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Xabi Alonso, capitaine normal

Par Robin Delorme, à Madrid
6 minutes
Xabi Alonso, capitaine normal

A 13 comme à 31 ans, Xabi Alonso est toujours resté le patron. Un rôle sur mesure qu’il doit à une droiture toute basque, une éducation « normale », dixit un proche de la famille, et un apprentissage sur la plage et sous la pluie. Portrait d’un homme mûr et qui compte le rester ce soir face au Borussia.

Tête levée, buste droit, Xabi Alonso respire l’élégance. Jeu court, transversale millimétrée, faute « intelligente » – exceptée celle de la semaine passée – Xabi maîtrise l’art de la passe et dicte son tempo. Bref, il ne manque pas grand-chose à Xabi Alonso. A l’instar d’un métronome, il distribue aujourd’hui la partition merengue sans fausse note. Une constance depuis ses premiers touchers de balle à l’Antiguoko, club de ses débuts. Car le natif de Tolosa, commune de la province de Giupuscoa, est un homme racé, éduqué et décidé. En somme, un patron. « Il a toujours été plus mature que les autres, il était toujours bon en cours. Tout ceci est en grande partie due à son éducation familiale. Son père, un ancien bon joueur de football, ne lui a jamais fait de cadeaux. Par exemple, il n’est jamais venu au club pour demander à ce que son fils joue plus ou joue moins. Il a très jeune responsabilisé son fils » , nous résume en quelques mots Iñigo Elarre, son entraîneur à l’Antiguoko durant deux ans. Sans faire de vague, la plus fameuse barbe rousse d’Espagne se rêve en « homme normal » alors qu’il est érigé en modèle. Un modèle de maîtrise.
« A 15 ans, j’avais l’impression de parler à un adulte »
Dès son plus jeune âge, Xabi Alonso tutoie le cuir. Dans cette famille portée sur le football – son père, Miguel Ángel Alonso, ayant gagné à deux reprises la Liga avec la Real Sociedad – il apprend à maîtriser la pelota sur les plages de San Sebastian. « Ici, les jeunes suivent une vieille tradition, explique Iñigo Elarre. Depuis près de 69 ans, ils se retrouvent pour jouer sur la plage, la Concha. Ici, les finales des tournois de la Concha sont très importantes, mais vraiment très, très importantes. Au Pays Basque, beaucoup de jeunes ont appris à jouer sur la plage » . Xabi ne déroge pas à la règle. En compagnie de Mikel Arteta, Andoni Iraola et Aritz Aduriz, il parfait son apprentissage sur un terrain trompeur et en domine les imperfections. « C’est un souvenir d’un football pur, de levers matinaux, de pluie et de froid. Mais un souvenir merveilleux, décrit Xabi Alonso dans El País. Les cages étaient démontées dans des locaux et nous devions tout monter : les poteaux, les lignes, les drapeaux… C’est une école du football très curieuse et intéressante. Tu apprends à te sacrifier, à partager, à trimer, à savoir que sans rival il n’y a pas de jeu » .
Les plages de la Concha vont par la suite laisser place aux prés de l’Antiguoko. Dans ce club de quartier de San Sebastian, il poursuit sa progression aux côtés du formateur Iñigo Elarre. Très vite, l’élève dépasse le maître. « Alors qu’il n’avait que 15 ans, j’avais l’impression de parler avec un adulte. Il semblait être beaucoup plus vieux que son âge réel, nous confie son entraîneur d’alors. A cet âge-là, lors du dernier entraînement de la pré-saison, il se casse le bras. Blessé, il ne pouvait pas jouer les cinq premières journées de championnat. Il est pourtant venu à tous les matchs et s’est posé sur le banc de touche, près de moi. Lors de chaque match, il n’a pas arrêté de donner des ordres tant et si bien qu’il semblait être l’entraîneur ! Il ne gueulait pas, mais il replaçait ses coéquipiers, donnait des consignes tactiques. Moi, je n’avais qu’à me taire. Normalement, à cet âge-là, aucun joueur n’a une telle vision tactique. Lui l’avait » . Alors, précoce le Xabi ? Pas vraiment. Tout cela tient d’une éducation bien soignée : « Que ce soit les Arteta, les Iraola, les Aduriz, tous ces joueurs qui sont sortis de chez nous, ils sont tous restés les mêmes : ils ont tous le même profil humain » , dixit notre interlocuteur.
« Un joueur d’une autre époque »
Et ont tous comme point commun cette identité basque. « Notre club est très familial et nous les connaissons depuis que ce sont des enfants, relève Iñigo Elarre. Je ne sais pas si c’est le caractère des gens de San Sebastian ou des Basques qui veut ça mais ils sont tous responsables, ont tous été sérieux à l’école, sont tous de très grands professionnels avec une condition physique irréprochable » . Et n’oublient pas leurs origines : « « Il n’a jamais changé de caractère malgré sa célébrité. J’ai toujours son numéro, et si je veux l’appeler, il me répond directement. Ou alors il me rappelle tout de suite après (…). Il est toujours en relation avec l’Antiguoko. Il a maintenu le contact avec nous : dès qu’il vient à San Sebastian, il vient toujours rendre visite à ses anciens coéquipiers et aux membres du club. Pourtant, ce n’est pas vraiment évident pour lui. Par exemple, la dernière fois qu’il est venu au stade, tous les spectateurs sont allés le voir, lui demander des autographes, de se prendre en photo avec lui… Ce n’est pas une vie ça, mais pourtant, lui, il accepte sans broncher » . La célébrité ou les Unes n’ont jamais été son dada. Xabi préfère la sobriété car, comme le résume Iñigo, « Xabi peut paraître comme un joueur d’une autre époque avec son caractère. Tout cela, c’est pour des raisons familiales : il a été éduqué d’une façon très normale et naturelle » .
« Tu ne verras jamais Xabi au volant d’une Ferrari comme Ronaldo ou alors propriétaire de cinq voitures de luxe. Tout ce que fait Xabi reste dans la normale, il n’est jamais dans l’exubérance. Parce qu’il a envie de rester une personne normale » , synthétise l’ami familial. Dirigée par le football, sa vie ne se résume pourtant pas au simple ballon rond. « Il n’y a pas que le foot dans la vie pour Xabi. Par exemple, sa femme tient un magasin de vêtements à San Sebastian, et Xabi l’aide beaucoup » , continue Iñigo Elarre. Ancien de la Real Sociedad, il ne coupe donc jamais vraiment les ponts avec son ancienne ville. Et son ancien club. « Xabi est très fier de sa ville, de son ancien club. Je pense qu’il rêve de jouer une dernière année à la Real Sociedad, mais pas tout de suite. Il pense encore à jouer deux, trois ans au plus haut niveau » , glisse Pablo Polo, journaliste à Marca. Pour son futur, Iñigo Elarre l’imagine bien dans le rôle de l’entraîneur, dans un style à la Reynald Denoueix qu’il considère comme son géniteur footballistique. « Si demain, il arrête le football et veut devenir entraîneur, il sera un très bon entraîneur, prédit son ex mentor. Depuis qu’il est tout petit, depuis son dixième anniversaire, il dirige chaque équipe dans laquelle il se trouve » . On s’en serait doutés.

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Et si Gyan n’avait pas tiré le penalty d’Uruguay-Ghana en 2010 ?
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Par Robin Delorme, à Madrid

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