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Wiegman, Fuhrmann, Wonder Women

Par Julien Duez, à Manchester
Wiegman, Fuhrmann, Wonder Women

C’est dans un Old Trafford à guichets fermés que l’Angleterre et l’Autriche s’affrontent ce mercredi soir (21h) pour lancer les hostilités de cet Euro 2022. Avec sur le banc, deux sélectionneuses au profil bien affirmé. D’un côté, Sarina Wiegman, championne d’Europe 2017 avec les Pays-Bas et qui ambitionne de s’offrir un back-to-back personnel avec la nation qu’elle a sèchement éliminée voici cinq ans. De l’autre, Irene Fuhrmann, alors adjointe d’une Autriche demi-finaliste surprise, devenue depuis la première femme à prendre en main les rênes d’une sélection qui n’est plus là pour faire de la figuration. Dans le langage des poncifs, on appelle cela un match dans le match.

06/07/2022 à 21h
Euro 2022
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« Ça va être le plus grand événement féminin jamais organisé en Europe. Cela va être énorme, et on sait déjà que le match d’ouverture se jouera à guichets fermés, ce qui est très excitant, mais peut aussi provoquer un peu de stress. » Sarina Wiegman est ce que l’on appelle une gagnante. En 2017, à la surprise générale, elle emmènait les Pays-Bas sur le toit du Vieux Continent en remportant l’Euro à domicile. Puis, après une déroute olympique en 2021 (les Oranje Leeuwinnen furent éliminées en quarts de finale par les États-Unis), le destin de cette native de La Haye (52 ans) l’emmène de l’autre côté de la Manche, où, au milieu de 142 candidatures, elle est retenue pour remplacer Phil Neville, reparti entraîner des garçons à l’Inter Miami. « Nous avons pensé qu’elle s’adapterait parfaitement à notre culture et à notre équipe », justifiait auprès du Guardian Sue Campbell, directrice du football féminin au sein de la FA. « Tout d’abord, c’est une personne sociable. Lors de son entretien, elle a clairement indiqué qu’elle accordait la plus grande importance à l’établissement de bonnes relations avec ses joueuses, son staff et toutes les autres personnes impliquées. »

Sur le sol anglais, Wiegman hérite d’un diamant brut en pleine recherche de confiance en soi. Demi-finalistes malheureuses du Mondial 2019, les Three Lionesses n’ont cessé de progresser depuis, notamment à travers les investissements massifs réalisés en Premier League, dans laquelle évoluent 21 des 23 joueuses convoquées pour l’Euro. De quoi permettre aux locales de figurer parmi les favorites, ce qui n’est pas pour déplaire à leur sélectionneuse qui, en quatorze rencontres dirigées, l’a emporté douze fois, pour deux matchs nuls et, donc, aucune défaite à signaler. « Je suis venue pour emmener l’Angleterre au niveau supérieur. Il nous faudra faciliter les choses aux joueuses pour qu’elles puissent briller, avouait l’intéressée à The Athletic peu après sa nomination. Ce qui m’a le plus attrapée, c’est de pouvoir travailler avec certaines des meilleures au monde, dans un environnement comme celui-ci.[…]Les Anglais sont en avance sur les Néerlandais.[…]Le niveau de la compétition, la visibilité auprès des partenaires et à la télévision – tout cela se développe tellement vite… »

De la cage aux étoiles

Pas sûr qu’Irene Fuhrmann puisse en dire autant. Voilà dix ans que la sélectionneuse autrichienne s’escrime à sortir le football féminin de son pays de l’amateurisme. L’intéressée sait de quoi elle parle, puisque c’est seulement à 19 ans qu’elle signe sa première licence à l’USC Landhaus, dans le nord de Vienne, pour la pure et simple raison qu’avant cela, elle ne savait pas que les filles pouvaient jouer au foot en club. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’elles peuvent en vivre. Illustration lorsqu’elle remporte son premier titre de championne d’Autriche en l’an 2000, Irene Fuhrmann reçoit en guise de prime des places pour une comédie musicale. La carrière de cette milieu de terrain qui a appris à jouer au ballon sur les terrains en béton de la capitale avec son frère fait rapidement long feu. Au bout de huit saisons et 22 convocations avec la sélection, elle passe de l’autre côté du miroir, pour monter les échelons petit à petit. D’abord assistante du sélectionneur des U19 Ernst Weber, elle reprend le poste à la suite du décès de celui-ci, avant de devenir, en 2017, l’adjointe de Dominik Thalhammer chez les A, qui se révèleront comme l’autre surprise de l’Euro batave en terminant demi-finalistes pour leur toute première participation au tournoi.

