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Weigl, héritier contrarié
En deux saisons à Dortmund, Weigl est devenu un incontournable de Dortmund et une convoitise chez les autres. Sur le terrain, Julian Weigl va croiser un joueur dont il est taillé pour prendre la relève, mais qu'il ne suivra pas jusqu'au bout. Xabi Alonso est son modèle, le Bayern est son ennemi.
Deux dates marquent la percée express de Julian Weigl en Bundesliga : le 14 décembre 2015 et le 15 mai 2016. Par deux fois, au cours de la même saison, Weigl a répondu sur le terrain de Xabi Alonso, en allant le chercher sur un territoire pourtant bien difficile : le nombre de ballons touchés au cours d’un même match. Alors que l’Espagnol dominait la ligne de statistiques en rouage essentiel du collectif de Pep Guardiola. Mais seul au milieu, Weigl l’a dépassé par deux fois, pour porter le total à 189 avant la trêve, puis l’incroyable 216 (ou 214, voire 218 selon les sources) touches lors de la dernière journée. Et sans finir le match ! De quoi alimenter le fantasme d’un jeune Allemand taillé pour prendre la relève du joueur qui s’occupe du tempo au Bayern Munich, d’autant plus après l’annonce de la retraite sportive de ce dernier. Pourtant, Weigl n’ira jamais pleinement dans les traces d’Alonso et taille sa route en solitaire.
Entre Xabi et Busquets
Au petit jeu des comparaisons, Weigl et Alonso sont vite rapprochés. Marc Bartra dégaine pourtant un autre nom lorsque le Mundo Deportivo lui pose la question : « Il ressemble beaucoup à Busquets. Il dirige le jeu depuis le milieu de terrain et nous aide énormément quand on perd la balle. C’est comme s’il contrôlait tout. » Mais quand le site de la Bundesliga lui pose la même question, il n’hésite pas à retourner vers Xabi. « Il me ressemble dans le style et par son poste. » Autrement dit : comme lui, l’Allemand récupère et distribue tout ce qui passe à son niveau sur le terrain. Et le fait avec une belle aptitude, si on en croit ses lignes de stats folles : sous les 10 % de passes ratées, au moins deux interceptions pour une faute. À vingt et un au compteur, la maturité de son jeu est royale.
Devenu international, titulaire indiscutable et qui mange la concurrence interne – même Sebastian Rode, arrivé depuis –, Weigl accuse très légèrement le coup avec des stats sur la pente descendante. Thomas Tuchel explique : « Il a été brillant l’an dernier, mais avec Mats Hummels derrière lui et en jouant aux côtés d’İlkay Gündoğan. Maintenant qu’ils sont partis tous les deux, cela a clairement eu un effet sur Julian. Il a toutefois pris ses responsabilités et été incroyablement performant. Il doit désormais maintenir cela. Son potentiel est énorme. » Avec seulement 98 ballons touchés toutes les 90 minutes sur la phase aller de Bundesliga, il n’est même pas en tête à Dortmund (Sokratis et Bartra le dépassent). Weigl confirme sans exploiter son potentiel au maximum. De quoi penser qu’il est temps de partir voir s’il peut être mieux entouré ailleurs ? Peut-être. Mais pas au Bayern.
L’anti-Bayern
Depuis que le Bayern se cherche un successeur possible à Xabi Alonso, le nom de Weigl est donc logiquement parmi les plus récurrents dans les journaux sportifs allemands. Et parmi ces noms, il est le seul qui convienne parfaitement sur le papier. Pourtant, le transfert paraît tout aussi logique qu’impossible. Pour Weigl. Dès l’été dernier, dans le Tageszeitung, le milieu de terrain ne s’en cache pas : « Je suis un bleu » , c’est-à-dire un joueur de 1860, le rival du Bayern sur place. « Si je dois retourner à Munich, ce sera chez les Lions. » Fin de la discussion dès août 2016. Le Rekordmeister peut remballer et réfléchir à des ersatz, car l’avenir est pour Weigl et ne passe pas par le FCB. C’est peut-être ça, le plus inquiétant pour le Bayern à ce jour.
Par Côme Tessier