Walter Benítez, la muraille de Nice

Kevin Gameiro, Habib Diallo et Julien Stéphan ont probablement fait le même cauchemar dans la nuit de samedi à dimanche. Dans celui-ci, un homme vêtu de vert nommé Walter Benítez qui avait décidé quelques heures plus tôt que la troisième meilleure attaque du championnat ne ferait pas de merveilles ce week-end. Alors que ses coéquipiers se faisaient balader, voire expulser, le gardien des Aiglons a signé une performance immense, ponctuée de six arrêts, chacun écœurant un peu plus les joueurs et le public de Strasbourg pour gratter héroïquement le point du match nul et recevoir les félicitations de Christophe Galtier en conférence de presse, toujours chafouin après les expulsions de Dante et Justin Kluivert en cours de jeu. « Le match a basculé après le carton rouge de Dante. Mes joueurs ont fait le dos rond et on arrache ce point du nul grâce à Benítez qui fait les bons arrêts », a sobrement avoué le coach du Gym. Ce n’est pas une première, puisque si l’OGC Nice est aujourd’hui sur le podium de Ligue 1 après 26 journées, c’est en partie grâce au rôle majeur joué par son gardien numéro un depuis le début de saison.

Walter, la concurrence c’est de l’eau

Gianluigi Donnarumma, Keylor Navas, Anthony Lopes, Pau López ou encore Alban Lafont, tous ces portiers talentueux qui font les beaux jours de la Ligue des talents sont surclassés par Benítez cette saison. Seul rempart à dépasser les 80% de tirs arrêtés (80,7%, devant Donnarumma à 78,8% et Navas à 77,6%), le natif de General José de San Martín, en Argentine, est également deuxième au nombre de clean sheets (9, derrière Pau López à 10), le tout avec un total de tirs cadrés concédés (88) bien supérieur à ses concurrents cités auparavant (33 pour Donnarumma, 58 pour Navas et 59 pour López). Une autre statistique en sa faveur ? Benítez a réalisé 71 arrêts, soit le cinquième meilleur total en Ligue 1, loin devant ses concurrents Donnarumma (25), López (43) ou Navas (45). Résultat, Nice est actuellement la meilleure défense du championnat avec 21 buts encaissés et fait mieux que le PSG (22) et l’OM (23). Le fruit d’une solidité défensive, mais également la conséquence d’une nouvelle saison très convaincante d’un gardien qui s’est imposé comme une valeur sûre en Ligue 1. Ce qui lui vaut d’être observé par des clubs plus huppés, et peut-être même… par le staff de l’équipe de France.

8.8 – Walter Benítez a évité à Nice de prendre 8.8 buts de plus qu’attendu cette saison en Ligue 1 selon le modèle Expected Goals (20 buts encaissés hors CSC, 28.8 xG cadrés subis), meilleur différentiel dans l’élite en 2021/22. Muraille. #RCSAOGCN pic.twitter.com/k5IDoM3avP

— OptaJean (@OptaJean) February 26, 2022

Un avenir chez les Bleus ?

À 29 ans (depuis le 19 janvier dernier), Benítez est désormais à un carrefour important de sa carrière. Son contrat se terminant en juin 2023 avec le Gym, qu’il a rejoint à l’été 2016, la question de son futur sur la Côte d’Azur se pose alors qu’il est au sommet de sa carrière et peut prétendre à un club qui joue régulièrement la Ligue des champions, d’autant qu’un possible retour au bercail d’Hugo Lloris avait été évoqué avant que celui-ci ne prolonge à Tottenham. Qui dit Lloris dit équipe de France. Naturalisé français il y a deux mois, Benítez est désormais un prétendant très crédible aux Bleus, alors que l’Argentine, son pays natal, s’est toujours refusée à lui (seulement trois apparitions en U20). « Je ne sais pas pourquoi on ne me convoque pas. Si vous arrivez à discuter avec le sélectionneur, demandez-lui, ruminait-il dans le SO FOOT de février 2021. En forme de protestation, la seule chose que je peux faire, c’est d’être bon avec Nice. » Un raisonnement qui pourrait bientôt porter ses fruits.

Si Hugo Lloris et Mike Maignan sont intouchables chez les Bleus, le poste de troisième gardien est sujet à débat depuis la baisse de régime de Steve Mandanda, remplaçant à l’OM, et les noms de Benoît Costil, Alban Lafont, Ilan Meslier ou encore Alphonse Areola sont loin d’être plus clinquants que celui de Benítez, d’autant que Didier Deschamps, surpris par sa naturalisation, assurait avoir un œil sur lui le mois dernier. «  Je ne sais pas pourquoi il a fait ce choix, mais c’est un choix que je respecte. On le regarde comme les autres joueurs sélectionnables  », expliquait le patron des Bleus. La porte est entrouverte, et Benítez compte bien s’y engouffrer pour enfin connaître le bonheur des joutes internationales.