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Yoan Severin : « Et là, la Juventus m’invite au restaurant »

Propos recueillis par Timothé Crépin

Obligé de passer les barrages pour disputer la Ligue Conférence, Chelsea se rend à Genève ce jeudi soir avec deux buts d’avance. Mais attention à Yoan Severin et à Servette. Le défenseur français, passé par l’OL et la Juventus, s’épanouit en Suisse. Entretien.

Yoan Severin : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Et là, la Juventus m’invite au restaurant<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Yoan, au match aller, à Stamford Bridge, le raté grossier de Marc Guiu a fait le tour du monde. Avoue, tu l’aurais mis, toi…

Je pense qu’il y est allé un peu en dilettante. Il ne pensait pas que le gardien allait revenir aussi rapidement. Il a été surpris. Je pense que je l’aurais mis, quand même.

Raconte-nous l’action. Chelsea mène 1-0 à ce moment-là.

Je me dis qu’il va marquer ! Il a un temps d’avance énorme. J’ai vraiment l’impression qu’il y va en se disant que le gardien ne reviendra pas et qu’il a le temps. Notre gardien fait deux parades d’affilée.

Et toi, tu sauves la baraque derrière.

Oui, sur son troisième tir.

0-2 à l’aller : exploit possible ce soir ?

Tout est encore ouvert. On a des petits regrets. On fait un bon match. Jouer à Stamford Bridge, ce n’est pas évident, surtout avec les très grands joueurs qu’il y a en face. On est très costaud en première période. On ne parvient pas à marquer ce but. On a les occasions, surtout en fin de match. On prend aussi un penalty évitable. Tout est possible, même si on est conscient que c’est compliqué. Mais si on a la chance d’ouvrir le score…

 

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Pour faire ton CV rapidement, tu as 27 ans, tu n’as pas été conservé par l’OL à 15 ans, recruté par la Juventus, sans y jouer chez les pros. Tu connais l’équipe de France U20, puis tentes la Belgique à Zulte-Waregem. Tu es à Servette depuis 2018 : comment tu regardes ta carrière aujourd’hui ?

Je ne regrette pas. Il y a eu des hauts et des bas. Mon expérience à la Juve m’a beaucoup servi, surtout à cet âge où je signe (17 ans). J’arrive dans l’un des plus grands clubs au monde, avec une certaine exigence. J’ai eu un moment plus compliqué en Belgique, ça fait partie d’une carrière. Je n’ai pas eu le temps de jeu espéré. Avec le coach, ça ne se passait pas super bien, notamment sur le plan humain. Tout ça m’a servi. À Genève, j’ai commencé latéral gauche, poste qui n’est pas le mien. Cela a pris un peu de temps avant que le coach de l’époque me mette enfin au centre pour m’épanouir.

Lors d’une réunion en fin de saison avec mon père, on m’annonce que c’est terminé avec l’OL. Ce n’est jamais évident à cet âge, surtout que Lyon, c’est mon club de cœur, là où je suis né.

Te souviens-tu du jour où l’OL te dit que c’est fini ?

Oui. Une réunion de fin de saison avec mon père. On m’annonce que c’est terminé. Ce n’est jamais évident à cet âge, surtout que Lyon, c’est mon club de cœur, là où je suis né. Je ne m’étais pas encore imaginé un autre métier. L’opportunité d’Évian Thonon Gaillard est arrivée assez rapidement. Je n’ai pas eu le temps de me poser un million de questions. J’ai signé un mois après.

Ton père a toujours été proche de toi : te rappelles-tu ses mots ?

Il était déçu pour moi. Il m’a dit qu’il n’y avait pas que l’OL dans la vie. Ce sont les aléas d’une carrière et d’une vie. Il était déjà au courant de l’intérêt d’Évian. Mais ses mots m’ont rassuré, et il a eu raison. Je n’avais fait qu’une saison à Lyon, avec six premiers mois où ça se passait super bien. En janvier, je n’arrivais plus à enchaîner, je ne retrouvais plus cette confiance. Donc, quelque part, je m’y étais un peu préparé. Même si je ne m’étais pas fait à l’idée qu’ils allaient me l’annoncer.

