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Yeray, un animal plus fort que le cancer

Par Robin Delorme
4 minutes
Yeray, un animal plus fort que le cancer

Nouvelle pépite du centre de formation de l’Athletic Bilbao, Yeray Álvarez s’est surtout fait connaître pour avoir, en l’espace de 39 jours, terrassé une tumeur cancéreuse. Un combat gagné contre la maladie qui est à l’image de ce jeune central sans défaut, ou presque.

Hasard du calendrier, Yeray Álvarez renoue avec le plaisir de la compétition le 4 février dernier. La date, renvoyant à la journée mondiale contre le cancer, est autant symbolique que miraculeuse pour le jeune joueur de l’Athletic Bilbao. Car diagnostiqué d’une tumeur cancéreuse au testicule droit le 23 décembre 2016, il ne met que 39 jours pour surpasser cette épreuve et retrouver son statut de joueur de football professionnel. Un exploit rare, qui rappelle les expériences d’Éric Abidal ou encore de Lance Armstrong, que le binôme d’Aymeric Laporte dans l’axe de la défense des Leones vit, forcément, avec le sourire malgré un revers sur la pelouse du Camp Nou. « Je suis très heureux de revenir » , glisse-t-il, le plus simplement du monde, au micro du Laurent Paganelli local, comme pour minimiser la maladie qu’il vient de vaincre. De retour aux affaires, le protégé d’Ernesto Valverde ne quitte plus, à quelques exceptions près, le onze basque et confirme tout le bien-fondé de son surnom à l’intérieur du vestiaire de San Mamés. C’est que « l’animal » , dixit son comparse Ander Iturraspe, est dur à abattre.

Le Puyol basque

Avant la détection de sa tumeur cancéreuse, Yeray Álvarez ne truste jamais les Unes des canards espagnols. Seuls le Pays basque et sa presse régionale se font alors l’écho de ce jeune central au potentiel excitant. Natif de Barakaldo, dans la banlieue de la capitale de Biscaye, il intègre le centre de Lezama dès 2008 pour y connaître toutes les catégories inférieures. Un produit typique de la cantera de l’Athletic, donc, qui grimpe tous les échelons du club jusqu’à s’installer, la saison passée, comme un indéboulonnable du Bilbao Athletic, réserve des Leones, qui évolue alors en Segunda Division. « Même si nous sommes descendus, je suis très satisfait de cette saison, rembobine Cuco Ziganda, entraîneur en charge de la filiale. L’objectif n’était pas de préparer spécifiquement les matchs, de faire de chaque dimanche le match de l’année. Mon but est de préparer les jeunes pour qu’ils grandissent, s’améliorent et soient prêts à intégrer dans un futur proche l’équipe première. Nous avons réussi notre mission avec Asier Villalibre et surtout Yeray Álvarez. »

Même son de cloche chez Luis de la Fuente, sélectionneur de la Roja U-19 interrogé par El Desmarque, pour qui Yeray est « un garçon très sérieux et discipliné, qui reste toujours très concentré et dispose d’une belle technique : il peut devenir un crack » . De par ses caractéristiques, mais aussi sa taille – un petit mètre 82 –, il se gagne le surnom de « Puyol basque » au cours de ses années de formation et tient la comparaison avec un autre crack défensif de la formation des Leones, un certain Aymeric Laporte. Si bien qu’après une saison pleine en Segunda Division avec la réserve, il découvre l’été dernier le vestiaire de l’équipe première. Un choix d’abord par défaut, puisque Ernesto Valverde cherche un pendant à son central français durant la préparation estivale, qui devient illico un choix payant. Car dans un début de saison difficile, le jeune Yeray Álvarez enfile le costume de révélation de l’Athletic Bilbao et prend un « rôle fondamental » , dixit son entraîneur, dans le jeu des siens. Pour Cuco Ziganda, il est le plus simplement du monde « un diamant brut à polir » .

Un garçon « très, mais très tranquille »

En plus de ses qualités techniques et physiques, le garçon se caractérise par un mental à toute épreuve et un calme déconcertant. « On m’a toujours dit que je suis une personne très, très tranquille, confirme l’intéressé dans les colonnes d’El Correo. Le jour de mes débuts est sans doute le seul où j’ai stressé, mais maintenant jamais. Je suis vraiment très, mais très tranquille. » Une quiétude à l’épreuve des balles, et de la maladie donc. Lorsqu’il apprend, par le biais de Joxean Lekue, chef des services médicaux de l’Athletic, qu’une tumeur cancéreuse au testicule droit lui est détectée, il ne moufte pas et promet de revenir rapidement. Aussitôt dit, aussitôt fait, puisqu’en l’espace de 39 jours, il renvoie la maladie dans les cordes, se reconstruit une condition physique et rechausse les crampons. De cette épreuve, « il ne parle pas beaucoup, décrit Ander Iturraspe. Même si je ne sais pas comment il l’a vécu, il a retrouvé le sourire. Pour lui, comme pour nous, c’est un vrai plus. » Et le plus beau des trophées déjà soulevé par l’Athletic Bilbao en cette saison.

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