La montée en Ligue 1 avec Troyes la saison passée, c’est le moment le plus fort de ta carrière pour le moment ?
Oui, même s’il y a aussi la signature de mon premier contrat pro avec Sedan en 2010, c’était un moment important déjà. Mais monter en Ligue 1 avec Troyes, c’était toucher à l’un de mes rêves de footballeur. C’est le moment que je retiens comme le meilleur de ma carrière jusqu’à présent. Sur la fin de saison, on gagnait les matchs à la dernière minute, sans prendre de but, je me disais : « Ça y est, c’est sûr, on va monter. » À chaque fois, je sentais que cela se rapprochait, la victoire à Dijon a été un déclic pour moi, j’ai réalisé qu’on allait le faire.
Quand la montée a été validée, as-tu pensé au fait que tu allais jouer contre Lyon ?
Franchement, sur le coup, je n’y ai pas pensé, car je voulais profiter de l’instant, c’est tellement rare de vivre ça dans une vie de footballeur. C’est sûr qu’en début de saison, j’y ai pensé. Jouer contre Lyon, c’est important pour moi, car c’est grâce à ce club que je suis professionnel, ils m’ont bien formé, j’ai appris beaucoup à Lyon. Bien sûr, j’ai un peu de haine par rapport au fait de ne pas avoir signé là-bas, car j’aurais aimé rester à Lyon.
À Lyon, où tu as été formé, Claude Puel te jugeait trop irrégulier pour te donner un contrat pro. Quel regard portes-tu sur ce premier tournant dans ta carrière ?
J’avais fait un bon début de saison 2009-2010 avec la réserve, puis de janvier à mars, j’ai eu un passage à vide. C’est à partir de là que mon cas a divisé : certains voulaient que je passe pro, Claude Puel, lui, n’était pas d’accord. Je l’ai encore en travers de la gorge, quand on a joué contre Nice, j’étais motivé pour lui montrer qu’il s’est trompé. En revanche, je n’en veux pas à Lyon, car c’est le club qui m’a formé.
Tu as une rancune envers l’homme Claude Puel mais pas l’institution Olympique lyonnais ?
C’est ça. Il m’avait dit que j’avais fait une bonne saison, on m’avait plus ou moins laissé entendre que j’avais fait le nécessaire, que c’était plus la tendance à signer que ne pas signer… C’est Claude Puel qui a pris la décision finale, et aujourd’hui, je veux qu’il comprenne qu’il s’est trompé.
Tu quittes l’OL quand Yoann Gourcuff y signe, et que le club compte pas mal de milieux offensifs avec Grenier, Ederson, Pjanić…
C’est sûr que l’horizon était un peu bouché pour apparaître en équipe première, mais faire partie du groupe et m’entraîner avec des joueurs de ce niveau, cela m’aurait fait progresser. J’ai appris beaucoup de choses à chaque fois que je montais chez les pros pour l’entraînement.
Te retrouver sans contrat à Lyon, cela a dû être compliqué à gérer sur le plan humain…
Complètement, car là, on se dit que tous les sacrifices et efforts depuis petit sont vains. Du coup, on se dit que le football, c’est quasiment fini. Cela m’a mis un coup au moral, mais j’ai eu la chance d’avoir un essai à Sedan très rapidement, un essai qui s’est bien passé et a débouché sur un premier contrat pro. Je n’ai pas eu à entamer des procédures comme m’inscrire au Pôle Emploi, car Sedan m’a appelé juste après que j’ai appris que Lyon n’allait pas me garder. Et cet essai, les dirigeants sedanais m’avaient fait comprendre que c’était plus une visite des installations, car ils avaient déjà pris la décision de me faire signer. Pour eux, c’était fait, même si moi, je n’ai pas été rassuré avant que cela ne soit signé. Lossémy Karaboué et Pierrick Valdivia, eux aussi formés à Lyon, avaient parlé de moi.
Quels souvenirs gardes-tu de ta formation lyonnaise ? Qui étaient tes potes, tes mentors ?
J’ai bien aimé M. Armand, qui gérait les U16. J’ai bien aimé aussi MM. Paillot et Valette, deux coachs différents, mais très bosseurs, qui nous font grandir. J’avais aussi des potes en formation, des gars venant d’Avignon comme moi, genre Maxime Blanc. Je ne sais pas si c’est une garantie qualité, mais sortir du centre de formation lyonnais, cela signifie quelque chose dans le milieu du foot. Tous les mecs avec qui j’ai été formé, ce ne sont pas des « tricheurs » , mais de gros bosseurs.
Tu gardes une affinité par rapport à Lyon ?
Aujourd’hui, je supporte Troyes, mon équipe. Je regarde les matchs de Lyon, mais je ne suis pas supporter de l’équipe. J’ai gardé un beau souvenir, notamment des victoires en championnat de France amateur, mais j’ai tourné la page.
Toi l’enfant du Vaucluse, tu dois partir encore plus au nord en 2010, dans les Ardennes, pour te faire un nom en Ligue 2 avec Sedan…
(Rires) Au début, je ne savais pas qu’il faisait si froid. On ne va pas dans un club pour le climat, mais pour des objectifs sportifs, mais c’est vrai que cela m’a fait un choc. Surtout le premier hiver, il neigeait et je n’avais pas les vêtements adéquats, donc j’ai vite dû aller m’acheter ce qu’il fallait. Quand on a fait Sedan, on peut tout faire. Sur place néanmoins, j’ai été super bien accueilli, que ce soit par le club ou les supporters. Je suis encore leurs résultats, je m’intéresse à eux, je suis même allé les voir jouer il y a deux ans. C’est un club qui m’a beaucoup aidé et que j’ai quitté à cause de leurs soucis financiers. Je suis content qu’ils soient montés deux fois d’affilée et se retrouvent en National. C’est un club où les gens ne pensent qu’au football, car il n’y a que ça. J’espère vite les revoir en Ligue 2, voire en Ligue 1, pourquoi pas…
C’est grâce à tes performances en Ligue 2 que tu disputes le Tournoi de Toulon 2011, où les Bleuets échouent en finale contre la Colombie. C’est un sommet de ta carrière ?
