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Y a-t-il un pilote dans l’avion ?
Thiago Silva peste contre le calendrier, Ibrahimović se fait des plans humanitaires dans son coin et à ciel ouvert, des dirigeants compétents mais silencieux, un poste de directeur sportif vide depuis 16 mois : au fond, qui dirige vraiment le PSG ?
Les amoureux de Paname ont deux rêves. Le premier consiste à imaginer le retour de Leonardo aux manettes. Le second découle de l’impossibilité de voir le premier se réaliser, c’est-à-dire avoir un président – en l’occurrence Nasser al-Khelaïfi – qui assure après chaque match le SAV et la mauvaise foi habituelle devant les micros et sur Twitter. Un Jean-Michel Aulas 2.0 en gros. Un mec qui gueule et défend son club en toutes circonstances, même quand il n’y a rien à défendre, afin que l’on ne parle que de lui et pas du reste.
Au PSG, il n’y a rien de tout ça…
Hubert Fournier balance une saloperie sur Zlatan Ibrahimović avant le match face à Lyon ? Personne ne répond. José Mourinho fait le mariole ? Personne ne répond. Jean-Michel Aulas parle de l’arbitrage ? Personne ne sort de sa réserve. Au fond, au PSG, personne ne parle. Ah si, les joueurs parlent. À la sortie du match contre Caen, c’est d’ailleurs Thiago Silva qui a pris la parole pour dénoncer dans les médias la gestion du calendrier. « La Ligue doit penser aux équipes comme nous qui jouent quatre compétitions. Jouer trois jours avant Chelsea, ce n’est pas normal. On aurait dû nous protéger. » Une ligne de conduite respectable, mais qui aurait dû atterrir dans la bouche d’Al-Khelaïfi ou de Jean-Claude Blanc, les deux patrons du club sur le papier. Au quotidien, qui gère le PSG ? Personne ne le sait vraiment. Al-Khelaïfi est un homme qui a parfaitement su s’intégrer dans le paysage français, mais le Qatari vit dans le monde des Bisounours. Brandão ? « Une sanction à vie » . La victoire face au Barça ? « La plus belle victoire de ma vie » . La défaite au Nou Camp ? « La dernière de la saison » . Tout est dans la demi-mesure avec le président parisien. Pis, le grand patron ne déborde jamais. Il doit plaire. Et à tout le monde. On aimerait tellement voir le patron du club de la capitale taper du poing sur la table, utiliser la mauvaise foi à outrance, râler, gueuler, dire que le PSG « dérange » ou n’est « pas aimé » .
Le genre de truc qui permet de se dire que le taulier est dans la place. Au vrai, ce rôle allait comme un gant à Leonardo, l’ancien directeur sportif. Des sorties virulentes sur le football français, l’arbitrage ou les polémiques. Entre deux pouces levés, Leo envoyait chier tout le monde dans un costard Smalto. Ou comment faire un « fuck » avec une certaine idée de la classe. Depuis le départ du Brésilien, Olivier Letang est dans la place avec l’étiquette de directeur sportif adjoint. Adjoint de qui ? Bonne question. Toujours est-il que l’ancien pensionnaire du Stade de Reims est publiquement présenté comme celui qui a solutionné le problème de stationnement du centre Ooredoo et consolé Verratti après Barcelone. Quant à Jean-Claude Blanc, passé par l’organisation des JO de 2006, ainsi que la Juventus Turin, le grand public n’a jamais entendu le son de son organe vocal, alors que l’homme est brillant et compétent. En gros, dès que le navire tangue, Laurent Blanc se retrouve seul au front, à prendre des coups sans personne pour utiliser la technique du paratonnerre médiatique.
Ibrahimović en roue libre
Symbole d’un club en freestyle complet au quotidien, l’explication de texte organisée par Zlatan Ibrahimović, dimanche, pour son action visant à lutter contre la faim dans le monde. Averti après son but face à Caen pour avoir exhibé ses faux tatouages, le Suédois a confirmé lors d’une conférence de presse qu’il avait lui-même demandée, les raisons de son engagement… personnel. « Ce projet est en marche depuis deux ans. Il y a beaucoup de travail derrière. Tout ce qui est arrivé samedi n’était pas planifié. Faites-moi confiance là-dessus. Tout était spontané. Quand j’ai débuté le match avec tous ces tatouages sur moi, je me suis dit qu’arriverait ce qui arriverait. Que cela arrive après deux minutes était du bonus. On dirait que c’était supposé arriver… » Et voilà comment la figure de proue du PSG se retrouve à communiquer – pour la bonne cause – en plein match sans prévenir personne. Incroyable.
De par son aura, son talent et sa gouaille, Ibra s’est imposé comme la principale source de communication du club. Cela montre deux choses : l’importance du Z dans la capitale. L’absence de porte-parole officiel du club. Quand on sait que Nasser al-Khelaïfi doit parfois jongler entre ses opérations de VRP au Qatar – comme lors des championnats du monde de handball ou le tournoi ATP de Doha -, son poste à la LFP et ses relations particulières avec beIN Sports, ça ne laisse pas énormément de temps pour balancer des saloperies sur Twitter sur un arbitrage maladroit ou un but refusé pour hors-jeu. Actuellement, l’organigramme du Paris Saint-Germain est trop flou pour vraiment comprendre le plus important : qui fait quoi. Pour un club qui s’apprête à disputer un huitième de finale de Ligue des champions pour la troisième fois de suite, ça fait quand même bizarre.
Par Mathieu Faure