L’anecdote, c’est que tu refuses d’abord une première fois la Juventus.

Je n’étais pas encore prêt. J’avais commencé ma saison en U17 à Évian. Je ne me voyais pas quitter le club en milieu de préparation. Intérieurement, je n’étais pas encore prêt à quitter la France. Six mois ont passé. Ils sont revenus en décembre. Et je me sentais bien plus prêt à franchir ce palier. La Juve, je ne m’y attendais pas du tout. Je sors d’un entraînement. Mon père m’appelle : « Fiston, la Juventus est intéressée par toi. » Au début, je lui réponds : « Papa, ne dis pas de conneries. » Une semaine après, on a un match amical contre Annecy, et ils sont là, avec le costume de la Juve. Ils nous invitent à manger au restaurant pour nous expliquer et présenter le projet. C’est dur à réaliser ! Sans manquer de respect à Évian Thonon Gaillard, club très jeune à l’époque, le fait que la Juve s’intéresse à moi, c’était incroyable. Même mes potes, contents pour moi d’abord, se demandaient : « Mais comment c’est possible qu’ils viennent déjà observer un joueur d’Évian ? »

Pas de match officiel avec la Vieille Dame, mais une convocation dans le groupe pour un match de Ligue des champions… face à l’OL : tu t’en souviens ?

Le destin fait bien les choses… Mon entraîneur, c’était Fabio Grosso. Il me dit que le coach Massimiliano Allegri va venir me dire quelque chose. Il me convoque. Je m’étais dit que c’était pour l’entraînement de veille de match. Giorgio Chiellini était absent. Il me dit que je ferai le déplacement avec eux. Une énorme fierté, à Lyon ! Ma famille était venue. C’était incroyable. C’était la grande Juventus, avec de grandes stars.

 

Quel coéquipier t’a le plus choqué à l’entraînement ?

S’il y en a deux à citer : Paul Pogba et Paulo Dybala. Dybala, son pied gauche… C’est impressionnant. Paul avait des capacités athlétiques incroyables. Et surtout techniques… Il avait des gestes… Personne d’autre ne pouvait les réaliser. Au-delà des gestes, rien que l’intention, y penser, il n’y avait que lui. Il me guidait. J’étais le petit Français. Je ne parlais pas encore italien. Il me donnait beaucoup de conseils, m’expliquait les exercices… Il m’a mis à l’aise, comme Mario Lemina.

En France, on parle beaucoup de Mehdi Benatia, désormais à l’OM : il était ton coéquipier à la Juve.

J’avais une bonne entente avec lui. On était partis en stage à Melbourne, en Australie. On discutait beaucoup. Il avait lui aussi eu un parcours un petit peu atypique. Il me racontait ses expériences à Clermont, à l’Udinese… Et, franchement, c’était un super joueur. À mon poste, c’était compliqué de se dire d’avoir du temps de jeu quand tu voyais que Benatia n’était pas un titulaire indiscutable. J’étais conscient de ça.

 

Ce qui m’a le plus surpris chez Bonucci et Chiellini, c’est leur niveau de concentration. Ils n’arrêtaient pas de se parler et avaient un lien fort sur le terrain. Ils voulaient être solides à chaque entraînement.

C’est vrai qu’entre Benatia, Chiellini, Bonucci, Barzagli… Tu étais sacrément gâté.

Je l’ai pris comme ça. Des joueurs incroyables, surtout tactiquement. J’ai beaucoup progressé dans ce registre en Italie. Côtoyer au quotidien des joueurs comme ça… Leur exigence qu’ils avaient aux entraînements, c’était assez remarquable.

Qu’as-tu gardé du duo Bonucci-Chiellini ?

Ils avaient chacun des qualités différentes : Bonucci plus à l’aise techniquement, Chiellini plus agressif sur l’homme et dans les duels. Ce qui m’a le plus surpris, c’est leur niveau de concentration. Ils n’arrêtaient pas de se parler et avaient un lien fort sur le terrain. Ils voulaient être solides à chaque entraînement.

