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Walcott, le blues du retour
Oui, d’accord, Alexis Sánchez est parti, PEA est arrivé, et Jeff Reine-Adelaïde a été prêté à Angers. L’actualité transferts des Gunners était chargée cet hiver, mais la vraie info, c’est que Theo Walcott a quitté Arsenal, qu’il retrouve ce samedi soir avec Everton (18h30) dans la plus grande discrétion. Et ça, tout le monde s’en fout.
Commençons par planter le décor. Theo Walcott, c’est 108 buts inscrits en 397 matchs toutes compétitions confondues avec Arsenal, de son premier match contre Aston Villa le 19 août 2006 à son dernier le 14 janvier 2018 face à Bournemouth. Il est donc l’un des meilleurs buteurs de l’histoire des Gunners après Thierry Henry (228), Ian Wright (185) et Robin van Persie (132), devant Olivier Giroud (105) et Dennis Bergkamp (102), mais aussi le cinquième meilleur passeur de l’histoire du club en Premier League (53 assists). Débarqué à Londres en janvier 2006, à seize ans et contre 10,5 millions d’euros, avec l’étiquette de petit prodige du foot anglais après une première saison prometteuse avec Southampton, c’était aussi le plus ancien joueur de l’effectif des Gunners, avec qui l’attaquant a gagné deux Coupes d’Angleterre et deux Community Shield. Oui, mais voilà, après douze années de bons et loyaux services, Theo Walcott s’en est allé. Dans le plus grand des calmes.
Anfield, un soir de printemps
Car Arsenal a totalement repensé son attaque lors de ce mercato hivernal. Pierre-Emerick Aubameyang est arrivé de Dortmund pour remplacer Alexis Sánchez, impliqué dans un trade à deux bandes avec Henrikh Mkhitarian et Manchester United. Olivier Giroud est également parti pour le rival Chelsea, quelques jours après que n’était annoncé le départ de Walcott pour Everton. Et pourtant, c’est étonnement ce dernier transfert qui a fait le moins jaser. Si l’international anglais de 28 ans était moins bien dans ses baskets ces derniers temps – six entrées en jeu seulement avec Arsenal en PL cette saison, barré par Sánchez, Lacazette, Giroud, Özil, Welbeck ou encore Iwobi –, il aura quand même éclaboussé de son talent certains matchs des Canonniers.
Qui ne se souvient pas de cette envolée complètement folle, un soir d’avril 2008, en quart de finale retour de C1 face au Liverpool de Steven Gerrard et Fernando Torres. Parti de sa propre surface à la 83e minute de jeu – à l’époque où on pouvait encore voir du foot européen sur TF1 -, l’ailier droit est resté appuyé sur R2 et a éliminé quatre Reds, tout en vitesse et en percussion, avant de servir sur un plateau Emmanuel Adebayor pour le but du 2-2. Si cette percée supersonique n’aura finalement pas permis aux Gunners d’accéder au dernier carré, elle restera dans les annales de la compétition. Fabio Aurélio et Javier Mascherano, eux, en sont encore le cul par terre.
Dans l’ombre du trade Sánchez-Mkhitarian
Walcott, c’était celui que tu voulais forcément dans ton équipe au moment de choisir Arsenal dans FIFA 16, parce qu’il avait 96 en vitesse – le plus rapide à égalité avec Matthis Bolly, un joueur à ne pas oublier. Sinon, dans la vraie vie, il a été flashé balle au pied à 32,7 km/h. Mais puisque qu’Arsène lui montrait plus souvent l’endroit où il devait s’asseoir sur la confortable banquette de l’Emirates Stadium que son couloir droit où il dévorait les espaces et les joueurs, l’enfant de Stanmore, quartier londonien du district de Harrow, s’en est logiquement allé lorsque Everton lui a fait coucou. Parce que dans cinq mois, Theo a une deuxième participation à une Coupe du monde dans les mirettes, lui qui avait pris part au Mondial allemand, à 17 ans à peine, convoqué par Sven-Göran Eriksson sans avoir joué la moindre minute en Premier League ni même en équipe d’Angleterre espoirs. Parce que Theo, il a toujours tout fait plus vite que tout le monde. Quitte à déraper dans les virages.
Barré par la concurrence (et le manque de confiance, donc), Walcott a quitté la capitale anglaise dans une discrétion assez incompréhensible pour un joueur de son calibre, et qui aura sans nul doute marqué l’histoire de son club. Il aura quand même joué avec Thierry Henry, Fredrik Ljungberg, Cesc Fàbregas, Robin van Persie, ou encore Marouane Chamakh. Pas rien. Mais, vampirisée par l’échange à rebondissements entre Manchester United et Arsenal, l’attention s’est portée sur l’arrivée d’Henrikh Mkhitarian, et surtout sur le départ d’Alexis Sánchez (80 buts en 169 matchs avec les Londoniens). Un incroyable joueur, certes. Mais qui, lui, n’a jamais eu un 96 à FIFA.
Thanks for everything, @theowalcott ?All the best for your next chapter ? pic.twitter.com/Eq2EVRVPSw
— Arsenal FC (@Arsenal) 17 janvier 2018
Les dirigeants d’Everton ont donc vite ouvert leur porte-monnaie pour sortir les 22,5 millions d’euros demandés par Arsenal pour le transfert de Theo Walcott. Et la mayo a vite pris chez les bleus de Liverpool. Titulaire pour sa première avec les Toffees, le 20 janvier dernier, l’ancien Gunner a été immédiatement passeur décisif contre West Bromwich, avant de leur offrir trois points mercredi face à Leicester, grâce à un doublé en première période. Deux buts et une passe décisive en deux rencontres, pas mal pour celui qui va vite pouvoir mesurer auprès de ses anciens supporters sa belle cote de popularité – méritée au vu des reins cassés pendant douze ans avec Arsenal – ce samedi soir à l’Emirates Stadium (18h30). Un stade dont il pourrait bien faire le tour d’honneur le plus rapide de l’histoire.
Par Romain Daveau