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Voyage au sommet de la tour Luca Toni

Par Markus Kaufmann // Tous propos recueillis dans le So Foot n°125
5 minutes
Voyage au sommet de la tour Luca Toni

Comme la tour de Pise, Luca Toni aurait dû s'écrouler depuis des années. Mais après une nouvelle saison à plus de 20 buts, la « torre » fait bien plus que tenir à la hauteur des sommets italiens. Elle continue à régner. Et surtout à sourire.

C’est l’histoire d’une tour qui aura longtemps attendu pour montrer sa véritable grandeur. Modena. Une tour ayant joué avant-centre pour treize couleurs différentes du haut au bas de la Botte. Empoli. Une tour au dos géant coiffée d’une figure d’empereur. Fiorenzuola. Une tour de près de 195 centimètres qui bouge autour de la surface comme si elle en avait dix de moins. Lodigiani. Une tour mobile ayant subi les coups de coude de tous les défenseurs au monde durant deux décennies. Treviso. Une tour ayant infligé des coups de tête à des générations de ballons. Vicenza. Une tour qui aura attendu dix ans de carrière pour être convoquée par la Nazionale, mais aura fini championne du monde. Brescia. Une tour à la technique parfois hasardeuse, mais merveilleusement mise au service d’une générosité, d’un sens du jeu et d’un instinct pour le but parfois sans égal. Palermo.

Une tour ayant remporté trois fois le titre de meilleur buteur de son championnat. Fiorentina. Une tour « de surface » ayant aussi fait ses preuves dans le royaume des frappes lointaines. Bayern Munich. Une tour de 38 ans qui court comme si elle en avait vingt de moins. Roma. Une tour qui célèbre ses joies et pleure ses malheurs comme si elle les connaissait pour la première fois. Genoa. Une tour frappée, bousculée, critiquée, meurtrie mais toujours en vie. Juve. Une tour dont la carrière de 21 saisons semble parfois aussi longue que les neufs siècles d’histoire de la tour de Pise. Al-Nasr. Une tour qui a prouvé à maintes reprises qu’il faut toujours y croire. Fiorentina. Et que certaines tours ne tomberont jamais, peu importent la verticalité de la pente et la puissance du vent. Verona.

Escaliers tortueux


Ses débuts en Serie A pour Vicenza ont déjà quinze ans. Ses premiers buts pour Palerme, qui lui vaudront une convocation avec la Nazionale, ont déjà onze ans. Lorsque Luca Toni finit capocannoniere de la Serie A pour la Fiorentina, le compteur affiche déjà 29 ans. C’est l’année du Mondial allemand. Ce doublé contre l’Ukraine, qui devait être l’apogée d’une carrière illuminée sur le tard, a déjà neuf ans. Les deux années et demi à briller avec Ribéry au Bayern ? Elles ont déjà cinq ans. Et puis, ces piges de six mois, alors qu’on le croit fini à 33 ans : de loyaux services à la Roma de Ranieri, marquant contre l’Inter ce qui aurait pu être le but d’un Scudetto que la capitale attend encore aujourd’hui ; trois buts pour le Genoa ; deux pions pour la Juventus et puis six mois pour rien. Là, à 35 ans, Toni part à Dubaï et disparaît des radars. Six mois plus tard, un drame change tout.

Son fils Mattia meurt tragiquement avant même de naître, et le pousse ainsi à continuer. Si Luca Toni s’est révélé tardivement en Serie A, il a aussi réussi le pari fou de « renaître » tard. Un retour inattendu mais réussi à la Fiorentina, comme un dernier pari, pour 8 buts et surtout 27 matchs joués. La naissance heureuse de Bianca, puis de Leonardo, comme un cadeau du ciel. Et enfin le carnage à l’Hellas : 42 buts en 72 matchs de Serie A, en deux saisons. Encore mieux que Di Natale. Une carrière bâtie à la mesure d’une tour monumentale dont les escaliers tortueux donnent le vertige. Un homme qui réussissait des mouvements aussi imprévisibles que son plan de carrière, avec toutefois une identité : cette célébration aussi souriante que légendaire, inventée en Sicile à Palerme, et encore sur scène aujourd’hui à Vérone.

Tous les chemins mènent à ce sourir

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Après tout ça, à 38 ans, Luca Toni a certainement des centaines de manières de raconter son voyage. Il pourrait commencer par les joies trompeuses, comme le fait de devenir champion du monde du jour au lendemain : « Mes amis m’ont sauvé la vie après la Coupe du monde, en continuant à me voir de la même façon : j’étais toujours le Luca qui n’est personne dans ce monde » . Ou alors par l’apprentissage d’une vie à 24 ans dans le Brescia de Baggio et Guardiola : « A Brescia, Guardiola m’apprenait tous les jours la grandeur de l’humilité. A la fin de l’entraînement, il me disait « viens, je te fais des centres ? » » . Il pourrait commencer par les épreuves difficiles, aussi. Très, très difficiles : « A l’hôpital, ils nous regardaient tous sans avoir le courage de parler, et je me souviendrai jusqu’à ma mort de leurs yeux. « Dites-le, docteur, dites-le ! » – « Attendez, essayons de changer de machine, peut-être que celle-là ne fonctionne pas bien », ils nous disaient. Mais non : c’était le cœur de Mattia – c’est comme ça que devait s’appeler notre premier fils – qui ne fonctionnait plus. Un tremblement de terre… » .

Luca pourrait aussi commencer par un coup de chance, hors des terrains. « Un soir, en boîte, je passe près des toilettes et on me balance une porte en pleine figure. D’abord, je me mets hors de moi, comme un fou, puis je regarde bien la personne derrière la porte, et je lui offre un verre. C’était Marta. Franconi, un ami, a tout compris : « ça y est, on l’a perdu ». Et il avait raison : c’est la femme qui est entrée dans ma vie pour la changer définitivement, et c’est arrivé au pire moment de ma carrière, à Fiorenzuola, où Cavasin m’insultait tous les jours. A l’époque je pensais vraiment arrêter le football. » Ou un coup de chance, sur les terrains. « Après Dubaï, je m’étais décidé pour de bon d’arrêter le football. Pile à ce moment-là, Marta me dit qu’elle ne me supporte plus à la maison. Le problème, c’est que je n’arrivais pas à me convaincre d’aller à Sienne, qui allait redescendre en Serie B. Et là, à une heure de la fermeture du mercato, la Fiorentina perd Berbatov. Andrea Della Valle m’appelle : coup d’arrêt et contre-attaque, mon destin. » Peu importe le début, finalement. Parce que la fin reste la même : à près de 40 ans, Luca Toni est ce buteur italien que le jeu et la vie n’ont pas réussi à fatiguer. Un homme qui ne peut s’empêcher de sourire et courir à chaque fois que son ballon passe la ligne, agitant sa main droite comme un enfant qui court sans savoir où aller.

Dans cet article :
Des saluts fascistes sur la célébration du but de Mussolini, vraiment ?
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