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Yémen of war

Par Adrien Candau
Yémen of war

Plongé dans un désastre humanitaire et une interminable guerre civile, le Yémen fait face à l'une des pires crises sécuritaires de son histoire. Mais a vu paradoxalement son équipe nationale de football se qualifier pour la première fois de son existence pour la Coupe d'Asie des nations.

Pour leur entrée en la matière dans la compétition, on ne peut pas dire qu’ils ont été brillants. Opposés à l’Iran pour la première journée de la phase de groupes de la Coupe d’Asie, le Yémen s’est fait désintégrer cinq buts à zéro par la Team meli. Un résultat bizarrement presque anecdotique. Car la présence des Yéménites dans l’épreuve constitue à elle seule un exploit qui relève du quasi-miracle.

Conflits communautaires

Tout simplement parce que leur pays est plongé dans un chaos humanitaire et sécuritaire depuis cinq ans. La faute à une guerre civile qui a éclaté en 2014, mais dont le spectre hante plus concrètement le Yémen depuis 2004. Pour comprendre le conflit yéménite, il faut en effet impérativement rembobiner les bandes. Quinze ans plus tôt, dans le nord du pays, des musulmans chiites – dont les pratiques comme les interprétations religieuses diffèrent de celles des musulmans sunnites, notamment quant au statut de l’imam et du Coran – entrent en conflit avec le pouvoir central de Sanaa. Le Yémen, lui, est majoritairement sunnite, mais compte une forte minorité chiite, qui représente autour de 40% de la population. Une minorité dont une bonne partie s’estime mise à l’écart de la vie politique et économique du pays.

Houtistes vs loyalistes

La contestation chiite finit alors par prendre la forme d’une rébellion dite houtiste (du nom de l’ex-meneur du mouvement protestataire, Hussein Badreddine al-Houthi, assassiné en 2004). Cette dernière gagne progressivement en dimension et amorce même un tournant à partir de l’été 2014. En septembre, les rebelles entrent dans la capitale Sanaa, puis assiègent le palais présidentiel en janvier 2015. Le pays plonge alors dans une guerre civile généralisée.

Celle-ci oppose donc les rebelles houties, soutenus en sous-main par l’Iran, le champion de la cause chiite, et le camp des loyalistes, fidèles au pouvoir en place et soutenu financièrement et militairement par l’Arabie saoudite, qui tient à se poser comme le leader de l’islam sunnite. Pour ne rien arranger, plusieurs groupes islamistes comme Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) et Daech interviennent aussi au Yémen et complexifient les données du conflit. Bilan : le pays est territorialement divisé en trois zones et s’enfonce dans la catastrophe, alors que plusieurs dizaines de milliers de victimes sont à déplorer depuis 2014 et que les bombardements menés par l’aviation saoudienne ont causé des dégâts matériels considérables. L’économie yéménite est elle évidemment à l’arrêt, alors que les prix de produits de base ont explosé depuis des années.

Qatar, l’allié indispensable

Au milieu de tout ça, l’équipe nationale de football a quasi miraculeusement réussi à survivre. Le championnat national yéménite est pourtant à l’arrêt complet depuis quatre saisons et les infrastructures sportives ont été ravagées par le conflit en cours. Exemple à Aden, la seconde ville la plus peuplée du pays, où Azzam Khalifa, le directeur du bureau de la jeunesse et des sports d’Aden, relève que « 70% de nos stades ont été complètement détruits, il ne reste que quelques stands et blocs de béton  » . Dans un tel contexte, impossible pour l’équipe nationale yéménite d’évoluer sur le territoire. Cette dernière a été accueillie par le Qatar pour organiser des camps d’entraînement occasionnels et ses matchs de qualification à Doha. De fait, le Qatar s’est rapidement révélé être un allié de premier plan pour l’équipe nationale yéménite, alors que de nombreux internationaux ont intégré le championnat qatari pour se donner la possibilité de continuer de jouer régulièrement.

Reconversion forcée

Une solution de secours qui n’a cependant sans doute pas empêché l’équipe nationale du Yémen de paumer de nombreux talents en cours de route, sacrifiés sur l’autel du conflit armé. Ceux qui n’ont pas eu la chance de trouver un club en dehors du Yémen ont dû en effet souvent jongler entre les petits boulots pour vivoter au quotidien. « Aujourd’hui, une grande majorité des joueurs yéménites travaillent dans des domaines autres que le football et ils dépendent maintenant de leurs pères et de leurs frères. L’état général des athlètes est déplorable à cause des événements qui ont tout détruit au Yémen » , regrettait récemment l’international Radwan Abdul-Jabbar.

Certains joueurs, comme le gardien de la sélection Mohammed Ayash, ont pu joindre les deux bouts en travaillant pour des entreprises d’État, mais un grand nombre ont aussi dû se reconvertir en chauffeurs d’autobus, de taxis et de motos ou travailler dans des supermarchés et des épiceries. Malgré tout, l’équipe nationale a réussi à terminer seconde du groupe F du troisième tour de qualifications pour la Coupe d’Asie. Une performance historique, même si elle a aussi bénéficié de l’élargissement de l’épreuve à 24 nations pour décrocher son ticket pour la compétition, là où l’édition de 2015 en comprenait seulement 16. Prochaine étape : une rencontre décisive face à l’Irak samedi après-midi, où la sélection doit absolument éviter une défaite si elle veut espérer continuer son parcours dans sa compétition. Dur, mais pas forcément impossible, pour une équipe qui a déjà survécu à bien pire.

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