En football comme en basket, c’est souvent difficile pour les fils d’anciens joueurs. Ça n’a pas été compliqué pour toi d’embrasser le même destin que ton père, Savo ?
Pour moi, ça ne l’a pas été. Il ne m’a jamais mis aucune pression, il ne m’a pas obligé à jouer au basket, du coup, c’était tranquille ! Quand je lui ai dit que je voulais faire de ce sport mon métier, il m’a simplement averti en me disant que cela n’allait pas être facile et que ça impliquait beaucoup de travail et de sacrifices. Il m’a aussi dit que je n’aurais probablement pas la même vie que tous les jeunes de mon âge, que je me coucherais plus tôt, que je m’entraînerais beaucoup. C’est tout ! Au final, ça m’a plus aidé qu’autre chose. Il a toujours été mon coach personnel et je pense qu’il m’a beaucoup aidé dans le développement de mon jeu.
Le fait qu’il puisse te guider et t’aider fait partie des avantages. Mais il y a aussi des inconvénients à être fils de sportif de haut niveau, comme le fait de bouger souvent, par exemple…
Je suis né en Suisse et j’ai bougé en Belgique. C’est vrai que ce n’est pas toujours simple. Après, mon père a quand même joué 11 ans là-bas, et nous sommes restés 9 ans au même endroit, dans la même maison, ça a pas mal facilité les choses. Parfois, c’est compliqué parce que c’est difficile de se faire des amis ou de garder le contact, mais globalement, ça a été.
C’est donc en Belgique que tu commences à t’intéresser au foot ?
Oui ! En Belgique, c’est le sport numéro un. C’est là que j’ai chopé le virus. À l’école, avec les copains, on ne parlait que de foot, on ne jouait qu’au foot, et à la télé… il n’y avait que du foot ! C’est comme ça que j’ai commencé à aimer ce sport. Dans mon jardin, j’avais un but. Un panier et un but ! À cet âge-là, je jouais déjà au basket et j’étais déjà plus grand que les autres, mais je jouais quand même au foot. Cela étant, mon rêve, c’était de jouer au basket et je savais bien qu’au foot, je n’avais pas le niveau pour jouer sérieusement en club. J’ai donc choisi le basket, mais en dehors de l’entraînement, c’était 100% foot.
Peut-on dire que le basket est ton travail et que le foot est ta passion ?
(Il hésite) Non, pas vraiment, dans la mesure où le basket est aussi quelque chose que j’apprécie. Ce n’est pas seulement mon boulot. En fait, je pense que si tu raisonnes comme ça, c’est compliqué de t’y mettre et de continuer tous les jours. C’est tellement exigeant… Le basket, j’aime bien en parler, j’aime bien en regarder, mais c’est vrai que le foot, c’est ma passion. J’adore regarder le foot, j’adore parler de foot, j’adore jouer au foot, jouer aux jeux vidéo de foot…
Tu préfères regarder un match de basket ou un match de foot ?
Ça dépend… Si c’est la finale de la Ligue des champions…
Bon, bah si tu dois choisir entre la finale de la Ligue des champions et un des matchs de finales NBA ?
En même temps il n’y a qu’un match de Ligue des champions… Alors je choisirais peut-être ça, non ?
Tu te défiles là ! Entre la finale de la Coupe du monde et un match 7 de finales NBA ?
(Rires) T’es dur, là ! Le match de basket va durer plus longtemps, alors je change de chaîne et j’alterne !
En parlant de Coupe du monde, toi qui es né en Belgique, passé par la Suisse, qui habite aux USA et qui est originaire du Monténégro, tu supportes quelle équipe nationale ?
Je supporte le Monténégro et la Serbie. On est séparés à cause de ce qu’il s’est passé politiquement, mais moi, je supporte les deux. Mais vu qu’aucune des deux équipes n’ira à l’Euro, je supporterai la Belgique ! J’ai grandi là-bas, j’ai un passeport belge et puis ils ont une sacrée équipe avec mon joueur préféré, Eden Hazard.
