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Yohann Thuram-Kévin Fortuné : « Dommage que la Gold Cup ne soit pas médiatisée »

Propos recueillis par Aurélien Bayard
Yohann Thuram-Kévin Fortuné : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Dommage que la Gold Cup ne soit pas médiatisée<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Cet été, il n’y avait pas que l’équipe de France qui disputait une compétition internationale. Deux autres entités affiliées à la FFF, la Guadeloupe et la Martinique, ont en effet représenté fièrement les couleurs tricolores aux États-Unis durant la Gold Cup. Pour découvrir ce tournoi regroupant les sélections d’Amérique centrale, du Nord et des Caraïbes, le Gwada Boy Yohann Thuram-Ulien et le Matinino Kévin Fortuné racontent leur aventure.

Comment cette compétition est-elle suivie, aux USA ?Yohann Thuram-Ulien : L’ambiance est vraiment extraordinaire. Dommage que la Gold Cup ne soit pas assez médiatisée, car les téléspectateurs découvriraient une compétition qui n’a rien à envier à l’Euro par exemple. Les stades sont pleins et dans les rues, tu peux croiser énormément de supporters des autres nations.Kévin Fortuné : Cet engouement est beaucoup lié à la forte diaspora qu’il y a sur le territoire américain. Ils sont vraiment à fond derrière leurs équipes, mais ils s’intéressent également aux autres nations. Quand nous nous baladions avec nos badges de la Martinique, ils nous interpellaient pour nous dire qu’ils allaient nous voir au stade. Nous avons même joué à guichet fermé contre les États-Unis, alors qu’ils pouvaient très bien se dire que ce n’était que la Martinique en face.

La quasi-totalité de la Martinique suivait la Gold Cup.

Et il y avait le même engouement, en Martinique ou en Guadeloupe ?Yohann Thuram-Ulien : À n’en pas douter. Déjà, après notre qualification face au Guatemala, nous avons reçu beaucoup de messages de remerciements. Cela a donné un peu de sourire et du baume au cœur à tous les Guadeloupéens et Guadeloupéennes qui en avaient bien besoin, après l’année qui vient de se dérouler.Kévin Fortuné : La quasi-totalité de la Martinique suivait la Gold Cup, grâce à la chaîne Martinique La Première. Nous avons même eu la chance de croiser une dizaine de supporters martiniquais, car ils vivaient sur place (les autorités américaines n’autorisaient pas les Français à venir, NDLR).

Quelle est l’importance de ce tournoi, pour ces deux îles ?Yohann Thuram-Ulien : Dix ans après notre dernière participation, il fallait montrer que nous ne volions la place de personne. Que la Guadeloupe, ce n’est pas que la plage et les cocotiers. De ce point de vue, je pense que nous n’avons pas à rougir de nos prestations. En tout cas, à la fin de chaque match, nos adversaires sont venus nous voir pour nous féliciter. Ils n’imaginaient pas un instant qu’il y avait autant de qualité et de caractère, dans notre petite sélection. J’espère que nos performances ont été scrutées par les clubs de L1 ou L2, et qu’ils vont laisser plus de joueurs guadeloupéens participer à cette compétition ainsi qu’aux rassemblements.Kévin Fortuné : Comme nous jouons régulièrement la Gold Cup, nous sommes une équipe très respectée et les équipes adverses visionnent nos matchs pour analyser nos faiblesses. Alors, le plus important est pour les joueurs locaux. Si nous, les pro (il y avait quatre joueurs professionnels : Kévin Fortuné, Patrick Burner, Emmanuel Rivière et Jean-Sylvain Babin, NDLR), nous mettons nos coéquipiers amateurs dans les meilleures conditions, ils peuvent obtenir des essais en MLS. C’est ce qu’il s’était passé pour Kevin Parsemain et Jordy Delem avec Seattle Sounders, par exemple.

À l’instar de Yohann, j’ai ressenti énormément de fierté.

Parlez maintenant un peu de vous, qu’est-ce que cela vous a fait de participer à cette compétition internationale ?Yohann Thuram-Ulien : C’est toujours une fierté de jouer avec les Gwada Boys, puisque c’est grâce aux sélections jeunes de la Guadeloupe que j’ai pu être repéré à l’AS Monaco. Après, faire ce tournoi, c’est quelque chose de grandiose. Tu touches le haut niveau de très près, quand même. Les gens ne l’imaginent pas, mais la Gold Cup est une très grosse compétition. Kévin Fortuné : À l’instar de Yohann, j’ai ressenti énormément de fierté. Je considère ma petite île comme mon pays et même si c’est ma deuxième Gold Cup, je suis toujours très excité de jouer ce tournoi avec eux.

À défaut de la coupe, vous allez ramener quel souvenir à la maison ?Yohann Thuram-Ulien : J’ai pris beaucoup de plaisir à disputer la phase de groupes, mais mon plus gros souvenir restera le match de qualification contre le Guatemala. Au niveau émotion, c’est le paroxysme. Avec une séance de tirs au but où j’ai dû tirer durant la mort subite, le gardien guatémaltèque ayant marqué et l’élimination arrivant si je ratais. Heureusement que je l’ai mis !Kévin Fortuné : Tout d’abord, rejouer dans les stades pleins car cela nous avait manqué. Ensuite, j’ai pu jouer cette compétition avec mon cousin Daniel Hérelle pour qui c’était la dernière. Enfin, mon but face à Haïti puisque c’était la 1000e réalisation d’une Gold Cup. D’ailleurs, plein de médias américains sont venus me voir pour m’interviewer et je n’avais absolument pas compris pourquoi car nous venions de perdre.

Évidemment, nous avons tous envie de revivre ces moments-là.

Forcément, vous avez envie de participer à la prochaine qui se tiendra dans deux ans ?Yohann Thuram-Ulien : Évidemment, nous avons tous envie de revivre ces moments-là. Après, j’aurai 35 ans et je me demande dans quelle condition physique je serai. Mais maintenant que nous avons fait notre retour, nous avons envie d’enchaîner et je fais confiance à notre coach Jocelyn Angloma. Sans dénigrer les anciens sélectionneurs, il a apporté de la rigueur et du professionnalisme issues de son expérience internationale. Il va falloir lui donner les outils pour qu’il puisse continuer à bosser comme il le faut.Kévin Fortuné : Ce serait un grand kiff, déjà pour montrer un meilleur visage de la Martinique. Cela fait deux éditions de suite que nous tombons dans le groupe de la mort. En plus, ce tournoi est de plus en plus intéressant et les grosses nations ne sont plus là pour rigoler. Par exemple, tu vois que les USA sont déjà au travail pour réaliser une belle performance en 2026.

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