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Volpe : « Les Chiliens courent tout le temps »
Formé à Montpellier, Florian Volpe a fait partie de la génération 90, celle des Belhanda et consorts. De ses années montpelliéraines, Florian a gardé de bons souvenirs et de belles amitiés, notamment avec Rémy Cabella, qu'il considère « comme son frère ». Malheureusement pour lui, pas de contrat pro dans l'équipe de Loulou Nicollin, et du coup un exil en Amérique du Sud. Au Chili plus précisément. Avec un seul objectif : vivre de sa passion, le football. Rencontre avec un expatrié du football, qui a la tête sur les épaules, et les pieds dans la surface.
Explique-nous comment on passe du centre de formation de Montpellier à la deuxième division chilienne ?En fait, après le centre de formation, je suis resté un an de plus à Montpellier. Puis j’ai eu un problème de blessure et donc ils ne m’ont pas fait signer de contrat pro. Après ça, je suis resté un an à Sète, puis mon cousin, qui était au Chili, m’a demandé si ça m’intéressait de venir là-bas. Je me suis dit pourquoi pas, j’ai donc pris mon billet d’avion et je suis parti à l’aventure.
D’accord. Et du coup, une fois sur place, ça s’est passé comment ?Alors, au début, je suis arrivé dans un club qui s’appelle Universidad Catolica, mais eux, ils avaient un groupe professionnel de 31 joueurs, donc ils m’ont dit que ça ne servait à rien que je reste. Ils m’ont envoyé vers un club de deuxième division, histoire de me voir jouer, que je prenne du temps de jeu. Et donc voilà comment je suis arrivé au club de Magallanes, où j’ai signé mon contrat professionnel.
Mais du coup tu n’appartiens pas à la Catolica ?Non non, j’appartiens à Magallanes. Après si la Catolica est intéressée, ce sera leur problème à eux pour m’acheter, me faire venir.
Et tes débuts dans le foot chilien, alors ?Bah ça change ! Ce n’est pas le même style de jeu. Déjà, il y a de très bons joueurs de ballon. Ça ne balance pas du tout, ça joue beaucoup au sol, c’est très rapide. Au final, c’est très physique, car les Chiliens courent tout le temps.
La deuxième division chilienne, tu lui donnerais quoi comme équivalent, en Europe ?En fait, ici, la première et la deuxième division se ressemblent beaucoup. Il y a peut-être un club qui est au-dessus, l’Universidad Chile, qui pourrait s’en sortir comme une Ligue 2 européenne je dirais, après, tous les autres clubs, c’est l’équivalent de la CFA, je pense.
Du coup, tu n’étais pas dépassé par le niveau, toi qui as joué en CFA avec Montpellier ?Ouais, non. Après, ce qui change, c’est le style de jeu. Ici, il y a beaucoup de techniciens, c’est vraiment différent de la Ligue 1. Puis ici, vraiment, le football, c’est une religion.
Tiens, d’ailleurs, en parlant de ça, c’est comment au niveau de l’ambiance, des supporters ?C’est énorme. Quand j’étais allé faire les essais à la Catolica, il m’avait permis d’aller voir un match. Et l’ambiance, pour les gros clubs, c’est vraiment impressionnant. Ce n’est pas comme en France, où, je vais prendre l’exemple de Montpellier, il n’y a que la Butte Paillade qui chante et c’est tout. Ici, quand ça lance une chanson, il y a absolument tout le stade qui se lève et qui chante.
Dans les stades, c’est assez chaud, donc ?Oui, mais pour les grosses équipes. Après, moi, dans le club où j’évolue, il y a un orchestre qui vient pour tous nos matchs à domicile ; mais bon, c’est un petit stade. D’ailleurs en deuxième division, les stades sont tous relativement petits. Nous par exemple, il y a juste deux tribunes, ce n’est pas un vrai stade tout autour du terrain. Mais, après les supporters, ce sont des vrais passionnés, ils vivent pour leur club.
Tu es arrivé au Chili en juillet, est-ce que tu t’es bien habitué à la vie là-bas ?Oui, franchement ça va. En plus, les Chiliens sont très chaleureux. Bon après, c’est vrai que ça a été un peu difficile au début, notamment au niveau de la langue, car je ne parlais pratiquement pas espagnol. Mais maintenant, ça va, je me débrouille bien.
Ça n’a pas été trop dur de partir si loin, si jeune ?Oui et non, en fait. Tu sais, moi, c’est mon rêve depuis que je suis tout petit de vivre de ma passion. Donc j’avais déjà prévenu mes parents que si je devais aller à l’autre bout du monde pour jouer au football, bah je le ferais. Donc, voilà. Après, oui, c’est vrai que c’est difficile de ne pas voir sa famille. Mais aujourd’hui, avec les moyens qu’il y a, notamment internet, je les vois régulièrement sur Skype et tout ça.
Tout à l’heure, tu me disais que c’est ton cousin qui t’avait dit de venir ici, donc tu avais déjà un peu de famille, au Chili ?Ben, j’avais juste mon cousin. En fait, lui, il était venu ici pour son boulot, donc il m’a hébergé pendant un temps. Mais bon, maintenant j’ai ma propre maison et en plus, lui, il ne va pas tarder à rentrer en France pour son boulot.
Qu’est-ce qui te manque le plus, de cette chère France ?Bah ce qui me manque vraiment, c’est ma famille et mes amis. Après, ce qui change le plus, c’est le climat : en ce moment, au Chili, on est en été, et c’est la première fois de ma vie que je me mets de la crème solaire 50. Le soleil, il te brûle, c’est vraiment impressionnant. Sinon, qu’est-ce qui me manque ? Je ne sais pas trop, je ne vais pas dire qu’il n’y a rien qui me manque. Mais tu sais, moi, le football, c’est ma passion, donc je me régale chaque jour de pouvoir en vivre.
Et niveau bouffe, il n’y a rien qui te manque ?Bah déjà, ce qui m’a surpris, c’est qu’ici, ils ne mangent pas le soir. Ils se réunissent pour prendre un thé en mangeant un peu de pain avec de la confiture et des œufs, mais ce n’est pas un vrai repas. Au début, quand je vivais chez mon cousin, vu qu’il est marié à une Chilienne, bah je faisais ça avec eux. Mais maintenant que j’ai ma propre maison, je me suis remis à manger normalement, le soir. Sinon, niveau nourriture, ils font les choses différemment, le cassoulet n’a rien à voir, le riz, ils le font cuire d’une autre façon. Mais après, c’est juste une question d’habitude, moi, j’ai mis deux-trois semaines à m’habituer, et maintenant ça va. Après si, il y a une chose qui me manque vraiment, c’est le pain. Ici, il n’a rien à voir avec le pain de chez nous (rires).
Et du coup, tu vis à Santiago, ou en périphérie ?À Santiago même. Et c’est vraiment immense, il y a à peu près 18 millions d’habitants. C’est vraiment très grand. Tu peux mettre deux heures de métro pour traverser la ville d’un bout à l’autre.
Ça ne te change pas trop, toi qui viens de Sète ?(Rires). C’est clair que ça m’a un peu bouleversé au début, puis bon, je m’y suis fait. Pour aller à l’entraînement j’essaie de faire du co-voiturage, par exemple. J’ai également trouvé un bus qui m’amène directement à l’entraînement. Et puis, même si je mets une heure pour aller à l’entraînement, je me suis habitué à dormir le temps du trajet.
Bon, tu nous dis que c’est une ville immense, ça doit être idéal pour faire la fête du coup, non ?Ben je n’ai pas eu le temps de faire la fête encore. Mais je sais qu’il y a de quoi bien la faire, ici. Sinon, il me semble que là, en périodes de vacances scolaires et universitaires, les Chiliens vont plus à la plage. Il y a un endroit qui s’appelle Viña Del Mar, et là-bas, les fêtes se font directement sur la plage.
La vie est chère là-bas, au fait ?Bah écoute, ça dépend. Par exemple, les fruits et les légumes, c’est beaucoup moins cher. Après, tout ce qui est informatique, télé, c’est le même prix que chez nous. Par contre, la téléphonie mobile, c’est beaucoup plus cher qu’en France. Ah et puis, ouais, les loyers, ici, c’est beaucoup moins cher. Par exemple, tu peux louer une maison avec trois chambres pour 300-400€, dans Santiago même.
Et sinon, les Chiliennes sont des belles filles ?Je dirais que c’est comme partout, il y a un peu de tout. Il y a de très jolies filles, mais bon, il y a aussi des moches, hein, comme partout.
Bon parlons un peu football, quand même. L’intégration, avec tes coéquipiers, ça s’est bien passé ?Bah au début, c’était un peu froid, car je venais pour prendre la place de quelqu’un, quand même. Après voilà, maintenant, je fais partie du groupe donc ça va. Puis comme je te disais, les Chiliens sont vraiment chaleureux. Dans l’ensemble, ils ont été super gentils avec moi, il y en a qui me disaient : « J’espère que ça va bien se passer pour toi, tu le mérites, tu es un bon joueur. » Donc oui, l’intégration s’est plutôt super bien passée.
Tu as une petite anecdote à nous raconter ?Non, pas particulièrement. Ah si, il y a un truc qui me fait bien marrer, c’est qu’ici, ils ne m’appellent pas Florian, ils m’appellent Francia. Comme s’ils m’appelaient France, quoi (rires).
Pour finir, quels sont tes projets ? Tu te vois rester au Chili ?Pour l’instant, l’objectif, c’est de remonter en première division avec le club. Sinon, j’aimerais bien passer six mois ici, puis pourquoi ne pas aller découvrir un autre club qui évolue en première division. Bon, après, tout dépend de la façon dont les choses vont se passer, mais dans l’idéal, c’est clair que j’aimerais bien revenir en Europe.
Propos recueillis par Gaspard Manet