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Walking on Cars : « Long, c’est notre Messi à nous »

Propos recueillis par Maxime Brigand
6 minutes
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De passage à Paris, le groupe irlandais Walking on Cars a profité de son séjour en France pour faire un crochet par le stade de France et l'Euro 2016. Souvenirs entre Shane Long, une main d'Henry et le football gaélique.

Vous avez profité de votre passage en France pour aller voir Suède-Irlande au stade de France. Qu’en avez-vous pensé ?L’ambiance était vraiment électrique et le spectacle extraordinaire. En réalité, c’est difficile à décrire pour nous, car c’était vraiment un moment incroyable. D’autant que le stade de France est vraiment un stade impressionnant, donc ça, plus le contexte du match… L’Irlande n’est pas un très grand pays, donc c’est important pour nous de disputer ce championnat d’Europe. On sait qu’on n’a pas, sur le papier, une équipe monstrueuse, mais sur le terrain, les gars donnent tout ce qu’ils ont. Avec cette attitude, tout peut arriver : on peut aussi bien perdre 6-0 que gagner 1-0. On se rappelle tous en Irlande de la qualification contre la Bosnie (2-0 en novembre dernier lors du barrage retour, ndlr) comme d’un souvenir peut-être plus important que les récentes victoires en rugby ou d’un succès en football gaélique. Ce match est simplement sorti de l’espace-temps, c’était magique.

Vous êtes originaires d’une ville en Irlande où le football gaélique est très populaire. Comment peut-on expliquer que de nombreux footballeurs actuels soient passés dans leur enfance par le foot gaélique ?En Irlande, le sport le plus important quand tu es jeune, c’est le football gaélique. C’est même souvent difficile pour les équipes de football de trouver onze bons joueurs à aligner sur le terrain le week-end, car tous les gamins ne pensent qu’au football gaélique. C’est aussi ce qui explique que notre équipe nationale n’a jamais eu un super niveau. Aujourd’hui, que ce soit dans notre XV de rugby ou dans l’équipe de foot présente actuellement en France, il y a bien sûr beaucoup de joueurs issus du football gaélique. Pour la croissance, le développement physique, c’est un passage quasiment obligatoire et c’est finalement une bonne chose pour avoir les bases du jeu. Quand tu grandis en Irlande, il faut comprendre que tu le fais avec un ballon entre les mains. C’est dans notre sang, on a un rapport au sport particulier que peu d’autres nations ont.

Il y a un état d’esprit irlandais vraiment affirmé. C’est quelque chose qui vient de ça, aussi ?Oui, complètement. Pour s’en rendre compte, il suffit déjà de voir à quel point s’arrachent les équipes locales en Irlande. Il y a un héritage assez profond dans le sport irlandais. Chez nous, on supporte tous nos sportifs : les mecs qui jouent au billard, qui jouent aux fléchettes, nos chevaux… L’autre chose assez importante à souligner, c’est que le football gaélique reste un sport amateur, là où le football et le rugby sont professionnels. En équipe nationale, les meilleurs joueurs de football gaélique travaillent cinq jours par semaine à côté. C’est aussi pourquoi beaucoup d’anciens joueurs de rugby terminent dans le football gaélique, pour faire la transition.

Vous avez joué au foot de votre côté ?Quand on était plus jeunes, bien sûr ! Evan était gardien, moi (Paul), j’étais le remplaçant (rires). Aujourd’hui, on a toujours un ballon dans le van avec deux petits buts et dès qu’on a un moment pour jouer, on le fait. C’est le paradis : tu es six heures sur la route et dès que tu t’arrêtes quelques minutes, tu prends ton café et tu joues un peu.

Arrivez-vous à tracer un lien entre la musique et le football ?Si vous demandez à n’importe quel joueur professionnel ce qu’il aurait aimé faire s’il n’avait pas été footballeur, il vous dira musicien. C’est pareil pour l’inverse, tous les musiciens rêvaient d’être footballeurs. Il y a beaucoup de similitudes entre les deux univers, dans la performance notamment en tant que sportif et en tant que musicien. On a récemment eu une discussion tous ensemble sur ce qui constituait vraiment un sportif : le physique, le rythme de la compétition et le mental. Les échecs sont un sport, le golf aussi, mais la musique, c’est pareil. Votre quotidien, c’est de vous préparer, avec une forme de pression, pour être compétitif le jour J. Un groupe de musique, c’est comme une équipe de football. La performance sur scène ne dépend pas d’une seule personne, mais d’un collectif. Sur le terrain, c’est pareil.

