- Vrai Foot Day
- Walking football
La lente et belle histoire de l’équipe de France de walking football
Ce samedi, le Vesoul RC organisera un tournoi de foot en marchant à l’occasion de la cinquième édition du Vrai Foot Day, la journée d’hommage et de mise en avant du foot amateur organisée par So Foot. Les vainqueurs auront la chance de disputer un match face à l’équipe de France de walking football des plus de 60 ans, vice-championne du monde en 2023. L’occasion de revenir sur cette pratique, son développement et ses nombreux bienfaits.
C’est presque une ode au football d’antan qui se déroule de plus en plus régulièrement sur ces terrains d’une quarantaine de mètres. Un sport en marchant, sans contact, où le ballon ne peut pas être levé à plus d’un mètre 80 et où seuls le placement et la technique permettent de faire la différence. Né en 2011 en Angleterre, le walking football a fait rechausser les crampons à des joueurs âgés, plus en mesure de cavaler pendant 90 minutes. La pratique a fait son trou outre-Manche, avant de progressivement partir à la conquête du continent. Dont la France.
« Les Rasta Rockett du foot en marchant »
Lorsque le walking football pointe le bout de son nez dans l’Hexagone au milieu des années 2010, le retard accumulé par rapport aux voisins est déjà considérable. Après le buzz médiatique des débuts, une association française du foot en marchant voit enfin le jour en 2019, permettant peu à peu à la pratique de se structurer. Florent Théron, sélectionneur de l’équipe de France des plus de 60 ans, a pu constater le développement fulgurant qui a été réalisé en un très court laps de temps. « J’aime bien dire que nous sommes les Rasta Rockett du foot en marchant : avec peu de moyens, on a réussi à faire quelque chose de grand, explique l’entraîneur. Quand j’ai été nommé sélectionneur en avril 2022, on a perdu notre premier match face aux Anglais, 12-1. Un an plus tard, on s’incline seulement 1-0 contre eux en phase de groupes de la Coupe du monde. »
Vous connaissez le foot en marchant ? C'est une version plus lente du football avec des règles aménagées permettant une pratique adaptée, totalement sécurisée et accessible à tous (intergénérationnelle, mixité homme-femme et/ou sociale, inclusion…) pic.twitter.com/IyPKBL9CLi
— FFF (@FFF) December 20, 2019
Ce Mondial, disputé en 2023 à Derby, en Angleterre, est le véritable climax de la récente histoire du walking football français. L’équipe des plus de 60 ans a écarté des adversaires issus de trois continents différents (Canada, Japon, Corée du Sud, Tchéquie et même Pays basque), avant de faire tomber l’Italie en demi-finales au terme d’une épique séance de tirs au but. Un match « qui a pris beaucoup de jus à l’équipe » selon le sélectionneur, qui a vu ses hommes s’incliner 3-0 en finale face à la perfide Albion, tout simplement plus forte. L’essentiel n’était toutefois pas là, la France ayant gagné bien plus qu’un trophée avec ce tournoi. « Le nombre de pratiquants a quasiment doublé depuis Derby, détaille Florent Théron. Aujourd’hui, on est près de 1000 adhérents en France. Il y a réellement eu un effet Coupe du monde pour nous. »
Un pouvoir magique
Si un sport sans la moindre course ne paie pas de mine au premier abord, plusieurs études réalisées en Angleterre démontrent les bienfaits de la pratique, qui réduirait les risques cardiovasculaires et le stress. « À titre personnel, ce sport a changé et sauvé ma vie, explique Stuart Langworthy, directeur de la Walking Football Association et sélectionneur de l’équipe nationale des plus de 60 ans. En vieillissant, beaucoup de gens s’isolent. Le walking football permet de rester en forme, mais est aussi important mentalement, car il y a un sentiment d’appartenance à un groupe qui est très fort. »
En 2023, Stuart Langworthy a reçu la British Empire Medal, une récompense royale britannique pour saluer l’ensemble du travail qu’il a accompli pour développer le walking football. En plus d’être bénéfique pour la santé, la pratique est aussi primée pour le formidable message d’inclusion qu’elle délivre, permettant à toutes et à tous de retrouver le plaisir du Beautiful Game. « L’Angleterre a formé une équipe de personnes atteintes de Parkinson, narre le sélectionneur. Certains ont des difficultés à marcher, doivent se déplacer avec une canne… Mais une fois qu’on place un ballon devant eux, ils se transforment et reprennent vie. On assiste vraiment à une forme de magie. » Le walking football a encore beaucoup de chemin à accomplir, notamment au niveau de son règlement, pour espérer remplir des stades. Mais s’il y parvient un jour, nul doute qu’un chant en particulier résonnera dans les tribunes : le You’ll Never Walk Alone, bien évidemment.
Par François Linden
Photo : ©ChristelleCAPITAINE-29 / AFFM