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Yacine Aldi, la meilleure qualité au meilleur prix
Placardisé comme Rabiot au PSG pour avoir refusé d’être prêté cet hiver, Yacine Adli, né à Vitry-sur-Seine, a choisi l’exil du côté de Bordeaux. Une façon pour le gamin de 18 piges d’enfin lancer une carrière qui n’attend que ça, pourquoi pas même dès ce samedi au Parc des Princes.
Couper le cordon n’est jamais une épreuve facile. Pour Yacine Adli, majeur depuis un peu plus de six mois, en revanche, la décision de quitter le nid familial de son club formateur s’est prise tout naturellement. « Je reste parisien. J’ai ma famille là-bas. Mais chacun trace sa route. Je remercie énormément le PSG pour tout ce qu’il a fait pour moi. Je suis très content d’y avoir signé mon premier contrat professionnel. C’était une grande fierté. » expliquait Adli ce vendredi au quotidien Le Parisien. Une sorte de point final couché sur une page vierge, qui n’attendait pourtant qu’à être noircie. Mais pas à n’importe quel prix.
Convoité puis snobé
Le juste prix, le PSG pensait l’avoir trouvé l’été dernier en se battant jusqu’à son dernier souffle pour conserver le Titi d’or 2017. Nasser Al-Khelaïfi en personne s’était mêlé du dossier, en offrant un salaire mensuel autour de 60 000 euros à Adli, une prime à la signature d’un million d’euros et surtout des garanties sportives. Qui n’ont certainement pas été tenues, certainement au grand dam d’Adli, qui n’a goûté à l’élite que sept minutes en tout et pour tout. C’était en mai 2018, face à Caen, sous la houlette d’Unai Emery.
Le nouvel entraîneur d’Arsenal avait d’ailleurs tenté d’emmener dans ses bagages Adli, avant que ce dernier ne signe son premier contrat pro au PSG. Adli attend alors désespérément son heure qui ne viendra finalement jamais. Boudé par Tuchel, prié par Antero Henrique de partir en prêt dès mi-décembre, il décide de mettre les voiles tout en refusant la proposition du directeur sportif portugais. Adli ne veut pas faire un aller-retour de six mois, comme Rabiot à Toulouse en son temps. Non, Adli veut être libre, quitte à froisser Henrique et être mis au placard quelques semaines. Un choix fort à seulement dix-huit ans, que l’intéressé affirme avoir bien vécu : « Je ne regrette rien. Même si je n’ai pas eu de temps de jeu lors des six derniers mois à Paris, je suis content de les avoir faits. J’ai été au contact au quotidien de grands joueurs. J’ai progressé. » Irréprochable, Adli l’est tout autant dans son attitude, et notamment sur les réseaux sociaux où il n’hésite pas à calmer le jeu sur un post ironique d’Adrien Rabiot dans lequel il apparaît. Jusqu’à ce que la délivrance, qui répond au nom de Bordeaux, n’arrive en l’échange d’un chèque de 5,5 millions d’euros. Enfin.
La Gironde comme refuge
« Mon transfert s’est fait un peu vite, mais il n’y a pas eu de complication avec Paris. Mon agent a eu des contacts avec Bordeaux. J’ai immédiatement eu la sensation que le projet bordelais serait bon pour moi. Tout m’a séduit. Le cadre est idéal pour apprendre. » Chez les Girondins, le nouveau numéro 19 vient apporter du sang neuf dans un secteur qui en manque cruellement. Son profil hybride, à mi-chemin entre un relayeur et un créateur, peut totalement convenir à une équipe bordelaise qui peine à inventer dans les trente derniers mètres.
C’est en tout cas l’avis de son ancien entraîneur de la réserve du PSG, François Rodrigues, qui l’a décrit pour Sud-Ouest : « Des passes qui cassent les lignes, parfois même déroutantes, une force de pénétration assez incroyable par rapport à son gabarit, une bonne frappe. Pour moi, il arrivera à maturité d’ici un an. Après le curseur, c’est lui qui va le mettre. » Un premier élément de réponse qui pourrait arriver dès ce samedi en fin d’après-midi, lors du déplacement au Parc des Princes de l’équipe d’Eric Bédouet. Une rencontre loin d’être anodine, histoire de revenir là où tout a commencé : « Si je devais disputer mon premier match avec les Girondins au Parc, l’histoire serait belle. Ce serait même super ! » , confiait récemment Adli. Le gamin a faim, et attend maintenant son plat.
Par Andrea Chazy