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Williams Peel

Par Maxime Brigand
4 minutes
Williams Peel

Cette fois encore, il s’est comporté en VRP. Durant quatre-vingt-dix minutes d’un quart de finale historique, Ashley Williams a couché ses invités, claqué des coups de tête et même terminé la soirée dans les larmes. Du sacre d’un prince adoptif.

Stendhal avait raison. L’histoire ne pouvait se terminer autrement que dans les larmes. Pour lui, « les larmes sont l’extrême sourire » . Il n’y a finalement rien de plus vrai que les images, car elles ne trompent pas. L’horloge approchait alors les 23 heures à Lille vendredi soir quand, au cœur du stade Pierre-Mauroy, le romantisme du football a repris le fil de son récit. Il y a eu l’Islande à Nice lundi soir, il y a maintenant le pays de Galles de Lille. Ce n’est pas là que tout a commencé, mais certainement là que l’histoire a pris un nouveau virage.

Dans les larmes, encore, celles d’un capitaine héroïque depuis le début du championnat d’Europe, le même qui avait terminé le tour précédent avec le bras en vrac et le même aussi qui a redonné espoir à tout un peuple de la tête à la demi-heure de jeu ce vendredi soir contre la Belgique (3-1) au cœur d’une copie rendue avec le calme d’un chef de meute. Ce peuple, pourtant, n’est pas vraiment le sien. Longtemps, la foule l’a rejeté, lui a hurlé qu’il n’était « même pas gallois » . Et puis, brassard serré sur le biceps, Ashley Williams a définitivement écrit son histoire, entraînant dans sa course celle d’un pays qui n’avait jamais touché plus haut qu’un quart de finale lors d’une compétition internationale (¼ de finale lors de la Coupe du monde 1958). Car ce soir, le pays de Galles n’est plus une surprise. Le pays de Galles est un demi-finaliste de championnat d’Europe.

L’Englishman

Il y aura donc bien un Anglais en demi-finales de cet Euro. L’étiquette est coriace : Williams a parcouru sa vie d’international gallois (64 sélections depuis 2008) à devoir prouver qu’il méritait sa place plus que les autres. Pourquoi ? Tout simplement car le coffre de Swansea est né à Wolverhampton et qu’il a passé sa jeunesse à grandir « en regardant l’équipe d’Angleterre au foot et au rugby. J’ai du sang gallois, mais je ne suis pas assez stupide pour aller dire autour de moi : « Je suis gallois, je suis né à cette date et à cet endroit. »(…)Je sais que les gens ont leur opinion à ce sujet, mais j’espère qu’ils peuvent voir que je donne tout pour mon pays. » Plus que jamais, Ashley Williams a retourné l’opinion pour lui et est ce vendredi soir le plus beau symbole d’une sélection qui avance sans vriller dans cet Euro et qui a donc rendez-vous désormais avec son histoire contre le Portugal mercredi prochain. Car une nouvelle fois encore, contre la Belgique, le vieux Williams a été le plus costaud et aussi le plus décisif. Et il n’est cette fois plus question de racines.

La couleur des sentiments

Ce pays de Galles n’est peut-être pas le plus beau, mais il est certainement le onze le plus discipliné de cet Euro et Williams en est le garant. C’est un maître équilibriste, un ambianceur capable d’organiser un barbecue après la victoire contre la Russie (3-0), mais surtout le spectateur de ce que Chris Coleman, le sélectionneur gallois, appelle « des retournements de veste » . Il y a un peu plus de dix ans, Ashley Williams déchirait le temps en cumulant les emplois de serveur pour Beefeater ou d’employé de station-service. Le voilà aujourd’hui prince de Galles aux côtés de Gareth Bale et d’un Aaron Ramsey gascoignesque à Lille après avoir compris qu’il ne jouerait pas la demi-finale contre le Portugal. L’histoire ne retient que les vainqueurs, pour Williams la France est probablement aussi les premières notes de la fin au terme d’un championnat d’Europe sur lequel Big Ashley a déjà posé ses grosses pattes de dernière lame. Le Stade de France est un bel endroit pour retirer son brassard. Pour cogner les émotions aussi. Le reste n’est qu’une histoire en cours d’écriture.

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