnelle.
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C’est aussi la beauté de cette compétition, qui a totalement trouvé son public dans la cité des ducs de Bretagne. En octobre, « face à l’engouement des supporters nantais lors du match face au Lech Poznań au 1er tour » (ils avaient été 1800 à se rassembler à Marcel-Saupin), le FCN annonçait son choix d’ouvrir les portes de la Beaujoire à ses jeunes pousses, à partir du 2e tour, en offrant notamment la place à ses 14 000 abonnés. Bien vu : mardi, avec les tribunes Océane et Loire quasiment pleines, on a enregistré la quatrième meilleure affluence de l’histoire de la Youth League, alors que les réceptions d’Helsinki le 8 novembre (12 950 personnes) et du Séville FC en barrages le 7 février (13 377) avaient déjà intégré le top 10. Inutile de dire que tout cela n’avait jamais été vu dans l’Hexagone pour cette compétition, qui vient de fêter ses dix ans. Plus globalement, cette saison, six clubs de Ligue 1 (Lorient, Reims, Brest, Montpellier, Clermont, Monaco) affichent une moyenne de spectateurs très inférieure à l’affluence de mardi. Certains par manque de capacité, d’autres par manque de fidèles, tout simplement.
Plus qu’un lot de consolation
Cette parenthèse juvénile ne peut pas faire de mal aux aficionados des Canaris, alors que les gars de Jocelyn Gourvennec, eux, sont retombés à une place de barragiste dimanche après leur défaite à Marseille (2-0). « Les jeunes au moins, ils se battent sur le terrain, plus que leurs aînés », rigole Stéphanie, abonnée à la Beaujoire depuis 1996 et venue de Vendée assister au match contre Copenhague, « car c’étaient les quarts de finale ». « Ça redonne un peu de fierté, parce que notre ego de supporter en a pris un coup », rebondit Jean-Michel, membre du groupe Allez Nantes Canaris et bénévole les soirs de match, mais aussi un peu trop honnête : « Je fais le malin, mais je suis incapable de donner la composition de l’équipe. » Comme l’expliquent beaucoup de supporters croisés sur le parvis de la Beauj’, pouvoir assister à une victoire à domicile motive forcément à se déplacer : pour rappel, l’équipe première reste sur 6 rencontres sans succès à la maison, dont une défaite contre Laval (Ligue 2) en 16es de Coupe de France. Cela donne une stat à dormir debout : cette saison, les U19 nantais ont remporté autant de matchs à la Beaujoire (3 sur 3, en comptant les 2 qualifications aux tirs au but) que leurs grands frères, qui se sont pourtant produits 14 fois devant leur public, depuis août.
Selon Thomas*, la fidélité du peuple nantais reste la même, quelles que soient l’équipe et la forme du moment : « En Ligue 1, même si les résultats ne sont pas bons, il y a toujours 30 000 spectateurs au stade. » Accueillis à la Beaujoire dans les mêmes conditions que les pros, tant par le speaker que par les gradins, les petiots ont pu prendre conscience de « ce que sont le haut niveau et les émotions qui peuvent en sortir », dixit le coach Stéphane Moreau. Mais ils n’auront pas la chance de retrouver ces sensations, puisqu’ils disputeront leur demie à Nyon, le 19 avril, face à l’Olympiakós : un adversaire contre qui le club avait remporté ses deux manches en phase de groupes de C3, la saison passée. « C’est une équipe qui draine tout un club, témoigne Matthieu Bideau, responsable recrutement du centre de formation nantais, et commentateur fou des matchs de Youth League sur les canaux officiels du club. Le FC Nantes, historiquement, s’est toujours appuyé sur sa jeunesse, et les gens attendent ça. On s’en rend compte sur les réseaux sociaux : les comptes liés à l’académie sont super suivis. Avec cette épopée, c’est la dimension collective d’un club dans son ensemble, de l’école de football à l’équipe professionnelle, qui prend tout son sens. » En France, seul le Paris Saint-Germain (en 2015-2016) avait réussi par le passé à se hisser dans le dernier carré de ce tournoi, s’inclinant en finale face à Chelsea (2-1).
Contre Copenhague, Dehmaine Tabibou (auteur d’un banger pour l’ouverture du score, qu’il a fêtée en bas de la tribune Loire), Louis Leroux (qui a égalisé à 3-3, tout en élégance), Stredair Appuah (leader de cette équipe du haut de ses 8 matchs pros), le monstre Tom Mabon (qui a repoussé 3 tirs au but sur 7, remportant sa 4e séance de la campagne) et tous leurs coéquipiers ont profité de chaque instant au milieu de l’arène, haranguant la foule dès qu’ils en avaient l’occasion, et communiant avec le mur jaune au terme de cette bataille. Encaissant la pression, aussi, que cela représente : « Ça change, mais ça n’est que du bonheur, ça galvanise », posait Mabon, après la rencontre. Le genre de moments rares que leur offre cette aventure, au même titre que ces déplacements mémorables à Poznań, Helsinki ou Salzbourg. « On peut imaginer que sur un groupe de vingt, il y en aura trois, quatre ou cinq qui feront carrière, estime Bideau. Pour ceux qui ne feront pas carrière au plus haut niveau, ce sont des moments dont ils parleront au coin du feu avec leurs enfants ou leurs petits-enfants. » Coach de cette équipe pendant deux saisons, jusqu’en mai dernier, un certain Pierre Aristouy a dû vibrer. Et il n’était pas le seul.
@so_foot Le @FC Nantes affronte Copenhague en quarts de finale de Youth League, dans une super ambiance à la Beaujoire ! #foryou #footballtiktok #sportstiktok #stade #supporters #youthleague #uefayouthleague #youthleague2024 #uefayouthleague2024 #fcnantes #nantes #copenhague
Par Jérémie Baron, à la Beaujoire
* Prénom modifié