- Premier League
- J18
- Leicester-Chelsea (2-0)
Wesley Fofana, la confirmation du monstre
Parti de Saint-Étienne à 19 ans et avec 30 matchs de Ligue 1 accrochés à la ceinture cet automne, Wesley Fofana n’aura eu besoin que d’un peu plus de 1200 minutes pour mettre l’Angleterre d’accord sur son talent. Mardi soir, le défenseur français l’a de nouveau prouvé face à Chelsea (2-0) et a aidé Leicester à prendre les commandes de la Premier League. Oui, rien que ça.
C’est la courbe du type qui rêvait enfant de devenir attaquant et qui passe finalement sa vie à enfermer les renards offensifs dans des cages. Celle d’un jeune ado, que Claude Puel estime être « un monstre », si bien que l’entraîneur des Verts voulait en faire « la pierre angulaire » de son projet stéphanois, qui a finalement préféré sauter sur une occasion en or : début octobre, Wesley Fofana, 20 ans depuis quelques semaines et trente matchs de Ligue 1 dans les pattes, devenait le deuxième plus gros transfert de l’histoire de Leicester, et ce, en pleine période de pandémie, ce qui en dit long sur le talent du bonhomme. Fofana est l’une de ces pépites que les recruteurs de toute l’Europe s’arrachent et sur qui il convient de mettre rapidement le grappin, au risque de se faire griller par la concurrence. Mais lui, 30 millions d’euros ? « C’est fou, non ? souriait le natif de Vitrolles en septembre dans L’Équipe, à l’heure où son club formateur, l’AS Saint-Étienne, refusait de le laisser monter dans l’Eurostar. Quand les sous sont là, il faut les prendre. Ce serait encore plus fou de dire non. Si je reste et que je ne réussis pas une saison de qualité, on aura tous des regrets. Et ce sera trop tard. » Lucide. Puis : « Qui peut garantir que je vaudrais quarante ou cinquante millions d’euros ? Qui a été vendu à ce prix sans jouer la Ligue des champions et sans être international ? Personne. Tous les clubs sont affaiblis par la crise sanitaire. De plus, dans un an, ce sera quasiment impossible pour un joueur comme moi d’aller en Angleterre à cause du Brexit. » Clinique. Résultat, Saint-Étienne a fini par craquer et tout s’est enclenché, à un détail près : Wesley Fofana n’a pas perdu son niveau. Bien au contraire, l’international espoirs réussit sans faire de bruit son premier objectif, soufflé en novembre lors d’un entretien donné à Téléfoot : « Mettre l’Angleterre à terre. »
Fof la rage
Mardi soir, face à Chelsea, Fofana, dont la personnalité si jeune fout les jetons, a agrafé sa quatorzième titularisation en Premier League, mais pas que. Impérial dans l’anticipation, précieux défensivement, maître dans les airs, roi pour anéantir les approches adverses et ambitieux dans ses prises de parole balle au pied, celui qui avait pour modèle Drogba et Zokora a été absolument monstrueux et a de nouveau fait tourner les regards des curieux. Des chiffres : neuf dégagements, onze interceptions (dont deux dans le camp adverse), trois fautes subies, 100% de duels défensifs remportés. Et deux actions symboles. La première : à la 16e minute, on l’a vu enclencher une passe dans sa zone cible prioritaire – le demi-espace droit – pour Albrighton, qui a ensuite lancé Castagne en première intention avant que le mouvement ne se termine par une frappe de James Maddison sur la barre de Mendy. La seconde : peu après l’heure de jeu, on l’a retrouvé à l’interception d’une passe d’Havertz avant de le voir remonter tout le terrain en diagonale, action terminée en touche, mais suivie moins de trente secondes plus tard par une nouvelle intervention autoritaire devant Abraham. Aventureux et impénétrable : Wesley Fofana, qui forme une doublette solide avec Jonny Evans, mais qui pourrait en former une encore plus puissante avec Söyüncü, a sauté l’étape des présentations avec le public anglais et compte déjà un paquet de masterclass dans les poches (ses matchs à Arsenal et à Leeds sont des modèles). Il y a quelques jours, alors que Leicester est en tête du championnat et confirme son statut d’équipe qui compte en haut du panier, cela a poussé Paul Scholes à demander aux pêcheurs de Manchester United de tout faire pour l’attraper dans leurs filets. L’important est pour le moment ailleurs : Wesley Fofana est désormais un mec qu’on place en référence. Et il n’a que vingt ans.
Par Maxime Brigand