Une surprise qui n’en est qu’à moitié une. Depuis 2011, Irene Fuhrmann pilote en effet le développement du centre national du football féminin, créé par la fédération dans la ville de Sankt-Pölten et qui, chaque année, rassemble les 50 meilleures joueuses du pays par catégorie d’âge en leur assurant un environnement professionnel pour progresser, même si le tremplin du professionnalisme exige encore le plus souvent de partir à l’étranger (seules quatre joueuses de la liste évoluent en Buli autrichienne). Ajouter à cela l’obtention de la licence pro UEFA en 2018 (le diplôme européen d’entraîneur le plus élevé, que seules quatre femmes – et aucune Autrichienne – ont obtenu avant elle) et les efforts d’Irene Furhmann sont finalement récompensés deux ans plus tard, lorsqu’elle devient, à 39 ans, la première femme à prendre les commandes de la sélection nationale. Ce groupe qu’elle connaît bien ne vient pas en Angleterre pour faire de la figuration, même si, en Autriche, plusieurs voix regrettent que le conte de fée de 2017 n’ait pas été davantage exploité pour développer la discipline. Mais l’heure des comptes viendra plus tard. « Pour moi, la boucle est bouclée », résumait l’intéressée lors de son intronisation.

Plus que des symboles

De quoi en faire un symbole de l’amélioration de la condition de la femme footballeuse ? S’il y a de quoi être flatté, ce n’est pas pour autant ce que recherche la Teamchefin : « Je ne me vois pas comme une spécialiste de la politique sociétale, je suis là pour parler de questions sportives », confie humblement Fuhrmann, qui déplorait qu’après avoir remplacé Dominik Thalhammer sur le banc de la sélection, « la plupart des interviews tournaient autour du fait que j’étais la première femme à obtenir ce poste ». Depuis, les questions des médias se sont recentrées autour de l’équipe qu’elle a construite – un mélange équilibré de joueuses d’expérience et de jeunes talents -, de sa politique tactique et de ses ambitions pour l’avenir du Nationalelf autrichien. De quoi faire entrer un peu plus Fuhrmann dans le club des sélectionneuses devenues des références dans le football féminin, à l’image de Sarina Wiegman qui, pour sa part, a fait montre de son expérience au plus haut niveau en imposant des choix drastiques dans sa nouvelle terre d’accueil, quitte à déplaire.

C’est ainsi que la Néerlandaise a frappé un grand coup en retirant le brassard de capitaine à Steph Houghton (au profit de Leah Williamson), avant d’exclure de sa liste la milieu de Manchester City, laquelle n’a pas foulé les terrains depuis janvier dernier à la suite d’une blessure au tendon d’Achille, au motif que la taulière (121 sélections) « n’est pas prête à jouer. C’est une question de temps, or nous n’avons pas ce temps ». Pas une première pour Wiegman qui, en 2017, avait fait de même avec sa capitaine de l’époque Mandy van den Berg, qu’elle avait sortie de son XI de départ après le deuxième match de poule, pour ne plus l’y réintégrer jusqu’à la victoire finale. « C’était l’une des décisions les plus difficiles que j’ai dû prendre en tant que coach. Je ne me suis pas sentie coupable, mais je me suis sentie vraiment mal », rejouait-elle après coup, même si l’histoire lui a donné raison. Face à l’Autriche, celle qui est décrite par son ancien adjoint Foppe de Haan comme « une control-freak qui prépare tout jusque dans les moindres détails » part logiquement favorite. Mais ce match dans le match revêtira un tout autre intérêt au-delà du résultat final : ce sera celui de deux femmes qui ont tout donné pour leur sport et en récoltent aujourd’hui les fruits, chacune à sa manière.

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Par Julien Duez, à Manchester

Propos de IF recueillis par Die Zeit et Der Standard. Ceux de SW, par la BBC, The Guardian et The Athletic.

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