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Young, la résurrection du mal-aimé

Par Romain Duchâteau
Young, la résurrection du mal-aimé

Ashley Young pose ses valises à Man United à l'été 2011, précédé d'une réputation d'ailier talentueux et virevoltant. Mais trop d'irrégularité, trop de simulations ont fini par écorner l'image de l'Anglais, au point qu'un oiseau lui défèque dessus en plein match. Agacé que tout le monde lui chie dessus, Young est enfin sorti de sa torpeur pour s'imposer comme l'une des plus grandes satisfactions mancuniennes de la saison.

Roy Hodgson avait pourtant fait le déplacement en personne. À Old Trafford, dimanche dernier à l’occasion de la rencontre de Premier League entre Manchester United et Tottenham, le sélectionneur des Three Lions a pu constater de ses propres yeux qu’Ashley Young n’était pas qu’un vestige du passé. De nouveau sémillant, tranchant et percutant sous la tunique des Red Devils, le joueur anglais a livré quatre-vingt-dix minutes pleines face aux Spurs. Insuffisant, toutefois, pour faire succomber le boss de la sélection. Andros Townsend, remplacé à la demi-heure de jeu par Mauricio Pochettino et devenu ordinaire depuis quelques mois, ainsi que Fabien Delph, en délicatesse tout comme sa formation d’Aston Villa cette saison, lui ont été préférés pour le match qualificatif pour l’Euro 2016 contre la Lituanie (vendredi 27 mars) et la rencontre amicale face à l’Italie (mercredi 1er avril). Une vraie injustice pour l’ancien feu follet qui n’a plus porté le maillot de son pays depuis septembre 2013. « Je croise les doigts, je pense pouvoir revenir en équipe nationale » , espérait-il pourtant, à juste titre, avant la liste dévoilée. Il en sera finalement autrement. Mais revoir son nom parmi les prétendants signifie déjà une récompense. Car, après deux années où tout le monde l’avait enterré, Young est revenu sur le devant de la scène. Et avec la manière, s’il vous plaît.

Simulations et salaire indécent

Comme dans toute nouvelle histoire, les premiers émois se veulent sous le signe de la passion et des plus belles promesses. Quand Ashley Young débarque à United à l’été 2011 contre 16 millions de livres, c’est accompagné d’une réputation flatteuse. Le gaillard formé à Watford vient de réaliser quatre saisons de très haute facture avec Aston Villa, statistiques à l’appui (37 buts et 53 passes décisives), ce qui fait de lui à l’époque le dixième meilleur passeur dans l’histoire de la Premier League, en 185 matchs. « C’était une solide recrue : anglais, polyvalent, pouvant travailler des deux côtés du terrain et jouer devant, avec des statistiques de buteur correctes, relate Sir Alex Ferguson dans son autobiographie. Ji-Sung Park arrivant à 31 ans et Ryan Giggs avançant en âge, j’ai estimé que c’était le bon moment pour le recruter. » Des qualités également corroborées par Gérard Houllier, qui a dirigé le Britannique lors de sa dernière saison chez les Villans (2010-2011) : « C’est un joueur avec une technique au-dessus de la moyenne et doté d’une grande compréhension du jeu. Surtout, il a cette caractéristique assez rare de pouvoir provoquer l’adversaire, l’éliminer et créer ainsi des déséquilibres dans la défense. Il a le talent pour créer des décalages, prendre l’espace. Je l’appréciais, car il avait une bonne liaison entre le milieu et l’attaque. »

Mais, après une première année convaincante avec les Red Devils (11 buts et 6 assists en 25 apparitions de championnat), la perception du sosie de Marlo Stanfield dans la série The Wire va radicalement changer. La faute à des prestations mitigées, mais, surtout, à des simulations grotesques et récurrentes sur les pelouses du Royaume. Dans son autobiographie, Fergie s’appesantit d’ailleurs sur cette tendance que son joueur avait de jouer les danseuses. « Ashley a connu des problèmes contre QPR lors de la saison 2011-2012. Shaun Derry a été expulsé et Ashley a été accusé d’avoir plongé, détaille-t-il. Je l’ai laissé de côté pour le match suivant et je lui ai dit que la dernière chose dont il avait besoin, en tant que joueur de Manchester United, c’était une réputation de footballeur qui tombait facilement. Il n’y avait pas penalty contre QPR. L’expulsion de Shaun Derry n’a pas été compensée. Ashley a fait cela deux semaines d’affilée, mais on y a mis fin. Je ne tolérais pas qu’un joueur se laisse tomber facilement. » Malgré la mise en garde du vieux briscard écossais, Young réitérera à maintes reprises. D’abord contre Aston Villa (15 avril 2012), puis ensuite face à Crystal Palace (14 septembre 2013) et à la Real Sociedad (5 octobre 2013). Alors qu’il était considéré comme l’un des meilleurs ailiers outre-Manche, il voit logiquement son statut s’ébrécher au fil du temps. Le gamin de Stevenage ne fait plus figure de titulaire régulier et essuie à foison les critiques des supporters qui lui demandent de justifier son salaire mirobolant (7,2 millions d’euros annuels, soit aujourd’hui le sixième meilleur salaire du club).