On n’aime pas Thierry Henry, on n’aime pas Michel Platini, mais on adore Zinédine Zidane ou Cantona. Éric, c’est l’un de nos héros. C’est le roi.

Dans l’équipe actuelle, il y a par exemple un mec comme Shane Long qui joue de la gratte après les matchs assez souvent…Oui, on l’adore ! Après le match contre la Bosnie, il était venu jouer avec sa guitare dans une boîte de nuit. On ne l’a jamais rencontré, mais il représente parfaitement l’esprit dont on parlait tout à l’heure. Tout le monde le connaît par son talent, mais aussi pour la reprise de Will Grigg on fire que l’on a tournée en Shane Long on fire. C’est un mec hyper populaire en Irlande, car il a marqué pas mal de buts importants pour l’équipe nationale, notamment contre l’Allemagne lors des qualifications. C’est un peu notre Messi à nous.

Comment avez-vous justement vécu cette victoire historique contre l’Allemagne ?Ils sont champions du monde, donc forcément, c’était complètement fou. Le truc, c’est que ça représente bien notre équipe nationale : on peut battre n’importe qui et se faire battre par n’importe qui. Regarde, on a battu l’Allemagne et on a perdu contre la Biélorussie (1-2 en match de préparation, ndlr). Dans le fond, ça n’a aucune logique. C’est pour ça qu’on est toujours confiants avant une grande compétition internationale, car tout peut arriver. Contre la Suède, on a bien débuté et en plus, on a la force de marquer tous les buts. (rires)

En France, l’Irlande, c’est aussi cette main de Thierry Henry…Oh non, non, non… Question suivante.

C’est le genre de geste que l’on ne pardonne pas ?On n’aime pas Thierry Henry, on n’aime pas Michel Platini, mais on adore Zinédine Zidane ou Cantona. Éric, c’est l’un de nos héros. C’est le roi. Mais si tu veux, en Irlande, tout le monde se souvient où il était le soir où Henry a fait cette main. (Paul prend la parole.) Moi, j’étais dans un pub et je ne pense avoir vécu ce genre de moments que très rarement dans ma vie : tout le monde chantait plus que jamais l’hymne national, tout le monde s’embrassait, on buvait dans les rues, on y croyait vraiment. Et en l’espace de 20 secondes, tout le monde s’est mis littéralement à pleurer. Sincèrement, cette nuit devait être la plus belle de l’histoire de l’Irlande. C’est devenu l’une des pires sur le plan de notre histoire sportive. Je pense que le pays n’a parlé que de ça pendant au moins six mois. Et pendant ce temps-là, les Français se moquaient de nous. Vous êtes vraiment des idiots vous aussi ! (rires) On ne peut pas lui pardonner, jamais. Sauf si on bat cette année la France en finale de l’Euro avec une main de Shane Long qui nous donne la victoire.

Vous n’avez jamais écrit sur le foot ?Jamais, mais on pourrait le faire. Je pense que si on gagne cet Euro, on écrira une chanson directement dédiée à Shane Long. On pourrait même faire un album avec lui, s’il veut.

Vous n’auriez pas pu nous claquer un hymne pour l’Euro ?Là, on a David Guetta, mais toutes les éditions précédentes avaient déjà prouvé que ces hymnes sont surtout ringards. C’est un gros risque et on est finalement assez incapables d’écrire un truc genre « Allez, les gars… » La meilleure chanson de loin était celle chantée contre la Suède : « You’re shit, but your birds are fit. »

Comment est exactement la rivalité avec vos voisins ?Tout le monde a simplement envie de battre l’Angleterre. On veut juste qu’ils perdent. Définitivement. (rires)

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Propos recueillis par Maxime Brigand

Le groupe Walking on Cars a sorti son premier album, Everything This Way, en janvier 2016 .

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