T’as commencé à jouer au foot à quel âge ?
J’ai commencé à jouer à 6 ans, j’ai été très tôt fan de foot, en général. Mes premiers souvenirs de spectateur remontent à 1989-1990, l’époque où Platini était sélectionneur. Le premier gros événement que j’ai véritablement regardé, c’est la Coupe du monde 1990, avec Matthäus, le but de Brehme… Depuis, je n’ai jamais lâché. J’ai joué jusqu’il y a 6-7 ans, en régional, dans l’Essonne. Quand j’étais étudiant, je jouais dans la région de Nantes. Ensuite, je suis parti en Irlande et j’ai taquiné la gonfle également. Je peux te dire que le niveau technique, c’est pas ça, dans ce pays. En France, je jouais 2 ou 6. En Irlande, ils me mettaient devant. Et j’ai planté ! J’avais les pompes David Beckham, gris métallisé, comme on n’en fait plus aujourd’hui. La classe.
Tu es supporter de Brest. Ça existe encore ?
Oui. Je supporte Brest parce que mon père supportait déjà le Stade brestois qui s’appelait « Brest Armorique » , à l’époque. Quand je jouais en poussin, je me rappelle avoir arboré le bonnet blanc et rouge « Brest Armorique » , avec le pompon. Gros souvenir. Malheureusement, je l’ai perdu en soirée. J’ai été bercé par le Stade brestois époque Charlie Chaker. On a également connu l’époque du Colombien Cabanas, de Goycochea qui est venu après la Coupe du monde, on n’a jamais compris comment, d’ailleurs. Probablement avec de l’argent qu’ils n’avaient pas vraiment. Il a joué six mois en D2, en 1991, c’était l’attraction.
Et cette année, ça donne quoi, le Stade brestois ?
On est calé en Ligue 2, 19e avec 20 points. Cette équipe n’a pas trop bougé avec Bernard Mendy, Bruno Grougi capitaine. Lui, c’est un super joueur, avec un look incroyable. Il a eu un problème de mental l’an dernier, a priori. Il ne plantait plus ses coups francs, il était remplaçant assez souvent, il n’y arrivait plus avec Chauvin.
Que devient Paul Baysse ?
Il s’est blessé en match amical l’an dernier. J’ai un pote qui s’occupe de la comm’ du Stade brestois qui faisait du surf avec lui. Baysse est originaire de Bordeaux. Cheveux longs égale surf, bien entendu, t’auras compris… Le gars s’est blessé aux croisés à la trêve en amical, contre Plabennec il me semble. Du coup, il n’a pas joué la suite de la saison, c’est aussi pour ça que Brest est descendu, à mon avis. Et derrière, le mec est transféré à Saint-Étienne. Le club est aussi descendu avec le départ de Ben Basat à la trêve, pour 2 millions. Quand tu vois que le mec ne joue même pas à Toulouse et qu’il se fait doubler par un Danois sorti de nulle part (Braithwaite, NDLR) et recruté pour que dalle. Quand tu vends le seul mec qui peut te mettre 10 buts dans la saison, c’est limite. C’est comme si Nantes vendait Djordjevic.
Tu penses que les Brestois sont de vrais supporters ?
Ouais. Avec ce stade mythique, qu’on a visité avec le groupe. Ça fait partie de ce genre de stade où tu t’introduis comme ça, sans surveillance. Il y a des vrais supporters, ils sont vraiment dedans, ils gueulent. Pour moi, les vrais supporters, tu les vois en déplacement. Quand les mecs sont là, à l’extérieur et qu’ils foutent le bronx. J’avais vu un Laval/Brest en D2 et ceux qui gueulaient le plus, c’était les Brestois. D’ailleurs, je ne sais pas si t’es au courant, mais le centre de formation de Laval s’appelle « Michel Le Milinaire » . Ils l’ont perdu quand ils ont chuté en National. Puis ils sont remontés et l’on reconstruit, réactivé.
Il y a toujours des gourous en Bretagne ?
