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Wrecking Bâle
De retour en Ligue des champions pour la première fois depuis deux ans, Manchester United retrouvera mardi soir le FC Bâle qui l’avait brutalement éliminé en 2011.
Les répétitions de protocole, le déplacement des conférences de presse dans l’Europa Suit, tout cela, on connaissait déjà. Mais face à la presse lundi, José Mourinho a ajouté de la gravité dans le texte, alors que Manchester United, dans les starting blocks de la série la plus abordable de la phase de poules avec Benfica, le CSKA Moscou et le FC Bâle, ouvrira sa campagne européenne mardi soir à Old Trafford avec quelques retouches (Smalling-Lindelöf dans l’axe). Extraits : « On sait ce que représente le retour du club en Ligue des champions. Manchester United retrouve son milieu naturel. Pour certains, il y aura l’excitation de disputer un premier match de C1, on est dans un état d’esprit conquérant et positif, et j’espère qu’Old Trafford ressent la même chose que nous. » L’histoire, d’abord : voilà maintenant deux ans que Manchester United attendait de retrouver la ferveur des soirées de C1. Les faits, ensuite : depuis la défaite à Wembley face au Barça (1-3) en finale de l’édition 2011, United a pris la porte deux fois dès les poules – en 2012 et 2016 – et n’a surtout pas tapé plus loin qu’un quart de finale, face au Bayern, au printemps 2014. Rien d’illogique pour un club « figé dans le temps » depuis plusieurs saisons comme l’a expliqué Mourinho dans un entretien donné au Sunday Times il y a quelques jours.
« D’autres clubs ont évolué, mais à Manchester United, rien n’a bougé. Aujourd’hui, tout se reconstruit, mais il y a eu une grosse période de vide dans certains secteurs décisifs » , a même précisé le Portugais. Après une première année marquée par une victoire en C3 – « la meilleure façon d’accélérer le processus d’évolution est de gagner… car les succès amènent le sourire » – et une sixième place sans saveur en championnat, United a débarqué dans cette nouvelle saison avec autorité : leader après quatre journées, un statut de meilleure attaque (12 buts), et une identité de jeu qui commence doucement à se dessiner. Au-delà des chiffres, c’est surtout un état d’esprit et une certaine idée de l’humilité que souhaite afficher aujourd’hui Mourinho. Là où Ander Herrera a confié sa volonté « de ne pas oublier » d’où revient ce groupe, le coach portugais a répondu par la référence : « Être humble, c’est d’abord admettre que notre adversaire vient avec des ambitions similaires aux nôtres et qu’il peut parfaitement venir ici, comme il l’a fait par le passé, et nous jouer un mauvais tour. » Comme un soir d’hiver 2011.
« Il faut se préparer au pire, les gars »
Un autre monde, une autre époque et surtout un jour où Manchester United, vice-champion d’Europe, était venu jouer sa tête au Parc Saint-Jacques de Bâle avec Ferguson sur le banc, la paire Vidić-Ferdinand derrière, Rooney et Giggs aux commandes. L’issue, surtout, d’une campagne européenne désastreuse, marquée par un nul miraculeux face au même Bâle (3-3) dès la deuxième journée et ces mots de Ferguson dans le vestiaire d’Old Trafford : « On ne mérite pas de se qualifier quand on ne sait pas gagner ses matchs à la maison. Il faut se préparer au pire les gars. » Après l’aller, le capitaine suisse, Marco Streller, racontait avoir vu « des joueurs de Manchester United qui ne nous ont pas pris au sérieux lorsqu’ils menaient 2-0 » . Puis, la suite de cette phase de poules historique : deux victoires contre Galați (2-0, 2-0) et un nul contre Benfica à Old Trafford (2-2) avant un dernier déplacement décisif à Bâle.
Un voyage brutal et symptomatique d’une équipe en déclin, qui verra Streller ouvrir rapidement le score après une sale erreur de De Gea, Vidić sortir sur une blessure au genou et Frei faire sauter l’histoire à six minutes de la fin, transformant Manchester United en premier finaliste éliminé dès le premier tour de la C1. Le but de Phil Jones n’y changera rien, et United sera balayé quelques semaines plus tard en huitième de finale de la Ligue Europa face au Bilbao de Bielsa. « Nous méritons notre sort » , lâchera même Patrice Évra lors du naufrage de Bâle, là où Frei évoquera « un miracle » plus qu’un exploit. Deux ans plus tard, Bebbi enchaînera avec un deuxième casse à Stamford Bridge (2-1). Streller restant dans la peau du cerveau de l’opération. La légende est aujourd’hui devenue directeur sportif du géant suisse, battu pour la seconde fois de la saison ce week-end face à Lausanne (1-2), et a affirmé cette semaine croire en un nouveau miracle. Sacré Marco.
Par Maxime Brigand