S’abonner au mag
  • Français de l'étranger
  • Pays-Bas

Yoann de Boer : « On me surnomme Chabal pour ma barbe »

Propos recueillis par Matthieu Rostac
Yoann de Boer : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>On me surnomme Chabal pour ma barbe<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

À 32 ans, le milieu défensif Yoann de Boer possède une particularité : être le seul Français à avoir fait toute sa carrière aux Pays-Bas. En Eerste Divisie, précisément. Désormais capitaine du Fortuna Sittard, ce natif de Marseille à l'accent encore chantant évoque sa vie néerlandaise, son amour pour la cité phocéenne et... un surnom assez surprenant.

Avec un nom pareil, t’étais destiné à jouer aux Pays-Bas.

Mon père est hollandais, en fait. Moi, je suis né à Marseille, j’ai grandi là-bas et pour des raisons familiales, on est tous partis en Hollande quand j’avais 15 ans. Je jouais en équipes de jeunes à l’Olympique de Marseille, donc quand je suis arrivé sur place, j’ai continué dans un centre de formation. Enfin non. Parce que je ne parlais pas un mot de néerlandais, j’ai commencé dans un club amateur, Boxtel, pendant un an et demi pour m’habituer au langage, au pays, etc. Surtout parce que je me suis concentré sur les études avant tout. À un moment, même si je jouais en équipe première à 16 ans, ça me grattait trop, j’avais envie de jouer à nouveau à un niveau approprié. J’ai fait quelques stages dans des clubs pros, dont le PSV Eindhoven, Willem II et FC Den Bosch. À la fin, deux étaient intéressés et j’ai choisi Willem II parce qu’ils me proposaient les études à côté. La combinaison des deux était plus facile là-bas. J’ai fait deux ans de centre de formation et un an de CFA. Ils ne m’ont pas gardé, donc je suis parti au FC Eindhoven et après un an de CFA, j’ai signé mon premier contrat pro.

Tu as fait toute ta carrière en Eerste Divisie : t’as jamais eu de touches ailleurs ? En Eredivisie, par exemple ?

Si, j’ai eu des opportunités quand j’avais 24 ans. Un club qui jouait la montée en Eredivisie, le FC Den Bosch, voulait me signer et dès le mercato d’hiver, ils avaient pris des renseignements. Donc j’ai signé avec eux avant même la fin de la saison. Ils avaient de fortes chances de montée, mais finalement, non. J’ai signé quand même. J’avais aussi quelques opportunités pour rentrer en France dans des clubs de Ligue 2, dans la région de Marseille : Arles et Istres. Mon ex-petite amie habitait là-bas, mais j’ai fait le choix de rester ici. C’est plus les aléas de la vie qui m’auraient poussé à le faire, mais pas forcément le sportif. Et je n’ai pas du tout de regrets. En plus, Arles et Istres, actuellement, c’est pas la joie ! (rires)

Quel est le niveau de l’Eerste Divisie ?

Je ne pourrais pas te dire exactement parce que je n’ai jamais joué contre des clubs de Ligue 2 française, par exemple. C’est un style de football très différent, qui s’appuie forcément sur les fondamentaux du football hollandais. On part d’une grosse base technique, d’une possession de balle. Même en Eerste Divisie, les équipes savent jouer au ballon. Sur un match, si tu fais jouer une équipe de Eerste Divisie contre une équipe de Ligue 2, elle va peut-être perdre au physique, mais les équipes qu’on trouve dans le haut de tableau ont largement le niveau Ligue 2, je pense. Le niveau est bon, les stades sont là. Si on compare à la deuxième division belge, on est largement au-dessus. Si tu prends l’exemple de l’Eredivisie, on a l’impression que c’est un championnat assez faible alors que beaucoup de joueurs en sortent et signent dans des grands clubs. Toivonen, qui était sur le banc au PSV, c’est un des meilleurs joueurs de Rennes en ce moment. Pareil pour Dries Mertens qui est super bon à Naples.

Donc le championnat est sous-coté ?

Il manque le côté physique. Mais la base technique est là. C’est un très bon parcours de formation pour les jeunes, le championnat hollandais. La technique, c’est toujours plus dur à acquérir que le physique. Tu vas en salle de sport et en quelques mois, tu y es. La technique, c’est une mentalité. Ça a toujours été comme ça : si on fait tourner le ballon, on se fatigue moins. C’est l’idée développée par Cruyff au Barça et qui est toujours en place actuellement.

Et toi, dans ce championnat très technique, tu fais 1m85 pour 84kg…

(rires) Attends, j’ai pas toujours été comme ça. D’ailleurs, à l’OM, j’ai toujours été considéré comme un petit ! J’ai grandi à partir de mes 19, 20 ans. Encore une fois, si on compare entre la France et les Pays-Bas, la Ligue 2 est super physique et assez peu technique. Donc disons que j’ai eu la chance d’avoir cette formation technique à la hollandaise et le côté physique naturel. Bon, maintenant, c’est un peu plus handicapant à 32 ans quand je joue contre des petits jeunes. Mais à mon âge, tu joues les matchs à l’expérience parce que t’es plus lent.

C’est pour ça qu’on t’a surnommé Chabal, d’ailleurs ?