En fait, la première partie de saison, j’ai fait quelques apparitions, mais c’est à partir de janvier que le coach m’a mis titulaire et j’ai commencé à marquer et faire des passes décisives, à être régulier. Du coup, Pierre Mankowski m’a sélectionné avec l’équipe de France espoirs. C’était du bonheur, car j’en rêvais, mais c’était plus une récompense qu’un objectif. Les efforts ont payé, cela voulait dire ça. Mais je ne me suis pas enflammé, car je sais que j’ai encore beaucoup de boulot et de paliers à franchir. L’autre récompense, cela a été de signer à Troyes et de monter en Ligue 1, mais je sais que je dois encore beaucoup apprendre.
En 2013, tu as quitté le club qui était dans de grandes difficultés financières, cela doit être compliqué de jouer pour une institution qui vacille ?
Je me suis arrangé avec Sedan, je suis resté jusqu’à la fin et la nouvelle saison. Il n’y avait plus que 7 joueurs pros, le reste c’étaient des jeunes. J’ai appris que le club déposait le bilan, et donc on s’est quittés à l’amiable. Mais partir de Sedan, c’était quand même un pincement au cœur, car je suis attaché au club.
En 2012, tu as été diagnostiqué diabétique de type 1…
C’est ça. Je me suis dit que du coup, le football, c’était fini. Je devais rester au repos complet pendant deux mois, faire attention à ne pas être en hauteur, car je pouvais faire des malaises. Si je n’arrivais pas à gérer cela, ma carrière serait terminée. Du coup, je me suis focalisé pendant deux mois sur mon diabète, j’ai passé une semaine à l’hôpital pour tout apprendre sur la maladie. Maintenant, ça va, j’arrive bien à gérer, c’est comme un rituel. On m’a posé plein de questions, mais on ne sait pas pourquoi je suis devenu diabétique, parfois, cela se déclenche visiblement sans raison. Je n’avais pas de souci d’alimentation ni problème de poids. Quand j’ai déclenché la maladie, j’ai perdu 7 kilos en un mois, je buvais beaucoup d’eau… Je suis parti faire une prise de sang et voilà…
Comment le médecin t’a annoncé le truc ?
Un premier médecin m’a expliqué que mon taux de sucre était trop haut, donc on m’a envoyé voir un diabétologue à Reims qui m’a dit : « Monsieur, vous avez du diabète. » C’est comme un coup de poing, je me suis dit : « Comment je vais faire pour le foot ? »
Et justement, comment on gère une carrière de footballeur quand on a du diabète ?
Déjà, je dois faire attention à ne pas oublier mon matériel, sinon, je ne peux pas jouer. J’ai un petit lecteur pour contrôler ma glycémie. Je me fais une piqûre au doigt, je contrôle avec une bandelette, et après le lecteur me donne mon taux. Selon mon état, je me pique avant ou après le repas, et selon mon taux de sucre, je me fais la dose qui convient en insuline. J’ai appris à gérer en cinq-six mois, à prendre note de tout ce que je mangeais, notamment en sucres. Au début, ce n’était pas évident. Niveau alimentation, j’évite les boissons sucrées, je ne bois que de l’eau, ce qui n’est pas plus mal par exemple.
Au niveau du club, cela ne devait pas être un problème, mais avec les autres joueurs, tu ne peux pas trop « profiter » autour d’une bière par exemple ?
Oui, mais les joueurs sont au courant, même si au départ cela intrigue. Cela m’arrive de faire quelques excès, mais je dois être modéré, faire attention. Désormais, le diabète ne me perturbe pas plus que cela, même si niveau bouffe c’est ultra-contraignant. Déjà, les desserts c’est fini, je prends des fruits. En gros, moi qui suis gourmand, je dois me priver. Avant d’être diagnostiqué diabétique, j’aimais les desserts, j’ai dû me calmer. Le diabète m’a poussé à mieux manger et à avoir une alimentation saine. Un peu comme quelqu’un intolérant au gluten et qui doit faire gaffe à tout.
Ton cas est assez exemplaire : tu es malade, mais continue une carrière au haut niveau. J’imagine que l’on t’a sollicité pour participer à des conférences ?
À Sedan, il y avait une association de diabétiques qui m’a demandé de les rencontrer. Pour moi, c’était avec plaisir, car cela fait du bien de parler avec des gens qui ont la même maladie. Je leur ai dit qu’il y avait plus grave que d’avoir le diabète dans la vie, qu’il fallait juste faire attention. La vie ne s’arrête pas là, cela continue.
Un dernier mot : en juin 2015, tu as été épinglé comme 14 autres joueurs pour non-respect de l’interdiction de paris sportifs. J’imagine que cela t’a fait passer l’envie de parier ?
J’avais joué avec un collègue, mais c’était ma carte bancaire, donc c’est mon nom qui est tombé. Je ne savais pas qu’on n’avait pas le droit de parier. Du coup maintenant, c’est fini, je sais que je ne dois plus jouer. Rien de grave, j’ai juste eu du sursis et je sais que je ne peux pas parier sur un match. Si je l’avais su à l’époque, je ne l’aurais pas fait. On a vraiment été informé quand cela a pris de l’ampleur à cause de l’affaire sur les handballeurs de Montpellier. C’était une erreur bête, et je savais que je ne risquais trop rien. Un match de Coupe de France, je ne me souviens même plus lequel.
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