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Yannick Goyon : « Mieux vaut tard que jamais »

Propos recueillis par Arnaud Clément
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Yannick Goyon : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Mieux vaut tard que jamais<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Yannick Goyon, capitaine du promu Bourg-en-Bresse, a dû attendre sa 34e bougie pour découvrir le monde pro. Régional de l'étape, ce défenseur surnommé plus jeune « la libellule » vit cette découverte avec des yeux de gamin, mais avec la lucidité et l'analyse sportive d'un vieux sage. Découverte.

Yannick, avec ton équipe de Bourg-en-Bresse, tu découvres la L2, et par conséquent le monde pro, à l’âge de 34 ans. C’est un petit conte de fées que tu vis actuellement ?

Oui, c’est bien ça. J’ai surtout évolué en CFA ou en National jusqu’à présent et à un moment, j’ai plus ou moins abandonné cette idée de professionnalisme, même si ça reste le rêve de tout footballeur. Donc à l’arrivée, ça se termine bien.

C’est beau ce qu’il t’arrive, mais en même temps, on est presque tenté de trouver ça cruel, alors que tu es plus près du crépuscule de ta carrière que du début…

Au début, je n’y avais pas du tout pensé à ça, mais c’est vrai que depuis un petit moment, quelques personnes me disent que, peut-être, ça aurait pu arriver auparavant. Effectivement, en y repensant, c’est un peu frustrant, mais mieux vaut tard que jamais. Vraiment, je n’ai pas de regrets sur tout ce que j’ai pu accomplir et j’en ai profité un max. Plus jeune, vers 18 ou 19 ans, j’étais alors en CFA à Bourg, je suis parti à Orléans et j’ai eu l’opportunité d’aller à Tours à l’époque. Ça ne s’est pas fait. Et puis on avait connu la montée avec Orléans, l’essai aurait été compliqué à faire. Avec Louhans-Cuiseaux aussi, qui était encore en L2 ou en National à ce moment-là. Mais à chaque fois, ça ne s’est pas fait et c’est vraiment sans regret, j’ai préféré la stabilité, la sécurité. Partout où je suis passé, à l’exception de l’année suivant la promotion en National refusée par la DNCG à Besançon, où ça a été compliqué, j’ai toujours eu mes salaires payés, des situations qui faisaient que je n’avais pas à me plaindre.

Tu as derrière toi un paquet d’années en CFA ou en National. J’imagine que tu vivais déjà entièrement ou partiellement du football avant la L2, non ?

Oui pour ma part, j’ai toujours vécu uniquement du football. Ma génération a bénéficié d’années favorables du football, avec des salaires élevés en L1 et L2, et donc aussi plus que corrects par répercussion en National et en CFA. Actuellement, c’est plus difficile je trouve. On en vit, mais il y a d’énormes disparités. Déjà entre les clubs d’un même championnat… Quand j’étais par exemple à Jura Sud, qui reste un petit club, certains travaillaient toute la journée et venaient à l’entraînement le soir, quand d’autres ne faisaient que jouer. À Besançon, pas très loin de Jura Sud donc, on était en revanche tous sous contrat fédéral, on jouait dans un stade à 10 000 places… Et même à l’intérieur des clubs, tu retrouves de grosses disparités salariales à ces niveaux-là. Ceux qui travaillent par exemple, le foot n’est qu’un complément pour eux.

Et alors, qu’est-ce qui te semble différent, inhabituel et nouveau en L2 par rapport à ce que tu as connu, sur ou en dehors du rectangle vert ?

Tout est cadré, encadré, contrôlé. On sent vraiment l’organisation du monde pro, rien n’est laissé au hasard. L’aspect médiatique change aussi, la télévision est là à tous les matchs, alors que c’était rarement le cas l’an passé en National. Sinon, sur un plan purement foot, les structures changent déjà. Si on prend des stades comme ceux de Valenciennes, Lens ou d’autres, pour un fan de foot comme moi, c’est un énorme plaisir que de jouer dans ce genre d’enceintes. Sur le jeu en revanche, je dirais que je suis un peu déçu par l’aspect collectif, je m’attendais à plus de force collective, d’équipes capables de mettre en difficulté de par leur organisation. Il y a de grosses qualités individuelles, attention, mais mis à part Nancy, que j’ai trouvé fort à la fois collectivement et individuellement, je suis resté sur ma faim sur le plan collectif avec ce que j’ai pu voir. En matière de rythme, c’est plus soutenu au quotidien en revanche, la L2. On ne fait pas plus d’entraînement, mais jouer des matchs en semaine, jouer la Coupe de la Ligue, avec un effectif pas vraiment pléthorique, ça marque une vraie différence.

Le bon début de saison de Bourg-en-Bresse, encore en lice sur tous les tableaux et 5e de L2, surprend les observateurs. Est-ce que vous aussi, au FBBP01, ça vous épate ce que vous réalisez pour le moment ?

