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- Rennes-Tottenham (2-2)
Vous n’auriez pas dû vous moquer de Hamari Traoré
Depuis jeudi soir, Hamari Traoré est la cible des réseaux sociaux après le match Rennes-Tottenham de Ligue Europa Conférence (2-2). La raison ? Le défenseur rennais a pris un petit pont de Tanguy Ndombele. Sauf que derrière, l'international français a rebroussé chemin face à la bonne défense de Traoré qui aurait dû être félicité pour sa défense plutôt que critiqué pour ce petit pont.
Qui a dit que personne n’allait s’enflammer sur la Ligue Europa Conférence ? Certainement pas Twitter qui, depuis jeudi soir, ne parle que de cette action de Tanguy Ndombele face à Hamari Traoré lors du match nul de Tottenham à Rennes (2-2). Une action dans laquelle on voit l’international français mettre un petit pont au latéral rennais avant de le mettre sur les fesses sur un crochet. Il n’en fallait pas plus pour réveiller l’oiseau bleu : « Ndombele vient de terminer la carrière de Traoré », « Ndombele l’a bu », « Il s’est fait nettoyer », « Il ne respecte rien ». Alors oui, les dribbles de Tanguy Ndombele sont jolis. Sauf qu’il suffit juste de voir l’action en entier pour s’apercevoir qu’Hamari Traoré ne s’est pas du tout fait boire. Bien au contraire, le Malien a même parfaitement bien défendu, puisque le milieu des Spurs n’est jamais passé dans son dos, ne l’a jamais débordé et a dû se contenter d’une passe en retrait pendant que tout le bloc rennais a pu se replacer.
? La très grosse séquence de dribbles de Ndombele face à Hamari Traoré. Le défenseur rennais a bien dansé, mais finalement il reste au contact et le milieu des Spurs n’arrive pas à centrer. pic.twitter.com/Gt1lC2GceM
— RMC Sport (@RMCsport) September 17, 2021
Et puisque le football n’est pas FIFA Street – où les dribbles sont comptabilisés pour permettre au joueur d’utiliser son gamebreaker – le grand gagnant de ce duel est finalement Hamari Traoré. Et non Tanguy Ndombele. Il y a quelques jours, lors de PSG-Clermont (4-0), c’était Elbasan Rashani qui était la cible des critiques pour être tombé sur les fesses, lui aussi, après avoir pris un petit pont par Abdou Diallo puis une tentative de roulette. Sauf que, là encore, c’est le milieu kosovare de Clermont qui est sorti vainqueur puisqu’il a fini par récupérer le cuir. Sauf que sur les réseaux, le monde a préféré se moquer de Traoré et de Rashani en ne retenant que les dribbles, certes spectaculaires, mais infructueux, de Diallo et Ndombele.
Le one man show de @Abdou_diallo_ vu des tribunes ? pic.twitter.com/YDGk9TwjhE
— Galsenfoot.com ??? (@Galsenfootsn) September 12, 2021
Mème pas drôle
Et finalement, quand bien même les dribbles avaient fini par donner une action dangereuse ou même un but, cela n’aurait pas donné le droit de se moquer du défenseur qui fait son boulot et qui perd son duel. Lorsqu’un attaquant tente un dribble et qu’il ne passe pas, tout le monde félicite le défenseur, mais personne ne se moque de l’attaquant. Alors cela devrait être pareil dans l’autre sens. Sauf que, désormais, l’heure est à la culture du mème et des highlights, et la majorité des téléspectateurs ne jure que par ça pour se faire une opinion d’un joueur. Et celle-ci peut durer longtemps. À l’image de Jérôme Boateng et du but de Lionel Messi avec le Barça en Ligue des champions contre le Bayern après avoir mis le défenseur allemand sur les fesses.
Aussi beau soit-il, le geste date de 2015. Entre-temps, Boateng a remporté 7 Bundesliga, 1 Ligue des champions et mis un 8-2 à Lionel Messi en C1. Pourtant, lors de sa conférence de presse de présentation à l’Olympique lyonnais, le champion du monde 2014 a été questionné sur ses retrouvailles avec l’Argentin par un journaliste qui lui a rappelé une énième fois cet épisode de 2015. Comme si Boateng se résumait à cette action. L’idée n’est pas de ne pas s’extasier devant des gestes techniques, bien au contraire, mais seulement de ne pas tomber sur le défenseur qui se fait dépasser. Surtout quand celui-ci défend très bien sur l’action comme Hamari Traoré. Sinon, il y aura de plus en plus de défenseurs qui n’oseront pas aller au duel, par peur de se retrouver en mème sur Twitter ou dans la rubrique Total Régal. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe en NBA où beaucoup de joueurs n’osent plus aller au contre pour ne pas se prendre un dunk sur la tête et se retrouver en mauvaise posture dans le top 10 de la nuit. Un top dans lequel figure souvent Rudy Gobert. Cela ne l’a pas empêché d’être élu trois fois défenseur de l’année en NBA.
Par Steven Oliveira