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Walter Samuel ou le poids lourd des années

Par Eric Carpentier
Walter Samuel ou le poids lourd des années

Walter Samuel l'a annoncé : cette saison est celle de la révérence, à 38 ans. Buteur mais dépassé par Bahebeck au match aller, l'âge de se faire une raison est venu pour l'Argentin, allégorie du temps qui passe.

« La vieillesse est un naufrage, les vieux sont des épaves » : Chateaubriand n’est pas tendre avec l’âge. Que l’homme né Walter Adrián Luján dispute un 16e de finale de Coupe d’Europe à moins d’un mois de son 38e anniversaire n’aurait pas ému le vicomte. Il préférerait retenir la gloire sépia d’Il Muro, ses années à Boca, à la Roma, au Real ou à l’Inter. Au titre de champion de Suisse 2015, il privilégierait les 18 trophées précédents au compteur de l’Argentin, du Mondial des moins de 20 ans en 1997 au triplé de 2010, en passant par la Copa Libertadores glanée en 2000. Et tant pis si Samuel facture 35 matchs joués depuis sa première avec son dernier club, le 31 août 2014 contre les Young Boys de Berne. Reste que si Walter n’est plus un jeune homme, si le poids des années se fait sentir sur le pré, il est encore là. Sur le fil du rasoir, tel un Kool Shen sortant un nouvel album à 50 piges passées. Comme une preuve que vieillesse et football ne sont pas incompatibles, seulement plus difficiles à accorder.

« Il me faut deux ou trois jours »

Les 38 bougies, Cédric Barbosa les a soufflées il y a près de deux ans. Celui qui était le doyen de la Ligue 1 en 2015, et qui pense l’être en Ligue 2 cette saison parce que « ça commence à être plus difficile de trouver plus vieux à presque 40 ans » , a une belle expérience de la pratique chez les trentenaires. La difficulté de jouer avec les années, il connaît. Pour lui, elle réside principalement dans la récupération : « il faut une bonne relation avec le staff pour parfois aménager les séances d’entraînement. Quand on a deux séances, à 40 ans, on peut n’en faire qu’une, éviter la séance technique pour faire de la musculation ou des soins. Puis on fait des cryo-bains, des massages, des étirements. C’est un peu contraignant dans la vie quotidienne, on fait moins de choses, on essaie d’éviter de piétiner toute la journée… »

La récupération, soit précisément ce que pointait Walter Samuel en octobre 2015, au moment d’annoncer sa retraite en fin de saison : « J’ai encore envie de jouer, mais je rencontre des difficultés physiques et je mets plus de temps à récupérer. Mes coéquipiers plus jeunes sont en forme le lendemain du match, moi, il me faut deux ou trois jours. » Une affaire de cellules selon le docteur Collado qui, en tant que doc’ d’Istres, a vu passer quelques pré-retraités : « Quand on fait un effort, on fait toujours des petites lésions. Le repos va réparer ces lésions. Jeune, on a plus de cellules régénératrices et donc un potentiel de réparation musculaire supérieur. Avec les années, les cellules disparaissent, et la régénération met plus de temps à se mettre en place. » Ce qui explique la non-participation de Walter Samuel au 5-1 mis par Bâle au FC Vaduz le week-end dernier : il a besoin d’être en forme pour ne plus se faire déposer par Jean-Christophe Bahebeck.

Courir vite et se blesser

Avec un Walter Samuel à son niveau PES des années Adriano, l’hypothèse d’une course entre Samuel et JCB, ou Nolan Roux, ne serait même pas posée. Mais avec le temps, la tonicité va, tout s’en va. Ce ne sont plus les molécules, mais les fibres qui sont touchées : « On a des fibres rouges, endurantes, et des fibres blanches, rapides, pour la tonicité. Un footballeur a besoin des deux. Avec la vieillesse, on a une perte de fibres blanches, la typologie des fibres musculaires est modifiée. Imaginez des milliards d’élastiques dans un muscle. À force d’en perdre, parce qu’ils se pètent, qu’ils disparaissent, vous allez être moins performant » , illustre le docteur Collado. « De ce fait, les muscles répondent de manière moins explosive. D’autant qu’on perd aussi en élasticité musculaire, en pliométrie. Quand on est jeune, le muscle a une capacité à se raccourcir, à devenir explosif. Avec l’âge, le muscle revient plus lentement, il est plus mollasson. Comme un élastique en fin de vie. »

Même s’il « arrive encore à mettre des jeunes à l’amende » , cette perte de vitesse, Cédric Barbosa l’a bien intégré. Mais lui, c’est pour une raison un peu différente : « Quand on est plus ancien, on va moins appuyer dans le sprint, peut-être que, parfois, on n’est pas à 100 %. On pense à la blessure musculaire. » Car, avec la récupération et la vitesse, la blessure est le 3e écueil du football chez les moins jeunes. Walter Samuel n’a eu besoin que d’un crochet dévastateur de Kaká un soir de décembre 2007 pour se faire le ligament croisé antérieur gauche. Alors, après une carrière faite d’efforts, chocs, torsions, ruptures et traumatismes, les muscles sont raides, les articulations fragilisées : « Il arrive un moment où on a besoin de prendre conscience de son propre corps. Quand tu as mal partout, l’esprit finit également par se lasser » , expliquait Samuel en octobre. Et c’est finalement là que se joue la dernière différence pour les anciens : dans la tête.

La dalle argentine

Cédric Barbosa a empilé ses meilleures statistiques depuis son arrivée à Évian, à 33 ans. S’il ne sait pas si son niveau a progressé ou celui des autres régressé, il est surtout convaincu qu’un esprit sain mène à un corps sain : « Je fais attention, mais en soirée avec des amis, je ne me prive pas. Un peu de vin, de bière… Ça participe aussi de la fraîcheur. Quand c’est au quotidien, si vous ne savourez pas le moment parce que vous ne pouvez pas manger une pizza ou aller au Macdo avec les gamins, vous tenez pas. En tout cas, moi, ça me permet d’être bien dans ma tête, et pas trop mal sur le terrain ! » En complément de cette aération nécessaire, le footballeur Barbosa et le docteur Collado se rejoignent sur un point : au-delà du métier, c’est la passion qui ouvre les portes de la longévité.

Or, et particulièrement en Argentine, la passion est le premier mot qui vienne après le ballon. Il suffit de voir la reprise en forme de tacle rageur dégainée par Walter Samuel pour revenir à 2-1 à Geoffroy-Guichard. Ou d’entendre ses mots à l’issue du match aller : « Je suis seulement content d’avoir aidé l’équipe à revenir au score. Mon but nous servira uniquement si on arrive à se qualifier au match retour à la maison. Cela ne sera pas facile, mais on va tout donner. » Tout donner pour, peut-être, s’offrir un dernier bonheur européen. Pour faire taire Chateaubriand et lui préférer un Kafka notant que « le bonheur supprime la vieillesse. »

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