- Copa América 2019
- Gr. A
- Brésil-Venezuela
Wuilker Faríñez, félin racé
Comme prévu, Wuilker Faríñez est entré dans cette Copa América avec talent, autorité et singularité. Rien d'autre qu'une étape supplémentaire dans l'ascension dorée du crack vénézuélien, qui défie le Brésil pour son deuxième match dans la compétition.
À l’instar des chasseurs dans le domaine de la cynégétique, il y a des bons et des mauvais 0-0 dans le football. Et a priori, la double bulle que Péruviens et Vénézuéliens ont livré dans la nuit de vendredi à samedi heure française ferait plutôt partie de la première catégorie. Car la Blanquirroja a offert du frisson, déjà. Et parce qu’elle est tombée sur un dernier rempart de la Vinotinto ahurissant, aussi. Le parfait résumé de ceci est condensé à la 76e minute, avec un enchaînement de haute voltige du portier : sur beIN Sports, on se demande encore comment ce but annoncé d’Edison Flores a pu passer à la trappe. Sortir deux voire trois parades en moins de quatre secondes, il l’avait de toute façon déjà fait : l’Atlético Nacional, victime du phénomène en mars dernier pour une séquence qui a fait grand bruit, peut en témoigner.
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— beIN SPORTS (@beinsports_FR) 15 juin 2019
Wuilker Faríñez Aray, c’est d’abord un blase qui claque et qui reste difficile à égaler. C’est ensuite une précocité, elle aussi rarement observée : lancé chez les pros dès ses seize ans au Caracas FC (il a grandi dans la capitale, quartier de Nuevo Horizonte), titulaire en club et appelé en sélection A depuis ses 17 ans (il était numéro trois lors de la Copa América 2015), celui que l’on surnomme « El Felino » pour son agilité, ses réflexes, ses sauts de chat et sa gestuelle singulière a battu des records de rapidité dans à peu près tout ce qu’il a entrepris. Aujourd’hui, il réalise ses exploits du côté du Millonarios FC en Colombie. Avec Caracas, son plus gros fait d’armes aura été une période d’invincibilité de 689 minutes en 2015. Du jamais-vu chez les Rojos del Ávila. Là encore, le gamin n’avait alors que 17 ans.
Penaltys, Vanuatu et sirènes de la Liga
Ado et jusqu’à ses quatorze piges, il hésitait pourtant entre le champ et les bois. Des restes qui resurgissent parfois, comme le jour où il s’est fait un petit plaisir en transformant un penalty lors du Mondial U20 2017 au cours d’un succès fleuve face au Vanuatu. Un joli clin d’œil au sélectionneur Rafael Dudamel, actuellement à la tête des A et portier auteur d’un vingtaine de pions dans sa carrière. Cette compétition, la mini Vinotinto a d’ailleurs bien failli la remporter. Grâce notamment à un Faríñez en état de grâce, en ne s’inclinant qu’en finale contre l’Angleterre. La même année, sous le maillot des grands, lors de sa troisième cape à 19 ans, Faríñez stoppait un coup de pied de réparation d’Alexis Sánchez en éliminatoires du Mondial lors d’une défaite face au Chili. C’est que dans l’exercice des onze mètres, il s’est forgé une réputation de gros morceau.
Wuilker ne culmine qu’aux alentours du mètre 80, mais la sérénité et l’absence de pression qu’il dégage sur sa ligne font rapidement oublier sa taille. Auteur de tests au Real Madrid en 2014 qui n’avaient pas été concluants à l’époque, le joueur pourrait bientôt faire ses bagages direction l’Argentine, le Mexique ou l’Europe (on parle notamment d’un intérêt du Barça). Après avoir récemment sorti des prestations étincelantes sous la tunique nationale (il a par exemple écœuré Messi et consorts en mars, lors d’une victoire 3-1 contre l’Albiceleste), il vient en tout cas de confirmer dès son entrée en lice (son septième clean-sheet en quinze sélections) qu’il ferait bel et bien partie des raisons pour lesquelles ces trois semaines brésiliennes seraient un régal. 0-0 ou pas, et en dépit des chasseurs de but qu’il croise.
Par Jérémie Baron