Oui, Raymond Kéruzoré à Brest. Le Millinaire aussi, qui est parti entraîner Rennes. Kéruzoré a mené Brest vers la plus belle saison brestoise en Ligue 1, en 1987. Ils avaient dû finir 11es (8es, NDLR), je crois. Milieu de tableau, ce qu’ils n’ont pas su faire avec Dupont et Chauvin, plus récemment.
Dupont, qui est revenu cette année…
Oui. Et là, anecdote marrante, toujours avec le même pote qui bosse à la comm’ du club. Il a fait une super opération de marketing : en faisant poser Dupont sur une affiche et le slogan suivant « Je reprends ma place, et vous ? » Carton ! Au moins autant d’abonnés qu’en Ligue 1. En plus, quand tu recrutes un mec qui s’appelle Pandor devant, pour jouer dans la boîte… Dominique Pandor. C’est magique.
Comment vois-tu le retour du FC Nantes en Ligue 1 qui fait frémir tous les clubs de l’élite ?
Alors attention. Il faut se souvenir que la saison où Brest est monté, exactement sur le même schéma que Nantes actuellement, groupe sans trop de recrues au mercato, bande de potes, etc, Brest s’était retrouvé 1er au bout de 12 ou 13 journées. 27 points à la trêve, confort. Ensuite, ils avaient fait une deuxième partie de championnat dégueu et ils s’étaient maintenus à la dernière journée. Je dis ça parce que je ne suis pas un pro-Nantais, mais il faut se méfier.
Pourquoi tu n’aimes pas le FCN ?
J’ai vécu à Nantes, quand j’étais étudiant, au moment où on a monté le groupe. Je me suis retrouvé à être un Parisien qui débarquait dans cette ville vu que je suis originaire de la capitale. J’ai découvert un vrai truc anti-Paris là-bas, un truc que tu retrouves un peu partout en province. Tu sens que le PSG est vraiment mal aimé. En Allemagne, c’est encore plus hardcore. Tu as peut-être 25% des gens qui supportent le Bayern et le reste les déteste. Du coup, quand il y a des Dortmund-Bayern, j’en parlais avec la chanteuse du groupe qui vient de la région d’Hambourg, supportrice du Werder, tous les mecs qui supportent Brême, le Hertha, Mönchengladbach sont pour Dortmund. C’est « tout sauf le Bayern » . Parce que pour eux, ça représente vraiment un truc. Et d’une certaine manière, c’est la même histoire avec le PSG.
J’ai compris que Jordan Ayew était une grosse escroquerie
Revenons à Nantes. Ils font quand même un super début de saison !
Oui, c’est clair. Surtout avec des mecs, qui, quand tu analyses leurs blazes, sentent fort l’erreur de casting. « Lucas Deaux » , « Jordan Veretout » , « Papy Djilobodji » , on a l’impression qu’on est en train de commencer une partie sur PES sans les licences. Rudy Riou dans les bois… La filière vénézuélienne aussi, c’est sympa. Avec Aristiguieta qui ressemble à tout sauf à un joueur vénézuélien.
Quelle a été ta plus grande émotion footballistique ?
Je ne vais pas faire du classique avec France 98. En Irlande, j’ai découvert les paris sportifs qui, à l’époque, étaient moins ouverts en France. Et t’avais vraiment possibilité de parier sur tout et n’importe quoi. Il y avait une grille de 10 matchs et t’avais le choix entre trois divisions dans trois pays différents. J’ai parié sur la D3 écossaise et je me suis fait 30€ : c’est la seule fois où j’ai gagné quelque chose, d’ailleurs. Je fais le lien avec ma grosse émotion footballistique puisque j’ai vu un Celtic-Kilmarnock à Celtic Park. On avait un coloc’ écossais d’Édimbourg qui était fan du Celtic, catholique. Le mec nous fait une surprise en nous invitant un week-end chez lui et son père, grande classe, nous lâche ses 4 places abonnés au 4e rang à Celtic Park, à l’époque de Hartson, le roux. Et avec Diambobo Baldé ! Tu voyais les supporters avec le numéro 6, maillot floqué « Bobocop » , son surnom là-bas. C’est vraiment un gros souvenir. En France, j’avais l’habitude de voir des matchs, mais là j’étais près de la pelouse, sans grillage et t’entendais les mecs gueuler sur la pelouse. Je me souviens d’Alan Thompson et de Neil Lennon qui braillaient énormément.