Et derrière eux, tu avais Gianluigi Buffon…

Une fois, il avait haussé la voix. En temps normal, sa voix est assez forte. Mais là, quand il hausse le temps à l’entraînement, il n’y en a pas beaucoup qui bronchent… Une bonne gueulante qui a fait son effet.

Si je n’ai pas eu les opportunités de rester plus haut, c’est que je n’ai pas fait ce qu’il fallait sur le terrain. Il ne faut pas se cacher derrière le CV.

Quand tu repenses à tes années Juve, tu te dis aujourd’hui que tu aspirais à une carrière à un plus haut niveau encore ?

Bien sûr. Ma blessure aux ligaments croisés à Turin m’a pas mal coupé dans mon élan. Mais je ne regrette pas. Ma carrière est comme elle est. Quelque part, j’en suis fier. J’ai pris des décisions fortes et risquées. Partir en D2 suisse après la Belgique, pas tout le monde aurait voulu prendre ce risque. Cela fait maintenant six ans que je suis au club, je dispute l’Europe. Et ça se passe bien. Si je n’ai pas eu les opportunités de rester plus haut, c’est que je n’ai pas fait ce qu’il fallait sur le terrain. Il ne faut pas se cacher derrière le CV en disant : « Je suis passé par la Juve. » J’ai eu l’opportunité de m’exprimer en D1 belge. Quand j’ai joué, je n’ai pas été performant.

Se rendre à cette évidence, c’est dur ?

Le plus compliqué, c’est de quitter un club comme la Juve, arriver en Belgique et se dire indirectement : « Je viens de la Juventus, je vais jouer, je vais m’imposer. » Et, en fait, non. Tu viens de la Juve, certes, mais tu étais avec les jeunes. Là, tu arrives dans le monde des adultes, et on ne te donne rien. Je n’ai jamais été le garçon qui s’enflamme, mais sans manquer de respect à Zulte-Waregem, c’est un club de D1 belge, je vais tout casser et voilà. Mais ce n’est pas si facile.

 

En six ans de foot suisse, comment as-tu envie de nous le raconter ?

C’est un championnat intéressant, surtout pour des jeunes en recherche de temps de jeu, ayant envie de s’exprimer. Il y a des clubs de Suisse italienne avec cette mentalité très tactique. Des clubs de Suisse allemande, avec beaucoup d’intensité et de courses comme en Allemagne. Et tu as nous, à Genève, en Suisse romande, avec un football un peu plus fin techniquement, où on essaie un peu plus de jouer. Quand on est un jeune joueur, c’est vraiment enrichissant de pouvoir découvrir plusieurs cultures au sein d’un même championnat. Ce n’est pas du niveau de la Ligue 1 française, mais le championnat suisse a bien évolué ces dernières années.

C’est où la plus chaude ambiance en Suisse ?

J’aime bien Saint-Gall. Pas un grand stade, environ 15-16 000 places, mais il est tout le temps plein, il y a vraiment une bonne ambiance.

Avec Genève, tu as connu ton premier grand titre avec la Coupe de Suisse remportée la saison passée.

C’est incroyable ! Le club attendait un trophée depuis un moment. On avait retrouvé l’élite du championnat suisse, on dispute le haut de tableau depuis quelques années. Et là, on a remporté ce trophée, au terme d’une finale et d’une séance de tirs au but extraordinaire (9-8 aux TAB face à Lugano ; avec deux transformations signées Séverin, NDLR).

Cela a dû raviver des souvenirs pour les supporters d’un club, il faut dire, avec une vraie histoire.

En Suisse, c’est un club historique. Il y a des supporters partout dans le pays. Le club a traversé des périodes compliquées, avec des faillites. Quand je suis arrivé ici, il n’y avait plus trop d’engouement. Aujourd’hui, je vais en ville, on voit des maillots de Servette. On sent que les jeunes commencent à s’identifier à nos résultats.

La fierté est de retour.

Clairement. Il fallait retrouver ce plaisir de revenir au stade, redonner une image positive du club. On sent de nouveau un réel engouement.

Propos recueillis par Timothé Crépin

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