Non, pas du tout, c’est pour ma barbe ! (rires) Mais ça, ça a commencé il y a sept-huit ans, ce truc… Bon, c’est vrai, j’avais un peu la carrure. Et puis, sur le terrain, je suis un teigneux : je cours partout, j’ai pas peur des duels, etc. Mais c’est l’affaire d’un supporter du FC Eindhoven.

Un seul supporter ?

Ah oui oui, je crois qu’il est tout seul. Il a dû écrire l’article sur Wikipedia et depuis, c’est resté. J’ai deux ou trois coéquipiers qui m’appellent comme ça, mais ça reste rare. C’est pas vraiment mon surnom, quoi.

T’as côtoyé des grands noms du football hollandais dans ta carrière ?

Comme le championnat est petit et que la majorité des grands joueurs y passent, j’en ai rencontré beaucoup en coupe ou en juniors, ouais. Van der Vaart, Sneijder, Huntelaar… Quasiment tout le monde, quoi. Au Fortuna Sittard, l’année dernière, il y avait Fernando Ricksen, l’ancien des Glasgow Rangers. C’est l’enfant du club et il est venu finir sa carrière ici pendant deux ans. Récemment, Mark van Bommel s’est entraîné quelques fois avec nous. Mais c’était juste pour rester en forme parce qu’il passe ses diplômes d’entraîneur.

Toi qui vis aux Pays-Bas depuis presque vingt ans maintenant, c’est comment ?

Bah… je viens du Sud de la France, hein, donc forcément, on va parler du beau temps ! (rires) C’est sûr que ça nous manque un peu. Mais en ce moment, ça va, on n’a pas à se plaindre. La Provence, c’est un des plus beaux paysages du monde. Donc ça a été compliqué au début, mais je m’y suis fait. Après, les Pays-Bas, c’est beaucoup plus calme. Même dans les grandes villes – Amsterdam, Rotterdam, Utrecht – c’est moins stressant. Marseille, ça va à mille à l’heure. Et puis bon, Marseille, de l’extérieur, on en entend beaucoup parler.

Qu’est-ce que t’entends par là ?

Je me tiens au courant par la famille, les amis, et par exemple, les règlements de compte, la montée du FN, c’est dur à voir. Après, on voit ça au travers des médias, donc on ne peut pas vraiment savoir ce que ressentent les gens. Mais je sens que c’est plus difficile qu’avant. Mon cœur est toujours français. Chez moi, c’est la télé française qui est allumée. Donc je prends la vie néerlandaise et la mentalité française.

Tu vis à Tilburg dans le Noord-Brabant. Une région pas forcément réputée pour sa finesse. C’est vrai ?

Non, c’est surtout des bons vivants. Mais on dit ça « au-dessus des rivières » – parce qu’une rivière coupe le Nord du Sud. On dit ça à Amsterdam, Utrecht. Le Brabant et le Limburg, c’est des bouseux pour les gens au-dessus des rivières. Alors qu’Eindhoven, c’est une ville très hi-tech, étudiante, très axée sur les arts aussi. Même Den Bosch, c’est très bien.

Les films New Kids n’ont pas aidé, non plus…

C’est vrai ! C’est comme les Ch’tis à Mykonos ou les Marseillais à Miami : on prend le stéréotype du Marseillais kéké et on croit que c’est comme ça. C’est trop facile, on stigmatise les gens. Il y en a, bien sûr. Mais c’est une petite partie. C’est comme dire que tous les supporters de l’OM sont des hooligans.

Quand on tape ton nom dans Google, on tombe sur un Soundcloud d’instrus. C’est le tien ?

C’est le mien, oui. La musique, c’est ma deuxième passion. Un hobby qui me permet d’évacuer et de ne pas penser qu’au football. J’ai du matos à la maison pour le faire, mais bon, la priorité, c’est le bébé qui arrive bientôt, le football et ensuite, la musique. J’envisagerais peut-être de me reconvertir là-dedans. Mais pour ça, il faudrait que je m’y mette à 100%.

Dernière question : pour le Mondial, tu supporteras qui ? La France ou les Pays-Bas ?

Haha ! Il n’y a qu’une seule certitude, c’est que j’ai toujours été pour la France. Je peux même te dire que j’ai vécu parfois des grands moments de solitude. Je me rappelle qu’à l’Euro 2000, j’étais tout seul dans mon coin devant un petit poste de télé, alors que le reste de la famille était en orange. Supporter de la France, même dans les mauvais moments. Je suis français, j’ai fait mon choix, pas toujours pour le meilleur, et je ne vais pas retourner ma veste. En revanche, mes deux petits frères ont un peu le cul entre deux chaises. Ils savent pas trop. C’est compliqué pour eux ! (rires)
Brest, petit poisson dans l'océan de la Youth League

Propos recueillis par Matthieu Rostac

À lire aussi
Articles en tendances
05
Revivez Montpellier-Marseille (0-5)
  • Ligue 1
  • J8
  • Montpellier-OM (0-5)
Revivez Montpellier-Marseille (0-5)

Revivez Montpellier-Marseille (0-5)

Revivez Montpellier-Marseille (0-5)
42
Revivez la victoire du PSG contre Strasbourg  (4-2)
  • Ligue 1
  • J8
  • PSG-Strasbourg
Revivez la victoire du PSG contre Strasbourg (4-2)

Revivez la victoire du PSG contre Strasbourg (4-2)

Revivez la victoire du PSG contre Strasbourg (4-2)

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Dernières actus

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine