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Vous n’aurez plus l’Alsace….

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Vous n’aurez plus l’Alsace….

Auditionné hier par la DNCG, l'actuel et très impopulaire président du club, Jafar Hilali, a passé en solde de tout compte le statut professionnel du Racing Club de Strasbourg. Si le délai accordé par l'instance de régulation, qui expire à midi, se termine sans nouvelle proposition du staff, l'une des plus vieilles institutions du foot pro tricolore (78 ans de bons et plus ou moins loyaux services), quittera la cour des grands, entraînant dans sa chute nombre de salariés et l'un des centres de formation le plus reconnus du pays. Comment en est-on arrivé là ?

L’image était belle et devrait même faire rêver Aulas. Une équipe qui finit le match au milieu du kop, alors même que sa troisième place ne lui a pas permis de monter en L2. Seulement nous ne sommes pas à Gerland, mais au stade de la Meinau. Très loin de la Champions League, avec le RC Strasbourg qui lutte pour se sortir du purgatoire du National entre Pacy sur Eure et Plabennec. Car si le Racing s’apprête de nouveau à entrer dans l’histoire du foot français, ce sera peut-être par le cimetière. « Le problème du Racing, ce n’est pas le foot, mais le reste. En gros, cette saison, Strasbourg avait une équipe mais plus de club » s’exaspère Barbara Schuster, la journaliste qui suit le naufrage annoncé pour les Dernières Nouvelles d’Alsace, l’autre grande institution régionale. Et si Strasbourg se trouve à ce point au bord du gouffre, il le doit à près de trois décennies de grand n’importe quoi dans sa “gouvernance” (pour reprendre un mot tendance en ce moment à la FFF), avec une accélération ces dix dernières années qui en ont fait un contre-modèle absolu, où se rejoignent tous les risques mortels qui un jour ou l’autre frôlent l’avenir d’un club. Et un tel faisceau de dangers devait bien finir un jour par l’entrainer vers la chute.

Tout d’abord l’économie fragile du Racing n’a cessé de se dégrader depuis que la mairie s’est retirée (sous la pression de la loi) du capital en 1997 (Catherine Trautmann poussant ce qu’elle croyait être un ouf de soulagement définitif). S’en est suivie une succession de dirigeants et de propriétaires qui intriguaient pour l’acquérir, tout en étant incapables de savoir quoi en faire et qui se retiraient parfois dans la précipitation, comme en 2003 lorsque les Américains d’IMG McCormack revendirent la SASP pour un euro symbolique à la holding EuroRacing de Philippe Ginestet, Egon Gindorf. Sans oublier les projets pharaoniques de nouveau stade comme en 2008 avec l’Eurostadium jamais sortis des cartons ou encore la rénovation de la Meinau, abandonnée par la mairie en 2010 en raison de son coût excessif selon les élus. Au final, l’Euro 2016 n’honorera pas la capitale de l’Europe de sa présence.

En pointillés

Les choix sportifs douteux ont également pesé lourd dans les déficits systématiques du club. Aucun entraineur n’arriva à assurer une présence régulière du club dans l’élite, malgré des prouesses en Coupe de France ou de la Ligue, voire en Coupe d’Europe. Or cette suite d’allers-retours entre L1 et L2, jusqu’à la situation actuelle en National, pousse le club dans ses derniers retranchements en lui faisant traverser plusieurs plafonds de verre financiers, qu’il a de plus en plus de mal à remonter en sens inverse. Désormais, sans la manne télé qui aurait été induite par la L2, l’avenir du Racing se lit donc en pointillés et même avec ce coup de chance, on aurait presque l’impression d’assister à de l’acharnement thérapeutique. Beaucoup envisagent presqu’avec sérénité une descente en CFA. « Le public pourra se remettre à rêver d’élite d’ici quatre ou cinq ans » , rajoute Roland Weller, ancien président du Racing, dans un dossier consacré par les DNA à “Trente ans de galère”. Toute cela demeurant suspendu aux décisions de la DNCG, que l’on ne saurait ici accabler tant elle semble presque de bonne volonté et indulgente.

En fait au-delà de cette logique structurelle, presque rationnelle, le Racing possède aussi sa petite spécificité kafkaïenne. Il dispose par exemple d’un centre de formation de qualité, dont est encore sorti récemment Kevin Gameiro. En 2008 ce dernier est transféré lors du mercato d’été avec d’autres jeunes talents (Morgan Schneiderlin, Habib Bellaïd, etc.), pour 10,25 millions d’euros, de quoi combler provisoirement les dettes du club. Seulement à force de revendre de plus en plus de jeunes, la mine s’est épuisée et ne suffit plus à renflouer les caisses. Pire que tout, d’une certaine manière, le centre a été “municipalisé”. Les bâtiments, propriété du RC Strasbourg, sont construits sur un terrain municipal dont le club garde la jouissance jusqu’en 2045 via un bail emphytéotique. En 2010 la ville de Strasbourg a dû les racheter pour 4,074 millions d’euros (en fait, une énième réanimation avec l’argent du contribuable pour conjurer une nouvelle crise financière). Ajoutez-y en outre un conflit récurrent entre la SASP Racing et l’association support qui est détentrice de l’affiliation FFF (litige financier, sur le droit d’utiliser le nom, etc.), au point que le paiement des salaires d’avril des employés n’a pu se réaliser qu’après un long bras de fer entre les deux structures et un virement de 300 000 euros à destination des comptes de la SASP. Et inutile de parler en plus des litiges qui vont passer aux prud’hommes à partir de septembre (José Luis Chilavert, demande 8 millions d’euros, même s’il a peu de chances d’avoir gain de cause) et du conflit sur les « réserves » du comptes courant. Impossible de ne pas compatir dès lors avec la « lassitude » d’un Alain Fontanel, adjoint à la mairie aux Finances, évaluation des politiques publiques et contrôle de gestion (ce n’est même plus celui au sport qui suit l’affaire), qui se voit obligé de consacrer des après-midis entières au Racing.

Football Manager

Pourtant, tout le monde veut sauver le centenaire. Sauf un étrange personnage, qui bizarrement regarde le Titanic se diriger vers l’iceberg le sourire aux lèvres. Il s’agit de Jafar Hillali, l’actuel propriétaire et président, le 26ème d’une longue liste, et surtout le 7ème depuis 2005. Car si Strasbourg affiche tous les stigmates d’une mort annoncée sur le papier, ce qui rend crédible la menace, c’est qu’il possède le plus hallucinant président du foot français. En effet si Philippe Ginestet est souvent présenté par la presse locale comme le fossoyeur du club, l’actuel propriétaire Jafar Hillali en sera surement le croquemort. Ce dernier gérait le club par e-mail depuis Londres comme un bon jeu vidéo à la Football Manager, s’attribuait tous les mérites sportifs au grand dam d’un Laurent Fournier en partance désormais pour Auxerre après avoir tenu l’équipe à bouts de bras, et évidemment innovait dans le recrutement avec son dernier choix de désigner comme nouveau directeur sportif Adil El Barkaoui, un homme qui a racheté une chaine de snacks hallal à Mulhouse (rien de surprenant en terre de concordat) et qui serait engagé également dans l’agence de joueurs allemande Sport business AG. Le summum de son « amour vache » fut de menacer d’un huis clos le dernier match de la saison – lui s’en moque il n’est jamais venu au stade de la Meinau – s’inventant une hypothétique guerre de Troie avec les supporters qui risquerait de dégénérer en bataille sanglante. Cela dit, n’est pas Robin Leproux qui veut.

Le personnage est arrivé dans les filets de ce que les Strasbourgeois, pas toujours européens dans l’âme, appellent les « Londoniens » . Bref le groupe financier basé à Londres FC Football Capital Limited du mystérieux Estonien Roman Loban. En le rachetant, la société Carousel Finance récupéra donc pour 1,5 million d’euros le Racing, et ce dernier un nouvel actionnaire majoritaire : Jafar Hilali. N’importe qui voudrait partir. Lui continue de réclamer des conditions financières hallucinantes pour un club peut-être en CFA l’an prochain. « Il faudrait être fou pour reprendre le club » , confie fatigué Olivier des UB 90. Ce midi, le foot français aura peut-être perdu l’Alsace…

Nicolas Kssis Martov

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