Peut-on dire que le football fait partie de ta culture ?
Oui, le football et le rugby sont deux éléments importants de mon quotidien.
Normal pour un Écossais. Mais si tu devais choisir entre les deux ?
Défintivement le football. D’abord, parce que je trouve ce sport beaucoup plus technique et moins physique, et aussi parce que j’ai longtemps joué en club. J’avais un bon niveau d’ailleurs, mais je devais choisir entre le sport et les études. C’est compliqué comme choix, mais ma famille a préféré jouer la carte de la sécurité.
Ton meilleur souvenir, c’est quoi ?
Je devais avoir quatorze ans et on jouait la demi-finale de la Coupe d’Écosse. Comme on était les outsiders de la compétition, mon entraîneur n’arrêtait pas de hurler pendant le match. Il voulait nous motiver. Du coup, il me criait en permanence de courir, jusqu’à me rendre fou tellement il insistait. Je ne me souviens plus du nom de l’équipe adverse, mais le match était hyper serré. Le score était d’ailleurs de un partout à la fin du temps réglementaire. Alors qu’il ne reste que deux minutes dans le temps additionnel et que mon entraîneur continue de me gueuler dessus, j’obtiens un corner. Dans la surface, tout le monde se pousse, on dirait du rugby (rires). Et là, je marque un but qui, non seulement nous fait gagner le match, mais surtout nous envoie en finale. Bon, on finira par la perdre contre Aidrie United, mais la sensation de marquer un but décisif dans les dernières minutes d’un match aussi important est juste incroyable. Le moment où tu cours et que tu enlèves ton T-shirt en regardant ta mère dans les tribunes est merveilleux. Même dans la musique, on ne ressent pas cet effet-là.
Et le pire souvenir ?
À part le racisme dans les stades, je n’en ai pas vraiment. C’est vraiment dur d’essayer de contenir ta rage quand tu entends de tels propos. Mais bon, c’est pareil dans la vraie vie.
Le football est-il important à Edimbourgh ?
C’est le sport le plus important de la ville, avec le rugby. Même le stade a quelque chose de mythique.
De ton côté, tu es plutôt Hibernian, Celtic ou Rangers ?
Je pense que je vais dire le Celtic, même si c’est parfois frustrant de voir qu’il n’y a personne pour lutter avec eux. En revanche, ce qui est bien de la part de ce club, c’est qu’il a toujours cherché à mettre le football écossais en avant, à sortir des jeunes du centre de formation pour qu’ils puissent s’épanouir plutôt que d’acheter des noms plus connus. C’était déjà le cas quand les Rangers était en première division. On n’est pas du tout dans la même optique qu’en Premier league.
Justement, tu penses quoi du championnat anglais, qui est plus rythmé et plus spectaculaire que le championnat écossais ?
C’est tout simplement le meilleur au monde ! Ils ont les meilleures équipes, les meilleurs joueurs et, comme tu le dis, le meilleur football. C’est compliqué de s’ennuyer devant un match de Premier League.
L’Écosse ne sera pas au Brésil cet été. Comment vivez-vous ça dans le groupe ?
(Blasé) Ça fait un peu chier, mais c’est normal quand on y réfléchit : ce n’est qu’un petit pays avec des joueurs assez moyens, c’est donc plutôt compliqué d’espérer mieux. Avant même d’entamer les phases de qualification, on sait qu’il y a peu de chances.
Tu es un peu dur avec ta sélection, non ?
Non, c’est la réalité. Je pense que nous avons pas mal de talents et que nous pourrions éventuellement faire mieux si les joueurs ne partaient pas rapidement en Angleterre. À l’inverse de l’Espagne ou de l’Allemagne, la majorité des joueurs quittent l’Écosse rapidement. Même les joueurs du Celtic finissent par partir à l’étranger un jour ou l’autre, et peu importe si c’est dans un plus petit club, du moment que c’est dans un plus grand championnat. Le système n’est pas juste.
Tu ne penses que la tactique mise en place par Gordon Strachan handicape l’équipe ?
Si, totalement. On est une équipe plutôt jeune, qui a envie de jouer au ballon et qui aime le jeu. Malheureusement, on pense que le football écossais se doit de jouer physique, d’imposer des duels rugueux. C’est vrai qu’historiquement, l’Écosse est certainement l’un des footballs les plus durs physiquement, mais il ne faut pas interdire aux jeunes joueurs de s’exprimer et de préférer le jeu en passes. D’autant que n’importe qui peut jouer à la dure, il suffit d’avoir les joueurs adaptés. C’est notamment pour ça qu’il faut changer de tactique. Mais c’est une raison parmi tant d’autres.
Le style musical de Young Fathers est plutôt hors-norme. Tu penses qu’un footballeur peut l’être aujourd’hui ?
Je pense que Ronaldo est transgressif à sa manière. On a l’impression que tout ce qu’il veut faire, il le fait. Et peu importe ce que les gens peuvent penser de son comportement. Ça rejoint un peu ce que je disais sur la sélection écossaise : aujourd’hui, on nous apprend à garder le ballon, à respecter les règles, Ronaldo refuse ça !
Le magazine américain The Fader a comparé vos concerts à « un rassemblement de footballeurs révoltés » . L’énergie d’un match de foot, c’est important pour vous ?
Ça dépend de quelle énergie on parle, parce que les supporters peuvent parfois être très violents entre eux. Et puis, les joueurs n’ont logiquement pas le droit de faire l’amour la veille d’un match pour ne pas perdre un peu de leur énergie, justement. Je ne peux pas m’imaginer faire ça pour mes concerts (rires) !
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