- C1
- J6
- Wolfsburg-Manchester United (3-2)
Wolfsburg éjecte Manchester United de la C1
Condamné à la victoire en Allemagne, Manchester United s'est finalement incliné à Wolfsburg (3-2) dans la finale du groupe B. United quitte la compétition par la petite porte alors que le PSV, vainqueur au bout du suspense du CSKA, accompagnera les Allemands en huitièmes.
VfL Wolfsburg 3-2 Manchester United
Buts : Naldo (14e, 84e) et Vieirinha (29e) pour Wolfsburg // Martial (10e) et Guilavogui (CSC, 82e) pour Manchester United
Le destin est un salaud, mais un salaud comme les autres : un soir de Ligue des champions, il veut prendre du plaisir. Dans un match complètement dingue où l’enjeu n’a absolument pas inhibé les 22 acteurs, tout a basculé en quelques secondes. Heureux d’égaliser à 2-2 sur un CSC improbable de Josuha Guilavogui, les joueurs de United ne se doutent peut-être pas qu’à ce moment précis, le PSV, en galère face à Moscou, leur offre la qualification sur un plateau. Seul bémol, deux minutes plus tard, Naldo remet les siens en selle pendant que le PSV reprend l’avantage face au Russes. On vous l’a dit, le destin est un salaud. Mais quel pied les supporters de Wolfsburg ont dû prendre ce mercredi soir…
Draxler, le sommeil et la vitesse
Si c’est moins le cas pour ceux des Diables rouges, force est de constater que leurs idoles prennent le match par le bon bout. Pourtant, dès l’échauffement, les cadres de Louis van Gaal, de Mata à Smalling, avaient chauffé à blanc les gamins de United. Une bande de gosses, Martial-Depay-Lingard, qui s’occupait ce soir de l’animation offensive de Manchester avec une moyenne d’âge d’à peine 22 ans, le tout entouré de l’expérience du distributeur maison, Juan Mata. D’entrée, Manchester United impose un pressing très haut comme prévu. Le bloc bien organisé de Van Gaal joue, tient le ballon, mais se fait surprendre par une superbe déviation de Max Kruse pour le champion du monde André Schürrle qui frappe nettement au-dessus. Les deux équipes se battent au milieu avec de premières failles dans les défenses, Wolfsburg enchaînant de nombreuses erreurs de relance. Des erreurs que les Allemands payent cash sur une action partie de la surface mancunienne et conclue parfaitement par Anthony Martial, vingt ans à peine et chef de meute de United. La Volkswagen-Arena vient de trembler pour la première fois.
Sauf que les failles du duo brésilien des Loups, Naldo-Dante, sont largement compensées par leur apport sur les phases arrêtées. Quelques minutes après l’ouverture du score de Martial, Rodríguez claque un coup de patte magique et laisse la classe de Naldo parler. De Gea est battu, la finale est lancée. Le rythme est intense, l’air est irrespirable alors que, virtuellement, les deux équipes sont, à ce moment-là, qualifiées pour les huitièmes. Benaglio le fébrile enfile alors son costume de sauveur et détourne une tête à bout portant de Fellaini, lâché par Dante. Wolsburg est tendu, alors que ses génies décident de se réveiller. On joue la demi-heure de jeu, échange de deux transversales, Draxler récupère le ballon, efface Schweinsteiger et s’en va servir Vieirinha après un une-deux avec Kruse. La défense de United vient de tomber et flanchera une nouvelle fois dix minutes plus tard face à Draxler, encore, mais De Gea sauve la maison United. Le premier acte se termine, Wolfsburg tient son exploit, le tout arrosé par un but refusé logiquement à Jesse Lingard juste avant la pause. Pendant ce temps-là, Van Gaal compte encore ses blessés. Darmian vient de sortir sur blessure, le gamin Borthwick-Jackson vient d’entrer. Une première chez les grands pour lui.
Les choix du roi Louis
Dès le retour des vestiaires, Wolfsburg a les clés. Un nul suffit au club allemand qui veut sortir par une victoire et un prestige : sortir Manchester United. Les hommes de Dieter Hecking laissent donc le ballon aux joueurs de Manchester et laissent de nombreux espaces. Benaglio est obligé de sortir une magnifique reprise horizontale de Depay. Une première odeur de soufre répétée quelques secondes plus tard, mais Mata est trop juste, encore. Manchester United se déploie, mais se laisse surprendre sur une longue ouverture de Dante pour André Schürrle qui oblige De Gea à la sortie hasardeuse et à un miracle d’arrêt. Un sauvetage répété sur une déviation de Lingard et une frappe lointaine d’Arnold. United est au bord de la rupture, Saint David sort son art.
C’est le moment choisi par Louis van Gaal pour modifier son système. Le Pélican sort son maître à jouer, Juan Mata, pour faire entrer un type que le peuple de Manchester n’avait plus vu depuis seize mois, Nick Powell. Les choix sont discutables, d’autant que Schweinsteiger est remplacé par le bétonneur Carrick. Memphis Depay suce le poteau sur coup franc, rien ne rentre. Louis van Gaal décide de se lever de son banc, alors que Hecking structure sa base défensive pour le dernier quart d’heure. Le Hollandais pose alors sa dernière carte et ajuste son dispositif pour faire reculer Carrick derrière et placer Smalling, arrière central de formation, en position d’avant-centre. Un coup payant, car à dix minutes de la fin, Fellaini s’envole et prend le dessus sur la touffe adverse, Dante, pour pousser Guilavogui à lober son propre gardien. L’espoir renaît.
L’éphémère va alors devenir un scénario. Sur l’action qui suit, Naldo redonne l’avantage à Wolfsburg de la tête, lâché par le nouvel entrant, Michael Carrick. Tout un symbole des cadres qui tombent sous l’histoire qui tourne pour Manchester United, ancien ogre européen devenu ombre de son passé. Lui, membre du cercle fermé des triples vainqueurs de la Ligue des champions (1968, 99 et 2008). D’autant qu’à 445 kilomètres de là, au moment où Wolfsburg vient de crucifier United, Eindhoven renverse sa rencontre contre le CSKA Moscou. Comme en 2011, Manchester United quitte la Ligue des champions par la petite porte avec deux petites victoires au compteur. Signe d’un grand qui pose aujourd’hui nombre de questions.
Par Maxime Brigand