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Yannick Le Saux : « Je vis trois semaines dans ma 2CV Cochonou »
Meilleur buteur de D2 en 1994 avec Saint-Brieuc, Yannick Le Saux a depuis rangé les crampons et participe notamment depuis six ans au Tour de France, dans une deux-chevaux, pour Cochonou. Il raconte sa passion de juillet, du saucisson sec et même du one man show.
Le Tour de France vous passionnait quand vous étiez gamin ?La Bretagne, c’est une terre de vélo. Mes parents sont passionnés par le cyclisme et donc, petit, j’allais sur la route du Tour voir passer la Caravane et les coureurs. Mais ma culture vélo s’arrête là. Je ne suis pas non plus un grand passionné. C’est plus l’ambiance de la caravane qui me plaisait et surtout les deux-chevaux (2CV). Parce que je suis un passionné de ce bi-cylindre. Je suis président du club de 2CV de Vannes. Tout ça vient de mon père, qui a travaillé toute sa vie chez Citroën, à Rennes. Dès que j’ai pu m’acheter une 2CV, je l’ai fait.
Quels souvenirs gardez-vous de ces moments sur le Tour avec vos parents ?Eh ben, vu que je suis breton, et que la Bretagne, c’est plutôt plat, le souvenir que j’en ai, c’est que les coureurs passaient très vite, souvent sous la pluie, et que c’était difficile de distinguer le maillot jaune sous son k-way. J’ai le souvenir que c’était très rapide quoi. Mais c’était toujours une journée sympa.
Vous aviez quand même une idole cycliste à cette période-là ?Ah oui, quand même : Bernard Hinault. C’est pile mon époque. Je n’avais pas de poster de lui, mais en Bretagne, on était tous pour Hinault.
Et aujourd’hui, vous suivez un coureur en particulier ou vous êtes loin de tout ça ?
Je suis un peu Pierre Rolland parce qu’il est marié à la nièce de Laurent Chandemerle, un copain imitateur. Je l’ai furtivement croisé en réunion de famille avant qu’il ne soit très connu. Donc j’aime bien quand il gagne des étapes, quoi. Bon, il me paraît un peu cuit cette année sur le Tour, mais il a fait un bon Giro. J’espère qu’il va quand même pouvoir gagner une étape cette année sur le Tour.
Comment passe-t-on de meilleur buteur de D2 à animateur pour Cochonou sur la caravane du Tour ?Je voulais faire la caravane dans une 2CV. Je savais que Cochonou faisait le Tour avec, donc je voulais au moins faire un Tour pour eux, dans une de leur 2CV. Tous sont fans des 2CV ici. Celui qui me conduit sur la caravane, il roule aussi en 2CV camionnette pour aller au boulot.
On est venu vous chercher ou vous avez postulé pour intégrer cette partie de la caravane ?J’avais postulé deux années de suite, sans être pris et puis la troisième année, ça a été la bonne. Pour qui, pour quoi, je ne sais pas. Dans un premier temps, il y a une sélection sur CV. Et après, on a un gros entretien, où ils me demandaient surtout comment je vivais, en tant qu’homme, dans la vie en collectivité. Comme j’ai fait du foot pendant longtemps, j’étais habitué à partir en stage, à vivre en groupe, à savoir garder mes susceptibilités. Ils ont fait le tour de l’homme, quoi. Là, j’en suis à mon sixième Tour avec eux. Il n’y a pas beaucoup de turnover chez Cochonou, parce que notre agence ne gère qu’une caravane, la nôtre. Une autre agence peut gérer 4-5 caravanes en même temps. Donc les employés peuvent changer de marque en marque. Nous, notre fonctionnement est un peu à part des autres marques.
Comment est l’accueil du public ?Ça leur plaît carrément.
Ça vient de la marque en elle-même, hyper populaire. À l’apéro, en pique-nique, tu te mets un petit Cochonou quoi ! Et puis c’est cette 2CV qui donne le sourire aux gens aussi. Moi, sur la 2CV pick-up, je suis là pour faire le relais entre la marque, ses produits et le public.
Vous lancez du saucisson dans la foule ?Oui, du mini-saucisson sec par petits sachets de 4-5. Ça fait 550 000 sachets sur les routes du Tour. On lance le fameux bob Cochonou aussi, qui connaît un succès historique sur la caravane du Tour. On en distribue 110 000 pendant le Tour.
Les gens râlent si vous n’envoyez pas les saucissons ?Bien sûr, il y a des déçus. Mais ça reste toujours gentil. On n’a jamais eu de problèmes.
