Tu supportes Marseille et Liverpool. Dure fin de saison…
Je suis un sentimental du football. Il y a eu des matchs clés ratés pour les deux équipes. Le Classique pour Marseille, qui pouvait rendre la fin de saison hyper excitante en cas de succès. Bon, on connaît le résultat, hein… Et Liverpool perd le match contre Arsenal et se retrouve distancé. Du coup, ça me ronge tellement que je préfère ne plus regarder. J’ai décroché. J’ai plus « le bandant » . Et ça, c’est relou ! Du coup, c’est une saison en demi-teinte, pour moi. J’ai trouvé, mine de rien, qu’il y a eu quelques beaux matchs en Ligue 1. Je voulais que Lyon soit champion, mais vu les dernières sorties d’Aulas… Mon amour pour Lyon dépend du baromètre Aulas. La Premier League, c’était pas non plus fou. Liverpool, c’était poussif. En revanche, Coutinho… Coutinho, c’est l’une de mes révélations, il est vraiment bien. Et puis, il y a Steven qui s’en va…
Il te fait mal, ce départ ?
Avec lui, c’est une partie de ma vie de passionné de foot qui s’en va. Je ne sais pas comment je vais réagir. À la base, je n’ai aucune attache avec Liverpool, mais j’aime vraiment ces clubs de légende, qui ont du caractère, une histoire. De l’épaisseur, quoi. Et Steven Gerrard m’a fait aimer sa génération du début des années 2000, avec Owen qui était la grande star du moment. Quand Gerrard arrive dans cette équipe, il joue ailier, avec le numéro 17. J’étais juste fou de lui. Surtout qu’au début, il prend des cartons à foison, c’est un fouteur de merde. Du coup, je me suis pris de passion pour lui et pour toutes les épopées avec Houllier, Benítez et maintenant Brendan (Rodgers). Ma passion pour le foot anglais, c’est à travers Steven Gerrard que je la vis. C’est grâce à lui que je m’intéresse à Liverpool. Pour une certaine histoire du foot anglais, pour cette ville. C’est con à quel point un joueur peut te faire accéder à beaucoup de choses. Il s’en va, mais dans mon cœur, il est éternel.
Qu’est-ce que tu penses de la saison de Liverpool ?
On a perdu notre point fort, l’attaque. Sterling, Sturridge et Suárez, c’était trop. Et notre point faible reste la défense. Après, il y a un truc tout pourri à Liverpool, une façon de procéder à laquelle je ne crois absolument pas : quand tu vends un crack, tu ne le remplaces pas par des petits lots. C’est comme si tu vendais une Bentley pour te prendre une Mégane, une Clio… Quand tu vends un crack, tu le remplaces par un crack. C’est pas la première fois qu’on fait ça, à Liverpool. On achète Emre Can, Marković, Lallana, Lambert, Balotelli… On perd beaucoup de temps à trouver une équipe type.
En arrivant à Chelsea, en parlant de la concurrence, Hazard m’a dit : Pour moi ça va aller, c’est pour les autres que je suis inquiet.
Tu es pote avec Eden Hazard. Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Grâce à l’association de Rio Mavuba (les Orphelins de Makala). J’avais été invité à un de leurs concerts, et il y avait pas mal de joueurs du LOSC, dont Eden. Il m’a dit qu’il aimait bien ce que je faisais et on a discuté. Ce qui me choque chez le man, c’est sa sérénité. Je me souviens lui avoir dit que j’étais fan de l’OM. Un jour, 45 minutes avant un match de Lille au Vélodrome, je lui ai envoyé un texto : « Doucement ce soir quand même. » Le gars, tranquille, m’envoie : « Youss’, je sais que c’est ton équipe. Mais ce soir, je vais les marave. Regarde bien, ce soir, je vais faire du sale. » Et il avait mis une superbe frappe des 25 mètres. Une autre petite anecdote : avant son dernier match avec le LOSC, je lui envoie : « Ça doit être un match avec beaucoup d’émotion, bonne chance, profite bien avec tes proches. » Là encore, il me répond qu’il va « faire du sale » . Il avait mis un triplé. Eden, en Ligue 1 comme en Premier League, il fait ce qu’il veut, quand il veut. C’est lui qui décide. Quand il est arrivé à Chelsea, je lui ai dit que ça allait être chaud avec la concurrence au milieu de terrain. Il m’avait répondu : « Pour moi ça va aller, c’est pour les autres que je suis inquiet. » Le type est serein ! C’est un phénomène, il faut profiter des joueurs comme ça.
