- Premier League
- 13e journée
- Chelsea/Southampton
Willian, 37 millions d’euros pour ça ?
Acheté 37 millions d'euros cet été par Chelsea alors qu'il était sur le point de s'engager avec Tottenham, Willian est le grand point d'interrogation de ce début de saison en Angleterre. Pratiquement jamais aligné par Mourinho, il attend patiemment son heure sur le banc. Oui, mais jusqu'à quand ?
La seule fois où Willian a fait frissonner Stamford Bridge, ce n’était malheureusement pas avec le maillot de Chelsea. C’était en décembre 2012. Le Brésilien porte ce jour-là le maillot du Shakhtar Donetsk, qui, soit dit en passant, lui allait à merveille. Avec ses potes Mkhitaryan, Fernandinho et Luiz Adriano, il fait danser la défense des Blues, et s’offre un incroyable doublé, avec deux buts copies-conformes. Le Shakhtar, séduisant lors de ce match, s’incline finalement 3-2 à cause d’un but dans le temps additionnel signé Moses. Peu importe. Ce soir-là, Willian a tout de même gagné. Gagné quoi ? Gagné le droit d’avoir tapé dans l’œil des dirigeants de Chelsea, qui en font alors leur priorité pour le mercato hivernal, qui a lieu quelques semaines plus tard.
Manque de bol, l’Anzhi Makhachkala, qui était encore riche à l’époque, dégaine plus vite. Boum : 35 millions d’euros sur la table. Le Shakhtar ne peut pas refuser, Chelsea ne peut pas s’aligner. Le club du Daguestan rafle la mise. Le 1er février, le Brésilien débarque donc en Russie, avec comme objectif principal d’offrir caviar sur caviar à Samuel Eto’o. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que Chelsea n’a pas lâché l’affaire. À la fin du mois d’août, lorsque le président de l’Anzhi assure vouloir baisser les salaires de tous les joueurs, Abramovitch n’hésite pas une seconde. Tant pis si Tottenham avait obtenu l’accord du joueur, et avait déjà imprimé les papiers du contrat.
Troisième joueur le plus cher du mercato anglais
Le 28 août 2013, donc, Chelsea présente sa nouvelle recrue. Ses nouvelles recrues, même. Willian, mais aussi Eto’o, qui a pris le même avion en provenance de Makhachkala. Le Brésilien a même été payé un peu plus cher que le prix auquel il avait été acheté : 37 millions d’euros. Peut-être déjà une première erreur de Chelsea. Car, en janvier 2013, au moment où il est recruté par le club russe, Willian vaut vraiment ses 35 millions d’euros. Il est en feu, marque but sur but, et affiche un niveau exceptionnel. Six mois plus tard, lorsqu’il s’engage avec Chelsea, ce n’est pas franchement la même histoire. À l’Anzhi, Willian n’a en effet disputé que onze matchs en l’espace de six mois, pour un total de 916 minutes et un petit but à la clef. Jamais, au Daguestan, il n’a semblé aussi à l’aise qu’en Ukraine. Ce qui est toutefois compréhensible, vu que le jeu du Shakhtar tournait pratiquement autour de lui. Bref, Chelsea aurait pu en profiter pour faire baisser légèrement l’enchère. Mais avec Tottenham qui s’apprêtait à faire signer le joueur pour 35 millions, les Blues ont été « obligés » de viser plus haut, et donc d’en débourser 37.
Voilà donc le Brésilien qui débarque à Londres avec le statut de joueur le plus cher du mercato 2013 de Chelsea, et troisième joueur le plus cher du mercato anglais 2013 derrière Özil (50) et son ancien coéquipier Fernandinho (40). On attend donc des merveilles de ses possibles associations avec Oscar, Hazard, Mata et autres Torres. Mais lors des premières semaines, rien. Willian ne joue pas. Il fait ses débuts en Ligue des champions face à Bâle, et commence son aventure londonienne par une défaite. En championnat, il faut carrément attendre le 6 octobre pour le voir aligné pour la première fois. Il entre en jeu à dix minutes du terme, lors d’un déplacement à Norwich, et justifie immédiatement sa réputation (et son prix) avec un but magnifique, qui scelle la victoire des Blues. La machine Willian est lancée, se dit-on alors. Tu parles. Depuis ce but, le Brésilien n’a disputé que quelques bribes de matchs, n’a été titulaire qu’à deux reprises en Premier League, et n’a disputé qu’une seule rencontre que l’on pourrait qualifiée pour lui de « référence » : la victoire 3-0 en C1 contre Schalke 04. Encore trop léger, pour 37 millions d’euros.
Deux ans d’attente pour la Seleção
Pourtant, et c’est là un énorme paradoxe, Willian a été convoqué à la mi-novembre pour les deux matchs amicaux du Brésil face au Honduras et au Chili (en remplacement de Diego Costa, qui a snobé le Brésil au profit de l’Espagne). Une vraie satisfaction pour lui, puisqu’il n’avait plus été appelé depuis novembre 2011. Et cette sélection lui a été bénéfique, puisqu’il a marqué son premier but avec la Seleção, lors du carton contre le Honduras (5-0). Une parenthèse qui lui a donné confiance, et qui l’a surtout gonflé à bloc pour la suite de la saison. « Je suis certain que je vais grandir, m’améliorer à chaque match. Ce qui est important, c’est que je sois heureux et que je gagne ma place. Je cours beaucoup, je réussis à engendrer de bonnes phases de jeu et je veux aider l’équipe. Physiquement, je me sens mieux et je commence à me sentir de plus en plus en confiance » assure-t-il alors aux micros de Sky Sports.
Reste tout de même à se poser quelques questions. Le football anglais convient-il vraiment à son style de jeu ? Les joueurs brésiliens sont-ils en surrégime par rapport à leur véritable niveau lorsqu’ils évoluent au Shakhtar ? Et surtout, Mourinho mise-t-il suffisamment sur lui ? Car, après ses magnifiques mois de septembre et octobre (huit victoires et un nul), Chelsea a calé au mois de novembre, avec un nul contre West Brom et des défaites face à Newcastle et Bâle. Chelsea va avoir un mois de décembre plus que chargé (neuf matchs), avec, entre autres, des chocs lors du Boxing Day face à Arsenal et Liverpool. Dans cette optique, Willian pourrait être le renfort idéal pour Mourinho, surtout s’il réussit enfin à s’exprimer comme il le souhaite. Parce que, pour le moment, les 37 millions déboursés pour lui sont loin d’avoir été rentabilisés. Bon, en même temps, ce ne serait pas la première fois dans l’histoire de Chelsea. N’est-ce pas, Schevchenko et Claudio Pizarro ?
Eric Maggiori