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Yaya Touré : son tour de briller
Une fin de saison en boulet de canon comme pour rappeler aux observateurs qu'il est peut-être l'homme qui fait de ce Manchester City une équipe potentiellement championne d'Angleterre. Irrésistible, Yaya Touré s'affirme semaine après semaine comme l'un des meilleurs milieux de terrains du monde et a l'occasion ce dimanche, d'étoffer un peu plus son palmarès.
Le coupé-décalé fait trembler les voitures de Kolo Touré quand soudain, entre hochements de tête, l’international ivoirien, interviewé par la chaîne télé de Manchester City, poignarde son frère dans le dos, sans le moindre scrupule : « Yaya lui, il n’écoute pas ça. Il préfère la musique plus soft. Lui, il est plutôt du genre Céline Dion ou Whitney Houston » . Une information à moitié vraie, que Yaya prend le soin de rectifier lui-même devant les caméras. En effet, l’ancien monégasque aime la musique plus soft. Son truc à lui, « c’est Bob Marley » , mais sa femme « laisse parfois trainer des Cds dans la voiture, ce qui explique que mon frère vous raconte que j’écoute Whtiney Houston » . Né quasiment un an jour pour jour après la sortie de l’incroyable album Legend du dieu du Reggae, Yaya Touré règne aujourd’hui sur le monde du football qu’aimait tant Bob Marley. Sheriff au pays du ballon rond, le milieu de terrain, double buteur décisif le week-end dernier face à Newcastle, éclabousse la Premier League de son talent. Souvent pointé du doigt pour son salaire astronomique et son manque d’investissement, le grand gaillard n’a pas toujours fait l’unanimité. Aujourd’hui, et pour sa deuxième saison chez les Citizens, le grand Yaya s’affirme tout simplement comme l’un des meilleurs milieux de terrain du monde.
Son tour de briller
Une caresse de l’intérieur du pied droit puis une mine du pied gauche. C’est comme ça que Yaya Touré, inspiré dimanche dernier sur la pelouse de Newcastle, a fait chavirer le cœur de milliers de supporters de City présents dans les travées de St James Park. Un doublé pour sauver les siens et pour marquer le coup, comme pour dire aux observateurs que parmi les nombreux astres qui scintillent au milieu de la galaxie City, Yaya Touré est l’étoile du berger. Plus homme de devoir qu’homme de statistique, l’Ivoirien était, à quelques heures de cette rencontre cruciale, animé d’un ardent désir de marquer celle-ci de son empreinte. « Samedi, il nous a dit à l’entraînement que c’était à son tour de briller » évoque Joleon Lescott, dans les colonnes du Manchester Evening News. « Il y croyait, et quand on entend ce genre de chose de la part d’un joueur de cette trempe, on sait que cela va se produire. Ce qu’il a fait ne m’a pas surpris, car les grands joueurs se montrent lors des grands moments » ajoute le défenseur central des Citizens.
Dans le vestiaire de Manchester City, le cas Touré ne fait plus débat et cela ne devrait plus prendre beaucoup de temps à l’échelle mondiale : Yaya Touré est un top-class playercomme il en court assez peu dans les rues du football mondial. Emerveillé par la polyvalence et le talent d’un joueur qu’il n’hésite plus à faire jouer en 10 lorsqu’il est en difficulté, Roberto Mancini ne tarit pas d’éloges au sujet de son milieu à tout faire. « Yaya est fantastique car il a tout. Il est puissant, rapide, technique et polyvalent. Pour moi, il est de la trempe d’un Gullit » raconte l’Italien dans le Manchester Evening News.
Une importance cruciale
La comparaison est certes osée, mais quand on regarde de plus près l’influence de l’Ivoirien sur les performances de son club, on comprend plus facilement l’engouement de l’ancien joueur de la Lazio. En cette année de Coupe d’Afrique des Nations, Yaya Touré a joué 31 matchs avec Manchester City. Seuls Agüero (33), David Silva (35) et Joe Hart (37) ont fait mieux. Et pendant la période d’absence de l’ancien barcelonais – du 3 janvier au 25 février – les Citizens ont été éliminés des deux coupes en s’inclinant face à Manchester United et Liverpool, et se sont inclinés en Premier League sur la pelouse d’Everton. Le numéro 42 était également absent lors de la défaite sur la pelouse du Sporting Portugal (1-0) en Europa League. Voilà pour le bilan comptable.
Sur le plan du jeu, ceux qui voient en lui un Patrick Vieira ne voient qu’un teint et une longueur de jambes. Certes excellent ratisseur de ballon, l’Ivoirien est surtout la première et principale rampe de lancement des offensives de Manchester City. Buteur à « seulement » six reprises cette saison en Premier League, il permet aux artificiers Agüero, Silva et Tevez de briller et forme avec le sous-estimé Gareth Barry une paire de milieux de terrain extrêmement complémentaires. « Avec lui, on a deux joueurs en un seul » évoquait un Jamie Redknapp impressionné dans les colonnes du Daily Mail. Titré à de multiples reprises sous les couleurs du FC Barcelone, l’ancien catalan n’en demeure pas moins assoiffé de victoire. « J’ai toujours pensé que j’étais venu dans ce club pour écrire l’histoire » admettait-il dans les colonnes de la presse anglaise. Cela tombe plutôt bien, car ce dimanche 13 mai, face aux Queens Park Rangers, Yaya a l’occasion d’offrir le titre de champion d’Angleterre à ses supporters, le premier depuis 1968. Un bon moyen de fêter dignement son 29ème anniversaire.
Par Swann Borsellino