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Youri Tielemans, en rouge et noir
En difficulté à Monaco, toujours très bon avec la Belgique, Youri Tielemans est un paradoxe. Devenu le joueur central du milieu rouge et blanc, il ne parvient pas à retrouver son niveau avec son club. Tout le contraire de ses apparitions avec les Diables rouges.
« En rouge et noir, j’afficherai mon cœur; en échange d’une trêve de douceur » , chantait Jeanne Mas en 1986. Autant dire qu’à l’heure de retrouver la Belgique contre la Suisse, le son doit tourner en boucle dans le casque de Youri Tielemans. Fantomatique sous le maillot monégasque, le milieu va une nouvelle fois profiter des rencontres internationales pour montrer qu’il a le niveau qu’on attend de lui. Tout était calibré. Prêt. Une première saison où il joue peu, pour se préparer. Une demi-finale de Coupe du monde plus tard, Leonardo Jardim l’assure : à 21 ans, les clés de l’entrejeu monégasque lui sont réservées cette saison. Fabinho et Moutinho partis, il a le champ libre. D’autant qu’il poussait pour avoir ce rôle. « Je n’aurais pas pu vivre une deuxième saison sur le banc à mon âge » , lâche-t-il en septembre à la RTBF. Épaulé par un Aholou chargé de récupérer, couper, désorganiser, il pouvait assumer et s’occuper de mettre en place le jeu, surtout en l’absence d’Aleksandr Golovin, blessé.
Passe-Partout
Mais au Louis-II, le nouveau gardien des clés a semble-t-il paumé son trousseau. Des passes simples ratées, des coups francs aux fraises, une prise de décision lente… Compliqué quand ces secteurs sont censés être vos spécialités. Et le public monégasque ne s’y trompe pas, il est le joueur le plus sifflé à chaque sortie. Le désormais ex-coach de l’AS Monaco l’a même sorti du groupe avant la défaite à Saint-Étienne (défaite 2-0), au même titre que Jemerson. Un électrochoc sans effet au vu de son match contre Rennes dimanche dernier (défaite 2-1).
Le prodige Youri Tielemans n’est pas pour autant complètement perdu comme n’importe quelle pépite avortée de Football Manager. Le joueur que l’on nous promet depuis des années apparaît périodiquement. Seulement, ces apparitions ne se font que sous le maillot de la Belgique. Une vareuse qui lui redonne la confiance nécessaire. Il a ainsi été titulaire à deux reprises lors des derniers matchs des Diables rouges, contre l’Islande (victoire 3-1) et l’Écosse (victoire 4-0). Une jolie performance quand on sait qu’Alex Witsel, très bon avec Dortmund, est sur le banc. Il a même offert une passe décisive à Michy Batshuayi d’un tacle tranchant pour le quatrième but face aux Écossais.
Sauvez Youri
Alors, comment expliquer ce paradoxe ? L’équipe autour de lui est un premier indicateur. Il est sûrement plus simple d’aider une équipe composée de Hazard, Lukaku, Kompany ou Moussa Dembélé qu’une AS Monaco une nouvelle fois remaniée à l’excès. Mais cela aurait dû lui donner l’occasion de briller, de tirer vers le haut ce groupe. Est-ce la motivation ? Elle semble en effet avoir quitté les jambes rouge et blanc depuis plusieurs semaines. La potentielle arrivée de Thierry Henry à la tête du Rocher – actuel entraîneur adjoint des Belges – pourrait peut-être lui donner ce supplément d’âme pour retrouver son jeu et sa régularité entrevus à Anderlecht. Il y avait inscrit 18 buts et délivré 16 passes décisives l’année de son départ. À Monaco, il en est à trois pions et six passes décisives depuis l’an dernier. Trop peu. En rouge et noir ce vendredi soir contre la Suisse, le jeune Youri devra, une nouvelle fois, « exiler ses peurs et aller plus haut que ces montagnes de douleur » .
Par Anthony Audureau