Dans Chanson française, un des titres de ton nouvel album, tu dis que tu dois toute ta carrière à un rappeur qui s’appelle Diable rouge. Il est belge ?
Ah ah. Il aurait pu, mais non. C’est un rappeur avec qui j’ai grandi. En tout cas, les Belges ont une bonne génération, même si je ne leur dois pas ma carrière. T’imagines, s’ils gagnent l’Euro en France ? Rien que d’y penser, j’en frissonne. Michy (Batshuayi), Mertens, Fellaini, Courtois, Benteke, Lukaku… c’est pas mal. En revanche, Simon Mignolet, c’est un nom d’écrivain du XVIIIe siècle, pas de footballeur. « Je ne sais pas si vous avez découvert l’œuvre de Simon Mignolet, mais c’est très bien. »
Valère Germain, c’est mon gars sûr !
Tu te sens proche de Valère Germain ? #TeamCheveuSurLaLangue
Il a marqué récemment, respectez-le ! En plus, il va finir sur le podium, l’enfoiré ! Je me sens solidaire, il reçoit beaucoup de coups. Il faut qu’on crée une team avec lui, Christophe Lemaître, Ekoué (La Rumeur), Akhenaton, Alibi Montana… Valère Germain, c’est mon gars sûr !
Qu’est-ce que tu penses de la saison de Marseille ?
On a fait rêver la Ligue 1 ! Le coefficient de spectacularité, c’est nous qui l’entretenons. Le match contre Lyon, même à 0-0, c’était incroyable. Le Classique, c’était pas mal aussi ! Parfois, on met 6-0, et parfois il y a des matchs contre Lorient ou Caen où on fait le spectacle pour les autres. En revanche, je vais faire mon chauvin, on s’est pas mal fait voler. Contre Bordeaux, contre Lyon… Même le carton rouge d’Imbula contre le PSG, Turpin, je crois qu’il dit qu’il s’est trompé. On a tout donné pour l’attaque, et en défense… La défense à trois avec Dja Djédjé, bon allez, voilà. On a eu quelques artistes, Payet qui a fait une grosse saison, Thauvin qui m’a déçu. Pour moi, les trois mecs de L1 qui ont le plus de football dans les jambes, mais qui ne font pas toujours le taff, ce sont Thauvin, Lucas et Ferreira Carrasco. Je les trouve extraordinaires, ils n’ont juste pas trouvé la mire.
Tu comprends la méthode Bielsa, ou tu fais semblant, comme tout le monde ?
J’ai beaucoup d’affection pour lui, mais en vrai, je fais semblant de comprendre ce qu’il fait. Quand je vois ses conférences de presse et ses réactions sur le banc, j’ai du mal à croire qu’il a un plan sur le long terme. En revanche, j’ai plein de potes supporters du PSG qui me disent qu’ils aimeraient bien avoir Bielsa à Paris, parce que c’est un personnage. Paris, c’est encore un peu froid. Zlatan faisait le spectacle, mais maintenant, il a l’air un peu agacé, donc il est devenu chiant. Le reste, c’est pas hyper funky. Thiago Motta, Thiago Silva qui chiale tout le temps… Verratti crée quelque chose, il a un truc. Laurent Blanc, c’est pas hyper sexy non plus. Avec Bielsa, l’OM a braqué le titre de champion d’automne. Et j’ai senti une pointe de jalousie chez les techniciens français.