Vos hôtesses ne subissent pas trop face à la foule ? C’est le petit bad buzz du moment dans la caravane du Tour… Ce que je vois, c’est qu’on a des hôtesses qui sont là depuis 5-6 ans. Si vraiment c’était si désagréable que ce qui est dit dans l’article, elles ne seraient pas revenues, honnêtement. Cet article est plutôt exagéré. Pour avoir fait le Tour de nombreuses fois maintenant, pour moi, les gobelets de pisse lancés vers la caravane, c’est une légende. En tout cas, c’est pas le Tour que je vis depuis que j’y suis.
Quelle est la phrase qui ambiance bien le public quand vous êtes au micro ?Déjà, les gens sont dans l’attente de nous voir arriver. Quand tu dis « les voici, les voilà, les 2CV Cochonou ! » , les gens répondent bien. Quand on s’arrête pour un petit problème technique ou autre, on doit ensuite remonter à sa place, parce qu’on a une place bien précise dans la caravane publicitaire. Et là, on est applaudi plus que les autres finalement. Elles sont vraiment populaires ces 2CV.
Elle ressemble à quoi votre journée type ?On se lève vers 6h-6h30. Ensuite, p’ti déj’, préparation de nos sandwichs, réapprovisionnement des 2CV en saucissons et on part sur le parking caravane. On nettoie les véhicules, on vérifie les sonos vu que toutes les 2CV sont sonorisées. Et puis on part, une grosse heure avant les coureurs. Après l’étape, on va à l’hôtel, plus ou moins proche. On fait également les transferts en 2CV. D’autres font les transferts en mini-bus, et laissent leurs chars sur des porte-chars. Nous, on vit réellement trois semaines dans notre 2CV.
Avec cette expérience Cochonou, vous vous êtes convertis à ses saucissons ou vous lui faites des infidélités ?Honnêtement, j’en mangeais déjà avant. C’est un peu connu qu’on fait souvent des apéros en Bretagne. On a quand même toujours le petit saucisson à portée de mains. Je n’ai pas attendu d’être dans les 2CV Cochonou pour y goûter. Et aujourd’hui, j’en mange toujours, je suis plutôt corporate ouais. Mes copains en ont même parfois un peu marre parce que je fais aussi un peu la pub quand on se voit, mais ça reste bon enfant.
Selon vous, qu’est-ce qui se marie le mieux avec un petit Cochonou ?Je crois un petit verre de rouge, en apéritif, et comme j’étais aussi dans la région d’Angers, je peux conseiller un petit Anjou-Villages, et un bout de fromage derrière. Ça, c’est l’apéritif rêvé. Avec deux, trois bons copains.
Vous souffrez de la chaleur sur votre 2CV depuis le début du Tour ?Franchement, moi ça va, je prends du vent. Après, faut se protéger et mettre de la crème. Mais c’est quand même nettement mieux que quand tu te prends la flotte, où c’est juste l’enfer.
Ça reste un boulot saisonnier pour vous. Vous faites quoi le reste du temps ?Je suis opérateur LSM (live slow motion) pour les régies de production télé dans tous les sports de haut niveau qu’on peut trouver dans le Grand Ouest. Je m’occupe des ralentis, des résumés des mi-temps, des génériques de fin pour les matchs de Ligue 1 et Ligue 2 par exemple, en gros tout ce qui n’est pas en direct, mais pour une retransmission en direct. Je travaille aussi pour Equidia, sur certaines courses de chevaux.
Aux dernières nouvelles, vous étiez aussi sur scène. C’est toujours d’actualité ?C’est une passion aussi ça. Avec ma petite chérie, on a monté une association Rires en Breizh, un concept d’humoristes bretons qui traversent la Bretagne. On appelle ça le Breizh Comedy Club. Et là, ça tourne un peu. Il y a une pause en juillet parce que je ne suis pas là, mais ça reprend après. On a des dates jusqu’à octobre. Au bout, on espère pouvoir faire une petite scène à Paris pendant une semaine, et déplacer tous les Bretons parisiens.
Sur quel thème vous faites vos sketchs ?Vous savez, les premiers one-man show, c’est souvent autobiographique. Je m’amuse de ce que j’étais avant, quand j’étais footballeur. Je ne raconte rien en matière de technique, ou de souvenirs de matchs, mais plutôt l’ambiance qu’il y avait quand on était footballeur à cette époque-là. Parce que ça n’avait rien à voir avec aujourd’hui. En exagérant certains côtés.
Propos recueillis par Ronan Boscher