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Yann M’Vila, dos au mur
En signant à l'Inter Milan en prêt cet été, Yann M'Vila pensait sûrement renouer avec son meilleur niveau et se rapprocher de l'équipe de France. Cinq mois plus tard, l'ancien Rennais affiche un bilan à mi-parcours peu reluisant, entre un temps de jeu famélique et aucune action d'éclat à son actif.
« Saluto a tutti i tifosi. » Quand il signe à l’Inter Milan fin juillet, pour un prêt d’un an, Yann M’Vila fait les choses proprement : un message en italien à l’attention des supporters sur son compte Twitter, et une petite vidéo en français pour la chaîne officielle de son équipe. Hormis l’impression qu’il donne d’avoir envie d’aller aux toilettes, l’international français réussit son exercice avec des propos sobres, posés et respectueux à l’égard de l’institution qu’il défend désormais. 20 secondes de gloire, les seules de l’année 2014. Car si le Rennais pensait débarquer en Lombardie pour se relancer, pour l’instant, il doit ronger son frein : sept matchs de Serie A dont trois, seulement, en tant que titulaire, six en Ligue Europa, mais aucune passe décisive ni autre coup d’éclat à mettre en avant.
Yann M’Vila, 24 ans, profession : Plan B
Du côté de l’Inter Milan, on ne s’est jamais caché du fait que l’ancien Rennais, prêté par le Rubin Kazan pour un million d’euros et une option d’achat à 9, n’est pas grand-chose de plus qu’un pari. Un pari audacieux pour les Nerazzurri et légèrement foireux pour le Français, car, lorsqu’il débarque, l’entraîneur en place, Walter Mazzarri, a clairement une préférence pour les bûcherons que pour les danseuses étoiles au poste de milieu défensif. Après cinq mois en Italie, M’Vila doit se rendre à l’évidence : il n’est qu’un plan B et il aurait pu s’y attendre. « Cela paraît logique qu’il n’ait pas de garanties dans ce club pour être titulaire, même si, aujourd’hui, l’Inter n’est plus ce qu’elle a été, cela reste compliqué de se faire une place et de jouer chaque week-end dans un club de ce type » , analyse Sabri Lamouchi, qui a évolué une saison en Lombardie (2003-2004).
Après le limogeage de Mazzarri en novembre, Yann M’Vila joue le premier match de l’ère Roberto Mancini II dans la peau d’un titulaire. Une rencontre encourageante dans le jeu, mais que les Milanais perdent 4-2 contre une Roma beaucoup trop forte. La suite ? Un match complet à Qarabağ en Ligue Europa (0-0), 15 minutes lors d’une victoire à Vérone (2-0), puis une absence de la feuille de match contre la Lazio, qui a vu les Milanais remonter un écart de deux buts. Sans M’Vila, donc, pour qui 2015 devrait être un tournant de carrière.
2015, l’année de la rédemption pour M’Vila ?
Annoncé comme l’un des futurs cracks du football européen il y a encore deux ans, Yann M’Vila joue aujourd’hui très gros en Serie A : au Rubin Kazan, il a disparu des radars à l’arrivée sur le banc de Rinat Bilyaletdinov. L’équipe de France, avec laquelle il a disputé un Euro et 22 matchs, semble à des années-lumière. Pour y retourner, il doit déjà jouer, et pour Sabri Lamouchi, le faire à l’Inter Milan peut être une superbe opportunité de se montrer : « Quand il est parti au Rubin Kazan, personne ne pouvait s’imaginer que le club suivant serait l’Inter Milan. C’est une chance pour lui de revenir, en Italie, dans un club aussi exposé, avec une grande histoire, même s’il n’arrive pas au meilleur moment de ladite histoire. Il doit se demander quelle direction il souhaite donner à sa carrière, mais ce passage à Milan est clairement l’opportunité de se remettre sur les bons rails. »
Guillaume Borne, ancien joueur du Stade rennais, est persuadé qu’en dépit de ses six premiers mois difficiles, son ancien partenaire est dans les meilleures dispositions mentales, car « c’est un gars qui aime le football et qui veut réussir. Sinon, il ne serait pas revenu en « Europe », à l’Inter, il continuerait tranquillement son bonhomme de chemin en Russie. » Pour l’actuel défenseur de Vitré, en CFA, M’Vila « se met clairement en difficulté pour revenir dans le circuit, et réaliser la carrière que son talent laisse supposer. N’oublions pas, il est encore très jeune. » . Il aura 25 ans à la fin de l’actuelle saison, de quoi savoir s’il se dirige vers une grande carrière ou non.
Sabri Lamouchi : « Il a les qualités pour jouer à l’Inter »
« Il est dur de juger sa première partie de saison à cause du contexte : son entraîneur était en sursis à chaque match, il a eu des soucis physiques. Tout va se jouer dans les cinq prochains mois, à lui de faire le nécessaire » insiste Lamouchi, pour qui M’Vila « a clairement les qualités techniques pour jouer à l’Inter et en Serie A » . Une opinion partagée par Guillaume Borne : « Sa qualité technique, sa qualité de passes, forcément, à un moment cela va lui permettre de se faire une place dans les plans de Mancini » . Chez les observateurs du club, certains théorisent que le départ de Mazzarri était la meilleure chose qui pouvait arriver à M’Vila, dont le profil est plus à même de séduire un entraîneur offensif comme Mancini. À Milan, où le joueur ne s’est pas encore fait remarquer pour la moindre frasque extra-sportive, il se dit qu’on aimerait activer une clause de l’accord avec le Rubin Kazan : à défaut d’aligner 9 millions d’euros pour acquérir le joueur, le club lombard peut prolonger le prêt jusqu’à juin 2016, contre un million d’euros supplémentaire. Histoire de donner un peu plus de temps d’adaptation à un joueur qui, après l’affaire de la sortie en boîte de 2012, avait surtout tenté de se faire oublier.
Par Nicolas Jucha