C’est un peu dur pour lui et Chelsea en ce moment…
C’est vrai que c’est compliqué à Chelsea en ce moment. Tout le monde a les yeux braqués sur Mourinho et dit que c’est lui le problème, mais sincèrement je ne sais pas. Hazard aussi est en dedans, il n’est pas très heureux en ce moment, il ne montre pas ce qu’il sait faire…
Qu’est-ce qui te plaît particulièrement chez lui ?
J’aime bien son jeu, j’aime bien comment il joue. J’adorais comment il jouait à Lille, c’était dingue. Il est impressionnant. Ses dribbles, sa vitesse, c’est quelque chose d’unique. Son style de jeu est esthétique, c’est beau à regarder. C’est ça qui me plaît.
Hazard n’est pas le seul à ne pas être en forme en ce moment. L’équipe de Serbie ne va pas fort non plus…
Ils ont eu pas mal de problème à trouver un bon sélectionneur. Ils n’avaient pas de bons résultats et à chaque fois, ils voulaient changer d’entraîneur. Moi, je pense que c’est important pour eux de trouver un homme avec qui il sera possible de travailler dans la continuité, ça pourra les aider. L’équipe est bonne, même si certains cadres comme Vidić ou Ivanović sont vieillissants, mais il y a une jeune génération qui est douée et les U20 qui viennent d’être champions du monde, ce qui prouve qu’il y a du talent. Je pense que dans le futur, ils vont pouvoir faire quelque chose de bien. En ce qui concerne le Monténégro, c’est un petit pays, on n’a que 650 000 personnes, on n’a pas une grande base de joueurs, mais ils ont des résultats corrects par rapport à la taille du pays. Et puis il y a des bons joueurs comme Jovetić ! Je regrette que la Juve ne l’ait pas pris cet été. Il y a aussi Savić qui est bon. Je pense qu’on pourra faire un Euro ou une Coupe du monde un jour.
D’ailleurs, comment tu expliques qu’il y ait autant de talents sportifs là-bas ? C’est culturel ?
C’est vraiment une région du monde où on est très bons en sport. Pour moi, c’est assez simple, c’est parce qu’on adore ça. Dans l’histoire du basket comme du foot, il y a eu des joueurs formidables. Dans les années 90, mais même avant, en 70, 80. Chez nous, on aime ça, c’est comme ça ! Il n’y a qu’à voir l’ambiance qu’il y a…
Je crois savoir que tu suis une équipe dans chaque championnat. J’imagine que tu as quand même une « équipe de cœur » , non ?
Moi, c’est quand l’Étoile rouge de Belgrade et la Juve jouent que je suis vraiment à fond. Quand ils jouent, je vibre plus. L’Olympique lyonnais, c’est une histoire différente. Quand j’étais en Belgique, on suivait beaucoup la Ligue 1, et à cette époque, ils jouaient de manière fantastique. Depuis, je les suis encore. La Premier League, j’aime bien, mais je ne suis pas tellement. Tout le monde en parle, mais ce n’est pas mon championnat préféré. Je préfère regarder l’Espagne, l’Italie, la France et l’Allemagne. Je regarde les matchs de Chelsea, mais c’est tout.
Du coup, tu n’as pas pu vivre la grande époque de l’Étoile rouge…
J’étais trop jeune pour connaître l’âge d’or de l’Étoile rouge. Je ne les ai pas vus être sacrés champions d’Europe. J’avais un an… C’était un gros succès dans l’histoire du club, mais malheureusement, là, il est touché par des problèmes financiers. Là, on est premiers, on a 14 points d’avance. On a besoin de revenir en Ligue des champions, ça renflouera les caisses et ça nous permettra de se frotter aux grands clubs, c’est important.
Franchement, je préfère ce qu’ils font, à savoir des stades de 30 000 personnes avec une bonne ambiance qu’un stade de 80 000 places à moitié vide.