Vidéo

Van Gaal en patriarche sauveur et ambianceur du vestiaire

Tant de facteurs qui laissaient suggérer que son avenir ne devait plus s’écrire à Manchester United au terme de la cuvée 2013/2014. Mais Louis van Gaal a débarqué l’été dernier et remis les compteurs à zéro. Une chance inouïe pour Young qui ne va pas manquer cette opportunité de se mettre en évidence. « Quand le manager est arrivé, il a clairement expliqué ce qu’il voulait. On voulait tous se montrer, car c’était la pré-saison, avec un nouveau manager. Du coup, le point de départ, c’est que tout le monde voulait bien jouer » , a expliqué récemment sur le site officiel du club mancunien celui qui s’était fait déféquer dans la bouche par un oiseau lors du premier match de la saison contre Swansea. Totalement investi lors de la tournée américaine de pré-saison, l’Anglais, convaincant lors de ses apparitions, parvient à séduire le manager néerlandais. Ce dernier va, à l’instar d’Antonio Valencia, lui réserver un nouveau rôle dans son 3-5-2 (ou 3-1-4-2) mis en place : « Ashley Young est un ailier, mais il a le profil pour également jouerwing-back. Il fait ça très bien » . Même constat partagé par Gérard Houllier, lequel n’est pas surpris de son retour au premier plan. « Mentalement, c’est un mec très costaud, martèle-t-il. Il a du volume de jeu, cette capacité de pouvoir enchaîner les courses, de contrer, de revenir défendre. Il est très bon dans le couloir gauche, car il bosse. C’est un joueur très généreux dans l’effort, très discipliné et qui fait toujours le job très correctement. »

That time I went synchronised dancing with Welbz #tbt

Une photo publiée par Ashley Young (@youngy_18) le 19 Mars 2015 à 7h01 PDT

Alors que le peuple mancunien attendait ardemment Luke Shaw dans le couloir gauche, c’est finalement l’ex-Villan, que beaucoup avaient oublié, qui s’impose. Et si l’espoir anglais a grappillé du temps de jeu, c’est en grande partie parce que Young a été écarté des terrains à deux reprises cette saison à cause de blessures en septembre et janvier. Redevenu ce joueur incisif qui provoque, déborde et qui se dépense sans compter durant tout un match – même s’il n’utilise quasiment jamais son pied gauche et que son crochet extérieur est devenu prévisible –, l’international des Three Lions (30 capes) a gardé sa place de titulaire malgré le changement tactique opéré par Van Gaal depuis janvier dernier (retour de la défense à quatre). En tant qu’ailier gauche, il donne satisfaction, et son but à la 89e minute à St James’ Park, le 4 mars dernier, pourrait valoir cher pour United dans sa course au Big Four. « Je prends du plaisir, je joue toutes les semaines. En ce moment, tout va bien pour moi : je touche du bois » , se réjouissait-il il y a quelques jours. Une sérénité retrouvée qui découle aussi de sa personnalité très joviale. Facétieux, chambreur et sociable, Young a été promu DJ du vestiaire mancunien depuis le départ de Patrice Évra l’été dernier. « J’ai officiellement pris la place de Patrice Évra quand il est parti, mais j’aurais dû la prendre plus tôt, certains de ses choix étaient…, a-t-il lâché un brin moqueur, début février, lors d’une session de questions-réponses sur sa page Facebook. Depuis que je suis devenu le DJ du vestiaire, j’essaye de passer des choses variées qui plaisent à tout le monde, mais moi, je préfère le hip-hop, le R’n’B, la house et le reggae. » Avant d’aller défier Liverpool lors du derby le plus attendu d’Angleterre, le Red Devil de vingt-neuf ans pourrait alors avoir la bonne idée de remettre au goût du jour cet ancien tube dans le vestiaire visiteur d’Anfield : Forever Young.

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