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Yaser Hamed : « Je ne veux pas aborder le thème de la politique, désolé »
Joueur d'El Portugalete en D3 espagnole, Yaser Hamed (21 ans) a disputé lors du championnat d'Asie de l'Ouest ses premières rencontres avec la sélection palestinienne de football. Né à Barakaldo dans le Pays Basque, d'un père originaire de Gaza et d'une mère espagnole, le joueur raconte comment il est arrivé en sélection, sa découverte de la région ainsi que les objectifs de l'équipe de Palestine.
Comment as-tu intégré la sélection palestinienne ? Il y a quelques mois, le sélectionneur Noureddine Ould Ali est rentré en contact avec moi. Honnêtement, je ne m’y attendais pas du tout. J’ai été très surpris quand il m’a appelé et j’ai commencé à réaliser que c’était vrai quand il a commencé à me demander toutes les informations pour que je joue avec l’équipe. Il m’a proposé de venir faire les deux semaines de préparation afin de jouer le Championnat d’Asie de l’Ouest, qui se déroule actuellement en Irak et j’ai accepté. Petit à petit, j’ai assimilé que j’allais porter le maillot de la Palestine.
Quelle est ta relation avec la Palestine ? Connaissais-tu déjà la région avant de jouer cette compétition ? Mon père est palestinien, il vient de Gaza. À l’âge de dix-huit ans, il est parti en Espagne pour étudier la médecine et il a rencontré ma mère, qui est espagnole. Avant de venir pour la compétition, je n’avais jamais été en Palestine ou en Irak. Quand je suis arrivé pour la première fois en Palestine, j’étais un peu intrigué, mais au final, j’apprécie de pouvoir connaître les racines de mon père ainsi que sa famille. Les premiers jours, cela m’a fait bizarre parce que c’est une culture différente de celle de l’Espagne, les horaires ne sont pas les mêmes. Mais après deux ou trois jours, je m’y suis habitué et je suis très content d’être ici. Les gens ont beaucoup d’humanité et sont très sympathiques.
Comment s’est passée ton intégration ? Quel bilan tires-tu de ces premiers pas ?C’est un bilan très positif. Le jour où je suis arrivé, j’ai été très bien accueilli, les gens sont très avenants et sur le plan du foot, je suis également très content. On a fait une victoire contre le Yémen (1-0), on a malheureusement perdu 2-1 contre l’Irak et on a fait un match nul contre le Liban (0-0). On joue ce dimanche contre la Syrie, on va vraiment essayer de bien terminer la compétition (la Palestine a remporté le match 4-3, N.D.L.R.). Sur le plan personnel, j’ai pu honorer ma première sélection. J’étais titulaire contre le Yémen et c’est moi qui ai inscrit le seul but du match ! C’est une très grosse satisfaction.
D’où viennent les différents joueurs de la sélection ? Tu es le seul à jouer en Espagne ou en Europe ? Je suis le seul à évoluer en Espagne. Il y en a quelques-uns à l’étranger mais la majorité des joueurs jouent dans le championnat palestinien. Je sais qu’il y a aussi des joueurs qui ont joué au Chili. Il y a une importante communauté palestinienne là-bas. Il y a d’ailleurs un club de première division qui s’appelle El Palestino et je crois que plusieurs anciens joueurs en sont issus. Je ne connais pas très bien le championnat national palestinien mais je connais de mieux en mieux mes coéquipiers et j’ai pu m’apercevoir que le niveau était bon. Techniquement, il y a de très bons joueurs.
Quels sont vos objectifs sur les prochains matchs et sur le long terme ?
Après cette compétition, nous jouerons les qualifications pour la prochaine Coupe du monde et nous débuterons par une rencontre contre l’Ouzbékistan, le 5 septembre. Ce sera un match important, nous avons l’objectif de nous qualifier pour le Mondial. Nous avons un groupe difficile mais nous sommes capables de nous qualifier, on va tout faire de notre côté pour atteindre cet objectif.
Gianni Infantino, le président de la FIFA, a récemment affirmé que le football pouvait « jouer un rôle, petit en apparence, mais essentiel en réalité » dans le conflit israélo-palestinien. Tu es d’accord avec cela ? Je ne veux pas aborder le thème de la politique, désolé, je me concentre uniquement sur le foot. Avec les joueurs de la sélection, on essaie juste de faire le maximum sur le terrain pour rendre heureux les Palestiniens. On est à 100% pour défendre les couleurs de notre pays, pour faire du mieux possible. Et petit à petit, la sélection grandit. J’ai en tout cas senti un appui fort de tous les habitants, dans les rues mais aussi sur les réseaux sociaux. J’ai également reçu plusieurs messages de soutien et je remercie les gens pour cela.
Quand reprends-tu la saison en Espagne ? Je reviens un jour après notre match contre la Syrie. J’ai un contrat avec El Portugalete (D3 espagnole) mais j’ai des clauses qui me permettent de partir, donc je ne sais pas ce qui va se passer. Je fais le maximum pour percer dans le foot mais j’étudie aussi à côté pour devenir ingénieur chimiste, à Bilbao. Il me reste un an d’études avant d’avoir terminé.
Propos recueillis par Victor Launay