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Xherdan Shaqiri : le retour du gros vélo à Lyon
Un offensif polyvalent de poche qui aime rentrer faux pied et capable d’envoyer de sacrées sacoches de loin, ça ne vous rappelle rien ? En recrutant Xherdan Shaqiri, l’Olympique lyonnais renoue avec un profil qui lui manquait et qui n’est pas sans rappeler celui de Mathieu Valbuena.
L’Olympique lyonnais n’est pas un club d’ailiers. Pour retrouver un semblant de trace de bouffeur de craie dont le passage entre Rhône et Saône a été une réussite, il faut remonter à 2010 et Sidney Govou. Depuis, et si l’on occulte le cas Bertrand Traoré, c’est un autre profil plus complet que les Lyonnais chérissent : le milieu excentré polyvalent. Xherdan Shaqiri rentre dans cette case, comme Mathieu Valbuena avant lui. Mais il ratisse encore un peu plus large que le Français. À son bagage technique, on peut déjà ajouter une belle expérience. Formé à Bâle, il s’échappait ensuite trois ans au Bayern Munich, mais manquait son passage à l’Inter. Direction l’Angleterre où il rejoignait Stoke City et Liverpool, trois ans dans chaque club. Résultat : 19 trophées, auxquels on peut ajouter 96 sélections avec la Suisse, dont il est le dépositaire du jeu incontesté. À chaque fois ou presque, Shaqiri a impressionné, dans la continuité ou par fragments. Depuis les départs consécutifs de Nabil Fekir et Memphis Depay, l’OL peine à retrouver ce profil capable d’enflammer un match sur une prise de balle. Comme eux, il est un excellent frappeur de coups de pied arrêtés. Et plus qu’eux, il est un tireur d’élite. De quoi faire oublier à Peter Bosz l’ailier supersonique tant désiré (comme Leon Bailey ou Moussa Diaby, deux de ses joueurs les plus utilisés à Leverkusen). Avec cette signature, le Néerlandais récupère deux mollets disproportionnés, mais surtout un profil malléable selon le dispositif, capable d’occuper tous les postes de l’attaque.
Shaqiri has been directly involved in 51 goals in 96 Switzerland games #EURO2020 pic.twitter.com/xnLfZKGaGj
— UEFA EURO 2020 (@EURO2020) July 2, 2021
Plus gros salaire et forçat de travail
Balle au pied, le Suisse, ailier faux pied petit et trapu à l’aise dans les petits périmètres, a de vraies similitudes avec Mathieu Valbuena (même s’il est sans doute intrinsèquement plus talentueux). Mais il y a une différence contextuelle énorme. En 2015, quand Petit Vélo signe à Lyon, il débarque avec le statut d’international français et le salaire qui va avec. Surtout, il traîne les débuts de l’affaire de la sextape, terreau peu propice à la réussite sportive. Globalement, il a facturé 12 buts et 14 passes en 76 matchs, ce qui n’est pas si mal. Shaqiri arrive à l’OL pour 6 millions d’euros et 350 000 € mensuels, soit le plus gros salaire du club. Grosso modo comme Valbuena point de vue économique. Pour le reste, rien de comparable donc. Quand un projet sportif lui plaît, Shaqiri fonce et n’hésite pas à ouvrir sa gueule si quelque chose ne va pas : « L’infrastructure de l’Inter est honnêtement une honte, vociférait le Suisse à Spox en 2016. Nutrition, régénération, analyse des performances, séances d’entraînement variées… C’est décevant. » Un niveau d’exigence hérité de ses expériences au Bayern ou en Angleterre qui ne devrait pas déplaire à Peter Bosz, dont les exercices sont réputés énergivores. Et en cas de relâchement, son entourage veille au grain : « Je ferais mieux de ne pas appeler mon père directement après un match, confiait-il à Aargauer Zeitung. C’est mon plus grand critique. Même quand je marque trois buts, il pense que ça aurait pu être cinq. » Trois buts par match, cela devrait suffire à contenter les supporters lyonnais.
400 corners pendant un entraînement
Certes, on peut douter des capacités de l’Helvète à réaliser le 100m en moins de dix secondes. Mais il arrive avec de vraies certitudes : sa créativité et surtout son explosivité compensent toutes ses carences. « Je n’aimais pas le football italien, précisait-il à Spox. C’était très lent, très tactique. Il était difficile d’utiliser mon explosivité. J’ai dû tirer 200 corners de chaque côté pendant deux heures durant un entraînement. Je n’avais jamais connu cela auparavant. » Qu’il se rassure, il ne vivra pas ça à Lyon. Parole de Bruno Guimarães, heureux comme un gamin sur OLTV après les premiers entraînements signés Bosz : « Il y a beaucoup de jeu durant les séances. On travaille juste le foot. On n’a pas besoin de courir autour des terrains. Tout le monde est content. » Les ingrédients sont là, il ne reste plus qu’à réussir la recette.
Par Emile Gillet