Ça ne doit pas être facile de suivre tout ça d’Orlando pour un joueur de basket professionnel…
C’est compliqué, mais j’essaye de me débrouiller ! J’essaye de regarder les matchs, mais entre le décalage horaire et les voyages de l’équipe, c’est compliqué. Du coup, je fais comme je peux, sur internet, sur Youtube, sur Twitter, j’essaye de suivre au maximum. Internet me facilite la vie, quand même.
En revanche, tu peux suivre de près l’évolution de la MLS. Tu en penses quoi ?
Je pense qu’ils font du bon boulot. Il y a beaucoup de joueurs européens, certes plus âgés, qui sont venus. Mais même les joueurs américains en NBA s’intéressent plus au foot désormais. La Ligue est bien organisée, c’est une certitude. Ce que j’aime bien, c’est que les stades qu’ils construisent sont « remplissables » . Il n’y a pas de folie des grandeurs, juste des idées réalisables et sérieuses. Franchement, je préfère ce qu’ils font, à savoir des stades de 30 000 personnes avec une bonne ambiance, qu’un stade de 80 000 places à moitié vide. À chaque fois qu’Orlando City joue, le stade et rempli. Et côté commercial, c’est très bien géré. Ils savent faire ça ici (rires) ! Je trouve vraiment que le foot avance bien. Je ne pense pas qu’il entrera dans le top 3 des sports ici, mais ce n’est pas ça qui compte. Et puis il faut comprendre qu’aux USA, il y a plein de gens issus du monde entier. Par exemple, ici en Floride, il y a plein de gens d’Amérique du Sud. Ça aide à ce que les gens se passionnent pour le foot.
Kaká est arrivé ici en 2014, c’était un gros événement ?
L’arrivée de Kaká, c’était un gros truc. Il faut savoir que les Brésiliens représentent l’afflux numéro un de touristes à Orlando, alors imagine le truc… Après, c’est vrai qu’il y a plein de gens qui ne savaient pas qui il était, mais ceux qui connaissaient étaient contents. Moi, quand je l’ai vu, j’étais comme un dingue (rires) ! Je savais qu’il venait, mais je ne savais pas quand. Un jour, on avait un match, je m’échauffe et je vois un mec tout timide qui débarque sur le terrain, qui vient me voir et me fait signe. Je croyais que c’est un fan normal et je vois que c’est Kaká ! Je lui ai dit que j’étais super content de le voir. Quand il jouait à Milan, c’était un phénomène… Les autres joueurs me regardaient en se demandant : « C’est qui lui ? » (rires).
Maintenant, on parle de Zlatan à Orlando City…
Zlatan ? Ce serait énorme. Kaká, il fait plein de trucs pour la communauté, c’est un type gentil, tandis que Zlatan, c’est un peu le contraire. Ça serait marrant de voir ses interviews ici !
Des joueurs qui viennent d’Europe comme Giovinco et Drogba se baladent en MLS. Tu ne penses pas que c’est trop simple pour eux ?
Je pense pas que ce soit facile, mais c’est certain que le niveau en Europe était plus élevé qu’ici. Cela étant, il faut bien comprendre qu’ici, l’aventure ne fait que commencer. Et puis prends le basket, le niveau entre la NBA et l’Euroleague n’est pas forcément le même. Ce qui ne veut pas forcément dire qu’il y en a un qui est mieux ou moins bien que l’autre.
Tu penses vraiment que la NBA est supérieure en tous points à l’Euroleague ? Tactiquement, en matière de QI basket, ce n’est pas dit, si ?
Quand je dis ça, je parle essentiellement d’organisation. Mais même en niveau de jeu, je pense que la NBA a un avantage. Il y a de grands coachs en Europe, peut-être meilleurs que certains ici, mais si tu prends la chose dans sa totalité, la NBA est un cran au-dessus.
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