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Wesley, hehe !
Coup de tonnerre sur la Ligue 1 ! L'OGC Nice vient d'obtenir la signature de Wesley Sneijder. À en croire certains, le club des Alpes-Maritimes aurait réalisé le coup de la saison en récupérant le meneur de jeu batave libre de tout contrat. Entre gourmandise financière et niveau contestable, l'ancien de l'Inter a vécu un mercato compliqué. Mais un chant du cygne est si vite arrivé, après tout.
Un peu partout dans le monde, lâcher un « hehe » signifie qu’on se marre doucement. Mais le saviez-vous ? Quand il est expiré par un Néerlandais, « hehe » est signe de soulagement. « Enfin ! » , en quelque sorte. Probablement deux syllabes que Wesley Sneijder a dû souffler lorsqu’il a vu l’offre de l’OGC Nice arriver sur le bureau de son agent. Parce que si les fans de Ligue 1 salivent déjà à l’idée de revoir le meneur de jeu batave délivrer des caviars à Super Mario Balotelli comme à la belle époque de l’Inter de Mourinho, la perspective de jouer au plus haut niveau pour Sneijder n’était plus forcément à l’ordre du jour il y a encore quelques semaines.
Indésirable à Galatsaray, refusé par l’Ajax
Le 14 juillet dernier, le distributeur de caviars et de patates dans l’entrejeu de Galatsaray annonçait avoir rompu le contrat qui le liait au club turc jusqu’en 2018. Dans l’opération, Wesley Sneijder aurait perdu la mirifique somme de 4,5 millions d’euros en rachetant sa dernière année de contrat. Le nummer 10 aurait pu tranquillement attendre la fin de la saison sans se forcer dans un stade Ali Sami Yen Spor Kompleksi qui l’adule un week-end sur deux. Après tout, une qualification à la Coupe du Monde 2018, ultime objectif d’une carrière bien remplie pour Wesley, restait envisageable pour les Oranje depuis la défaite des Français en Suède en juin dernier. Mais en coulisses, l’éternel wunderkind néerlandais était parvenu à se mettre à dos le board de Galatsaray, qui l’avait d’ailleurs sanctionné d’une amende d’un peu plus de 2 millions d’euros pour une abondance de cartons récoltés – onze – lors de la saison 2015-2016. Aussi, le nouveau coach du club turc, Igor Tudor, avait bien signifié à l’ancien joueur de l’Ajax et du Real Madrid qu’il ne compterait pas sur lui cette saison.
Or, en plus d’être grassement payé, Wesley Sneijder a besoin de se sentir aimé, adulé, voire idôlatré. C’est encore le cas en équipe des Pays-Bas, où seuls les sélectionneurs successifs depuis Louis van Gaal semblent ne pas voir que le joueur de 33 ans n’a plus vraiment le niveau de la sélection – qui, elle, n’a déjà plus de niveau tout court. Le nouveau sélectionneur Dick Advocaat aurait d’ailleurs signifié à son poulain (il l’avait fait débuter en Oranje en 2003) que ses talents seront mis à contribution lors du match contre la France le 31 août prochain. S’il veut être sûr de battre la France et possiblement de pouvoir se rendre en Russie, Sneijder doit donc se trouver un challenge sportif, celui qui lui permettra de montrer qu’il en a encore assez sous la semelle. Naturellement, Sneijder s’est rapidement tourné vers ses ex : José Mourinho d’abord puis l’Ajax, qui tout deux ont refusé les avances de l’indésirable. Pas de place à Manchester ou Amsterdam, où les milieux sont pléthoriques. Détail qui a son importance : si Sneijder sait que son futur est indexé à celui de ses futurs résultats sportifs, sa décision ne sera pas prise sans un minimum d’effort financier.
En attendant Los Angeles
De plus, le meneur de jeu néerlandais serait attendu en MLS où la nouvelle franchise des Los Angeles FC et son brand new coach Bob Bradley, qui débuteront leur première saison dans l’élite pour la saison 2018, auraient déjà trouvé un accord avec lui. L’équation est simple : star de franchise + niveau faible qui ne nécessite pas de courir ardemment + gardiens fébriles face aux chiches supersoniques = avenir doré sous le doux ciel de Californie pour Wesley. Mais avant 2018, il faut patienter, rester fit. Dès lors, qui voudrait signer un joueur vieillissant qui fixe ses propres conditions – de jeu et financières – pour seulement une pige de quelques mois ?
Bologne et la Sampdoria avaient montré un intérêt pour le Hollandais mais pas assez cher mon fils – on parlait d’un salaire équivalant à « seulement » 25% de ce qu’il touchait à Galatasaray. Le FC Utrecht avait également levé le doigt. Idéal pour rester au contact du nouveau sélectionneur Dick Advocaat, basé à Zeist, juste à côté de la ville de naissance de Sneijder. Mais l’intransigeant coach Erik ten Hag avaient précisé le deal : hors de question de modifier un système de jeu et de sacrifier des joueurs pour six mois de Sneijder. Donc OK pour faire un effort financier, à condition que l’ancien du Real Madrid vienne jouer deux saisons au Galgenwaard Stadion.
Sneijder en chef-d’orchestre
Et puis, à l’improviste, l’OGC Nice est venu voler au secours du Sniper pris au piège de ses propres conditions. Un club qui jouera la Ligue des champions ou l’Europa League cette saison, entrainé par l’expérimenté et reconnu Lucien Favre, dont l’attaque est guidée par la vieille connaissance milanaise Balotelli et dont le poste de meneur de jeu est vacant depuis le départ de Belhanda à… Galatasaray. Ce dernier, ainsi que Paul Baysse parti à Malaga, ont dégagé pas mal de masse salariale. Sans oublier le transfert de Valentin Eysseric à la Fiorentina qui apporterait également de nouvelles liquidités. Difficile de rêver mieux pour Sneijder, d’autant que l’on imagine bien le Los Angeles FC prêt à patienter jusqu’à la fin de la saison européenne (on parle d’un contrat d’un an à l’OGC Nice), puis celui du Mondial 2018, pour voir sa futur étoile se pavaner sur Hollywood Boulevard.
Demeure une inconnue : comment l’OGC Nice peut-il évoluer avec Wesley Sneijder en chef-d’orchestre ? Le 4-4-2 en losange avec Wesley en meneur semble privilégié mais le profil du joueur est aux antipodes du jeu prôné par Favre : pas enclin à la rapidité, avec une propension à garder la balle dans les pieds. Mais riche de quelques soyeux coups de patte et d’une expérience indéniable au moment où l’OGC Nice aborde l’un des plus gros challenges européens de son histoire. Et puis, le ciel de Nice, ça vaut bien celui de la Californie quand il s’agira de pousser des « hehe » , tranquille au bord de la Méditerranée.
Par Matthieu Rostac, à Amsterdam