Entre finir 6e avec Bielsa ou avec Baup, je préfère quand même finir 6e avec Bielsa. Au moins, on se sera bien marré.
Comme Jardim, Bielsa n’a pas été nommé pour le trophée UNFP d’entraîneur de l’année…
C’est du corporatisme. Autour de moi, je commence à entendre des gens dire que Bielsa n’est pas vraiment meilleur que Baup. Je n’ai rien contre Élie Baup, mais entre finir 6e avec Bielsa ou avec Baup, je préfère quand même finir 6e avec Bielsa. Au moins, on se sera bien marré.
Dans ton équipe, il y a le rappeur bordelais Sam’s. Il te parle souvent de l’invincibilité à domicile des Girondins contre Marseille ?
Honnêtement, à part la magie noire, je ne comprends pas comment c’est possible. Bordeaux nous bat avec Lamine Sané… Heureusement qu’ils changent de stade. Bordeaux, c’est une équipe… indescriptible. J’entends qu’ils sont à fond sur Gourcuff. Ils sont quand même forts, niveau recrutement. Vendre un mec 25 millions pour peut-être le récupérer gratos, c’est pas mal !
Toujours dans ton nouvel album, il y a un titre qui s’appelle Mannschaft. Tu l’aimes, cette équipe d’Allemagne ?
Ce morceau, c’est un hommage à l’équipe qu’on nous a appris à détester. On a vu Monsieur Batignole, on nous a toujours dit : « Faut pas aimer les Allemands, c’est les méchants ! Tu n’aimeras pas Toni Kroos ! Lothar Matthäus qui gagne la Coupe du monde, c’est mal ! » Alors qu’en fait, ils pratiquent un super football ! La Bundesliga est super agréable, avec une superbe ambiance. Ils ont des joueurs agréables à regarder jouer, glamour. L’équipe nationale est bien équilibrée. Götze, Reus, Boateng… Ils ont carrément des renois dans leur équipe ! En revanche, quelle idée qu’Alaba soit autrichien… Et puis surtout, il faut reconnaître que les Allemands ont les noms de footballeurs les plus stylés. Karl-Heinz Rummenigge, Bastian Schweinsteiger, Torsten Frings… Quand tu t’appelles Torsten Frings, forcément, tu marques des buts de 30 mètres. Jürgen Klinsmann. Jürgen Klinsmann, écoute ce nom. Écoute comment ça sonne ! Si j’étais footballeur, j’aimerais avoir un nom allemand.
Youssouphinho, ça t’irait pas ?
Les Brésiliens, tu ne les appelles pas par leurs noms de famille, donc ça perd un peu de son charme. J’aime bien décliner : nom, prénom, surnom. Franz Beckenbauer, c’est incroyable… Tu conquiers des pays, avec un nom comme ça. Avec un tel nom, t’as envie d’envahir la Russie (rires).
Dans Niquer ma vie, tu racontes que tes potes ont « niqué ta vie » en te faisant trop traîner sur les bancs de ton quartier. Tu penses que Laurent Blanc est en train de niquer la vie de Yohan Cabaye ?
Je pense que Cabaye a niqué sa vie tout seul. Il vaut mieux être un grand chez les petits qu’un petit chez les grands. Cabaye était bien à Newcastle. Le PSG, c’est une marche trop haute pour lui. Même Matuidi est rentré dans le rang. Verratti, en revanche, c’est le joueur qu’on rêve d’avoir à Marseille. Si Verratti était à Marseille, il serait une idole absolue. C’est exactement le style de joueur que Marseille adore.
Si tu avais l’occasion d’envoyer un sms à Souleymane Diawara, dans sa cellule, tu lui écrirais quoi ?
C’est un pote, c’est dur ce que tu me demandes (rires). Je lui demanderais probablement s’il accepterait de rendre le numéro qu’il a volé à Marseille, si cela pouvait permettre de raccourcir sa peine.
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