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Wild and the Moon

Par Maxime Brigand
4 minutes
Wild and the Moon

Il y a onze jours, Pete Wild, 33 ans, travaillait comme entraîneur à l’académie d’Oldham et projetait de se rendre à Craven Cottage, comme simple supporter, pour assister à un troisième tour de FA Cup contre Fulham. Puis, Frankie Bunn a été viré et Wild a été nommé coach intérimaire des Latics. La suite ? Un exploit, évidemment.

Dimanche soir, un type de trente-trois ans a débarqué sur un plateau télé. À ses côtés, l’ancienne internationale anglaise Alex Scott et Kevin Kilbane. Face à lui, Manish Bhasin, présentateur de la version FA Cup de Match of the Day. Derrière eux, sur l’écran, Claudio Ranieri s’agite : « Ce soir, j’ai offert l’opportunité à certains de mes joueurs de me prouver que j’avais tort, et ils l’ont manquée. Si on perd et que les joueurs se donnent à 100%, je peux l’accepter, mais lorsqu’on joue sans envie, je ne peux l’accepter, et encore moins le comprendre… » Alors, tout le monde se retourne vers cet homme de trente-trois ans, invité surprise du week-end. Son nom ? Pete Wild. Son fait de gloire ? Avoir fait tomber Fulham dès le troisième tour de la FA Cup avec Oldham, au bout d’un match au scénario délirant, marqué par une ouverture du score des Cottagers après la pause et par un retournement de situation invraisemblable.

À savoir : après avoir vu Neeskens Kebano manquer une balle de break face au gardien de l’actuel dixième de League Two, Ranieri décide de sortir l’attaquant franco-congolais pour faire entrer Ryan Sessegnon. Le même Sessègnon qui trois minutes après son arrivée sur le terrain va plaquer le vieux Peter Clarke, 37 ans, dans sa surface et filer un penalty à Oldham, transformé par Sam Surridge. La suite est un bordel : Fulham obtient, à son tour, un penalty (généreux) huit minutes plus tard, sorti par Iversen devant Mitrović, avant de voir Callum Lang éteindre Craven Cottage sur les dernières notes de la rencontre (1-2). Oldham vient de sécher un club de Premier League et de s’offrir, enfin, un morceau de joie après plus de six mois de galère.

Train entre potes et premiers succès

C’est à cet instant que le visage de Pete Wild, devenu coach à l’âge de dix-huit ans après avoir compris qu’il ne pourrait jamais devenir pro, apparaît. Le 26 décembre, Oldham est à Carlisle avec Frankie Bunn sur son banc. Résultat ? Les Latics enchaînent une deuxième défaite consécutive (6-0), celle-ci fatale à Bunn, viré par un simple mail. Dans la foulée, le téléphone de Wild, qui a multiplié les boulots par le passé avant de devenir coach au sein de l’académie de son club de cœur, sonne et Abdallah Lemsagam, propriétaire du club depuis le mois de janvier 2018, lui propose d’assurer l’intérim. « Je n’y ai pas réfléchi à deux fois » , expliquera la semaine dernière Pete Wild, qui a assisté à son premier match d’Oldham le 1er janvier 1991, et qui avait prévu de se rendre à Craven Cottage dimanche en train, avec des amis, et de s’installer au milieu des supporters. Changement de programme : le 29 décembre, Wild emmène les Latics s’imposer à Port Vale (1-4) et enchaîne trois jours plus tard avec une victoire contre Notts County (2-0). Puis, la FA Cup est arrivée sur la route d’un club relégué en League Two au printemps dernier et qui a dû massivement licencier durant l’été.

Vidéo

« Se dépouiller, c’est ce qu’on doit faire chaque semaine »

S’il devait au départ retrouver ses potes dans la matinée de dimanche pour rejoindre la gare d’Euston, à Londres, Pete Wild a finalement monté un plan d’attaque dans son coin, avec l’objectif de frapper un gros coup. Ce qu’il a réussi à faire grâce à un 4-5-1 compact, joueur et animé par des types assoiffés. Wild : « En League Two, c’est ce qu’on doit faire chaque semaine : se dépouiller sur chaque ballon, courir en permanence, se battre sur chaque duel comme si c’était le dernier… » Ainsi, sur le but décisif inscrit par Lang, qui avait failli quitter le club quelques jours plus tôt, le néo-coach a explosé, sautant comme un taré dans sa zone mixte, tenant entre ses doigts un exploit massif. Après la rencontre, forcément, une question lui a été posée en boucle : et maintenant, Oldham peut-il se passer de lui ? « Je sais que le conte de fées va un jour prendre fin, a répondu l’intérimaire. Et je suis préparé à ça. J’ai une famille à assumer et un prêt immobilier à rembourser. Le plus important, c’est que le club est aujourd’hui au quatrième tour. » Un quatrième tour où Pete Wild aimerait retrouver Manchester United, qui avait éliminé Oldham en demi-finale de la FA Cup en 1990 et en 1994. Le coach affirme que United a « gâché » son enfance. L’histoire prendrait alors une hauteur supplémentaire.

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