Avant notre entretien, tu me disais avoir vu le fameux PSG-Real 1993 ?
Oui, c’était avec mon père, au Parc. 4-1 à l’arrivée avec le but de Kombouaré, casque d’or. Celui de Valdo, de Ginola… J’avais le maillot « Tourtelle » sur les épaules. Derrière, sur les gros clubs, je suis plutôt pour Paris, par attachement de proximité.
Tu sens toujours la même haine vis-à-vis du PSG, cette saison ?
Je pense que les gens aiment de plus en plus le PSG parce qu’ils voient une équipe française capable de gagner des gros matchs de Champions League. J’ai vu le Classico, et lors de ce match, j’ai compris que Jordan Ayew était une grosse escroquerie. Déjà, un mec avec une crête peroxydée, c’est pas bon signe. On voit où a fini Djibril Cissé l’année dernière… D’ailleurs, tu sais que j’ai été en Ukraine pas très loin de l’endroit où il jouait. Enfin pas très loin, c’est relatif. J’étais à Odessa pour le mariage d’un pote. Je matais la carte et je voyais « Krasnodar » , le bled de Djibril Cissé. Lui, on a l’impression qu’il dira toute sa vie : « J’ai envie d’enfiler à nouveau le maillot bleu. » Qu’il joue en PH, en vétérans ou au Paris Foot Gay. C’est beau. Pour en revenir au classico donc, Payet, lui, confirme qu’il est branché sur courant alternatif. T’as des gens qui te disent « ouais, grosse qualité technique ! » … On le voit dans les matchs contre les équipes moyennes, mais après, dans les gros matchs il n’y a plus personne. Les jeunes qu’ils ont recrutés, Mendy, Imbula, c’est pas mal. Mais pour la Ligue des champions on l’a vu, c’est beaucoup trop juste. D’ailleurs, les centres de Benjamin Mendy au troisième poteau ressemblent étrangement à ceux de Bernard. Y aurait-il un lien de parenté ? Je pose la question.
La belle histoire de Yalta Club, c’est aussi la rencontre avec Corinna, la chanteuse du groupe…
On l’a rencontrée à Paris, elle faisait un footing. Elle était en Erasmus. À l’époque, on ne cherchait pas spécialement de chanteuse, mais elle nous a proposé de jouer avec nous et, de fil en aiguille, ça s’est bien passé et elle est devenue membre permanent du groupe. On a découvert qu’elle était très sportive, elle a été volleyeuse au niveau national en jeunes. Elle joue encore, d’ailleurs. Cet été, elle a participé au championnat de France de beach-volley, discipline assez peu développée en France. Tu sais qu’il y a des exigences très strictes concernant la taille du maillot, en beach-volley. Tu ne peux pas jouer en baggy-short. Aspect marketing ou sexiste, ça dépend de quel côté on se met. Tout ça pour dire qu’elle est fan du Werder. Et il se trouve que nous sommes fans du Werder aussi ; on a des potes qui ont créé une coupe qui s’appelle la Coupe Erwin Kostedde qui vient du fait qu’un de nos potes vient de Laval et s’est expatrié à Brême. Pourquoi ce nom de coupe ? Parce qu’Erwin Kostedde est le seul joueur qu’on a trouvé qui a joué à la fois pour Laval et le Werder. La coupe se tient depuis 7 ans, une fois en France, une fois en Allemagne. On l’a délocalisée à Valence l’an dernier, en Espagne et cette année, elle aura lieu à Nantes.
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