Oui et non. Oui, car on pensait vraiment avoir du mal dans ce championnat. Et avec deux défaites inaugurales, même sans être surclassés, ça a généré quelques craintes. Mais mine de rien, on a su s’adapter, avec une petite part de réussite aussi quand il a fallu faire basculer des résultats en notre faveur. Je pense notamment au match de Coupe de la Ligue à Brest où on est menés 2-1, mais on parvient à gagner aux penalties. Et trois jours après cette mission, on gagne notre premier match de championnat (contre Dijon, 2-1, ndlr) et ça s’enchaîne. On n’a pas fait trop de nuls en plus, on a gagné nos matchs assez souvent. Avec de très bonnes choses dans le jeu en plus, donc ce ne sont pas des résultats volés.

C’est d’autant plus fort que vous avez réussi ce bon parcours en jouant vos sept premiers matchs à domicile à Gueugnon, à 120 kilomètres de la préfecture de l’Ain…

On le savait dès le départ (pour des travaux nécessaires au stade Verchère de Bourg-en-Bresse, ndlr), donc on l’a fait sans état d’âme. Et on a été très bien reçus par Gueugnon, qui a fait tout ce qu’il fallait pour qu’on soit dans les meilleures conditions. C’était quand même assez compliqué en matière de déplacement, on partait à 9 heures le vendredi et on rentrait à 2 heures le samedi matin. Pour l’anecdote, Brest est venu jouer à Jean-Laville après s’être déplacé avec un avion privé et est rentré avant nous après le match. Maintenant, on a fait notre première à Verchère, d’abord contre Nantes en Coupe de la Ligue, avec un résultat plus que satisfaisant (victoire 3-2 dans la prolongation, ndlr). Et mardi, c’était la première vraie sortie en championnat (succès 4-1 contre le Paris FC), mais il n’y avait pas beaucoup de monde avec le froid et le match de basket (la JL Bourg évolue en Pro B) en même temps…


Alors, si tu devais présenter les particularités du club bressan, ça donnerait quoi ?

Une convivialité toute particulière, mais peut-être parce que je suis d’ici. Enfin, même ceux qui arrivent ici trouvent cet aspect très présent, avec des gens hyper gentils et serviables. Et ce qui dénote aussi, c’est ce côté toujours un peu amateur dans l’état d’esprit au sein du groupe, autour du terrain. Et puis, enfin, je dirais l’ambition. Lorsque je suis revenu il y a six ans, le club avait l’ambition de remonter en National et nous voilà en L2. C’est une progression linéaire qui veut dire qu’on a bien bossé, je crois…

On parle beaucoup de votre buteur, Pape Sané (9 buts en 15 matchs), qui paraît-il, est un phénomène sur comme en dehors du terrain. Tu valides ?

Oui, Pape a bon caractère, on le chambre pas mal, mais il est un peu lunatique. Il a ses moments où il est très ouvert, et d’autres où il tire la tronche. Mais il est très gentil et l’an passé, tout le monde nous disait qu’il allait prendre la grosse tête vu sa réussite devant le but. Or, c’est faux, il a resigné ici, ça prouve qu’il s’y sent bien et qu’il a à cœur de s’imposer. Il a été sollicité par des clubs de L2 et aussi par un club exotique qui lui proposait un gros salaire. Donc il a fait un choix fort en restant ici.

Une grande échéance t’attend aussi début décembre, pour le supporter marseillais que tu es, c’est la réception de l’OM en Coupe de la Ligue, mi-décembre. Tu appréhendes ?

Non, pas forcément, car c’est déjà la troisième fois que je vais jouer l’OM. La première, c’était avec Besançon (en janvier 2009). Il faisait -10°C, le terrain était gelé, mais les Marseillais avaient insisté pour qu’on joue. On a perdu aux penalties après avoir mené jusqu’à la 88e. Et la seconde, c’était avec Bourg-en-Bresse au Vélodrome (en février 2012) où on avait perdu 3-1. L’OM préparait la C1 et son huitième contre l’Inter et avait mis l’équipe type. La première fois m’avait vraiment marqué, la deuxième moins, avec des annulations de match, puis l’organisation à Marseille alors qu’on devait jouer chez nous, puis à Saint-Étienne… Mais là, ça risque d’être une belle fête à Bourg. Et on est à présent en L2, l’écart se resserre, je pense qu’on a une carte à jouer. Autant les années d’avant, on ne pensait pas se qualifier, là, l’idée de s’imposer fait son chemin.

En attendant il y a Metz ce week-end, troisième à quatre points devant… Petite ou grosse différence entre vos deux équipes d’après toi ?

Une énorme différence ! Ce sont deux mondes d’écart, même si c’est vrai qu’il n’y a que quatre points. Mais on ne se fie pas à l’identité, à l’histoire, car sur le terrain, on a tous envie de s’éclater et de profiter le plus possible de la L2. Donc quand on aborde le match, l’adversaire importe peu finalement.

Dernière question : il paraît qu’une ancienne gloire du FC Bourg-Péronnas, Boris Berraud, t’avait baptisé la libellule. Tu nous expliques pourquoi ?

(Rires) À l’époque, en moins de 15 ans, j’étais le plus petit, j’étais épais comme un morceau de bois. Dans les duels, j’avais tendance à voler. Même le vent me bougeait. C’est parti un peu de ça. Plus tard, en 17 ans, j’ai pris en taille et je me suis étoffé physiquement. Mais j’ai gardé ça un petit moment, c’est vrai…
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