- Angleterre
- Premier League
- 13 journée
- West Ham/Newcastle
West Ham/Newcastle ou la faillite du Big Five
Quand West Ham, 6e, accueille Newcastle, 5e. Une anomalie dans le paysage du football anglais qui témoigne autant du mérite de ces deux clubs que de la perte de vitesse des locomotives habituelles du royaume, en ce début de saison.
Un choc de milieu de tableau. En temps normal, c’est en ces termes que pourrait être décrite cette rencontre entre West Ham et Newcastle, deux écuries aussi emblématiques qu’attachantes du championnat anglais. Deux équipes qui, aujourd’hui, présentent également des similarités, tant dans la forme actuelle que dans les déboires pas si lointains. Surtout, les deux clubs ont opéré des changements notables, mais finalement payants en ce début de saison. Ce qui leur permet d’attaquer le deuxième tiers du championnat en position confortable, devant des supposés gros, comme Arsenal, Everton, Tottenham ou Liverpool. Alors, dans ce championnat généralement divisé en trois catégories distinctes et bien définies – 5 ou 6 gros pour l’Europe, une dizaine de clubs flottant dans le milieu de tableau et 4 ou 5 clubs condamnés à l’avance – quel est le secret de cette réussite ?
Started from the bottom, now we’re here
Interrogé sur le sujet en conférence de presse, Sam Allardyce a salué la patience des dirigeants des deux clubs, une vertu devenue rare ces dernières saisons : « Alan et moi avons la chance d’avoir des actionnaires qui comprennent que ces choses-là mettent du temps. Je ne peux pas trop parler pour Alan, mais je communique avec les actionnaires régulièrement et nous trouvons des solutions, peu importe la situation. Certaines choses sont sous votre contrôle, d’autres non. » Une reprise de contrôle. C’est justement ce qu’a réussi à opérer Alan Pardew ces derniers temps. Fragilisé par un début de saison catastrophique, avec sept matchs sans victoire, le manager au contrat éternel a brillamment retourné la situation, en enchaînant cinq victoires d’affilée, gagnant treize places au classement dans le processus. Une performance assez rare pour être signalée, car avec une équipe au fond du trou mentalement, Pardew a reconstruit une team aussi solidaire qu’un régiment militaire.
Fortement critiqué également, le recrutement des Magpies offre pourtant quelques promesses. Ainsi, avec la manne financière récupérée des transferts de Cabaye et de Debuchy, Newcastle, avec un brin d’audace, a récupéré Cabella, pisté par de plus grosses écuries et le jeune Ayoze Pérez, buteur lors de trois des quatre derniers matchs. Ajoutons à cela la prise de poids de cadres comme Moussa Sissoko ou Jack Colback, et nous avons une machine qui tourne bien. Une audace sur le marché des transferts qui se retrouve à l’est de Londres. Cet été, les Hammers ont réussi à devancer l’Atlético Madrid pour s’offrir l’excellent Enner Valencia, ont connu un peu de réussite sur les choix Sakho et Amalfitano, et se sont fait prêter Alexandre Song au culot, pour un joli résultat. Surtout, la principale réussite de Big Sam est d’avoir réussi à faire évoluer son jeu, stéréotypé et fait de longs ballons vers l’avant l’an passé, vers un jeu au sol. Ainsi, le milieu Song-Amalfitano-Noble-Downing avait parfaitement su développer un jeu fait de passes courtes lors de la belle victoire des Hammers face à Manchester City (2-1), il y a un mois. Honneur aux deux entraîneurs avant tout, donc.
Bénéficiaires de l’instant
Mais comment passer sous silence l’incroyable raté des grosses écuries en ce début de championnat ? Hormis Chelsea, qui réalise un sans-faute, et Manchester City, qui malgré les apparences, compte déjà deux points de plus qu’à la même époque l’an passé, le niveau général des favoris aux places européennes a considérablement chuté. Avec 28 points, Arsenal trônait tranquillement en tête de la Premier League après 12 journées l’an passé. Aujourd’hui, les Gunners en comptent 11 de moins, et si les blessures se sont faites nombreuses, l’effectif, au contraire des saisons précédentes, a été amélioré en qualité et en quantité cet été. Pour Liverpool aussi, le constat est tout aussi implacable. L’an passé, les Reds, solides deuxièmes après 12 journées, comptaient dix points de plus que cette année. Et même si le départ de Suárez est à pointer, il ne faut pas oublier que l’Uruguayen avait été suspendu pour les six premiers matchs de la saison, ce qui n’avait pas empêché les Reds d’empocher trois victoires et un nul. Ultra critiqué, le Manchester United de David Moyes pointait lui à la sixième place… avec deux points de plus que celui de Van Gaal aujourd’hui quatrième, et sans le recrutement pharaonique négocié par le Batave. Enfin, Everton, qui a misé gros sur Romelu Lukaku cet été, et Tottenham, pourtant en pleine crise à l’époque, comptaient respectivement quatre et trois points de plus qu’aujourd’hui. Et nos deux équipes du jour, dans tout ça ? Aux portes de la relégation, West Ham faisait grise mine. Quant à Newcastle, les Magpies étaient alors classés huitièmes… avec un point de plus qu’aujourd’hui. Homogénéisation du championnat ? Peut-être, mais l’argument est difficilement recevable au regard de la fracture financière entre les membres du Big Five et les autres. Messieurs les gros, sortez les muscles !
Par Paul Piquard