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  • Coupe du monde 2014 – Petite finale – Brésil/Pays-Bas

Vlaar et la manière

Par Régis Delanoë
4 minutes
Vlaar et la manière

S'il n'a eu aucun but marqué en 120 minutes lors de la demi-finale entre l'Argentine et les Pays-Bas, c'est autant la conséquence du manque d'inspiration des joueurs offensifs que du talent de ceux censés les empêcher de s'exprimer, avec deux experts en la matière : Javier Mascherano côté albiceleste et surtout Ron Vlaar chez les Oranje, qui a écœuré Messi, Higuaín et consorts. Il est sûrement là, le meilleur défenseur du Mondial.

« C’est le sport et c’est dur. Mais je suis un mec et je ne vais pas me mettre à pleurnicher. » Ron Vlaar n’est pas de l’école David Luiz. Quand il perd, ses yeux restent secs, il ne lève pas les bras au ciel pour implorer le Seigneur, il n’en fait pas des tonnes devant les caméras. Il a juste le visage un peu plus fermé que d’habitude. À peine plus en fait, car le loustic n’est pas du genre expressif. Sur un terrain, peu importe l’adversaire, peu importe l’enjeu, il est en mission. Laquelle ? Annihiler les offensives de l’adversaire. Toutes, et peu importe la manière. Mercredi, face aux Argentins, on l’a vu tout bien réussir : dominer son monde dans le jeu aérien, anticiper les appels, couper des trajectoires de balle, contrer des tentatives de frappe, gagner un nombre incalculable de duels, tacler s’il le faut. Un véritable best of de la profession de défenseur, agrémenté d’un geste bonus : jeter littéralement son corps vers la balle pour mettre sa tête en opposition une des très rares fois où il s’était laissé déborder par Gonzalo Higuaín. Un geste sacrificiel, qui symbolise parfaitement le gazier au profil de battant. L’esthétique, rien à foutre, l’important, c’est l’EF-FI-CA-CI-TÉ. Et attention, tout ça effectué dans le cadre strict des règles, avec zéro carton concédé depuis le début de la compétition. Un gars propre, carré, réglo, froid, endurant, dur au mal, jamais battu, toujours concentré sur son objectif. Une machine de guerre. Possiblement le meilleur du Mondial dans le registre défensif. Et tant pis pour le tir au but manqué lors de la séance fatidique en demi-finale, sur son bilan individuel, c’est un fait malheureux mais anecdotique.

Vidéo

Une chose est sûre, c’est l’homme de base de Louis van Gaal. Son fidèle soldat qu’il a vu éclore alors qu’il était à la relance en tant qu’entraîneur de l’AZ Alkmaar à partir de 2005. Vlaar avait alors la petite vingtaine et son éclosion au plus haut niveau va prendre plus de temps que prévu. La faute à des choix de coaching sacrifiant la jeunesse, la faute surtout à un corps fragile et à des blessures à répétition qui vont freiner sa progression, dans son club formateur d’abord, puis à Feyenoord à partir de 2006. Entre deux séances de rééducation, il parvient tout de même à glaner deux titres européens de suite chez les Espoirs, en 2006 et en 2007. Lors de cette dernière édition, il est même le capitaine de la jeune sélection oranje, qui évolue à domicile. Mais les pépins physiques reviennent et les blessures sont chaque fois plus graves. En 2008/2009, il connaît même une saison blanche (aucun match officiel disputé). Ça semble déjà sentir le sapin pour la carrière du grand dadais, mais il va pourtant rebondir dès la saison suivante et gagner sa place de titulaire à Rotterdam sous la direction de Mario Been. Après trois saisons pleines, dont une dernière terminée à la deuxième place d’Eredivisie sous les ordres de Ronald Koeman, Ron Vlaar s’engage à l’été 2012 pour trois ans avec Aston Villa, juste après avoir connu une première campagne internationale catastrophique avec la sélection A, à l’occasion de l’Euro polono-ukrainien.

Viril mais correct

En Angleterre, Ron Vlaar est vite promu capitaine d’une équipe à la peine, qui se traîne dans le bas de tableau et doit chaque fois lutter pour son maintien. Elle y parvient non sans mal, avec notamment des stats défensives décevantes. Le stoppeur hollandais fait pourtant très correctement son boulot, imposant son mètre 89 pour plus de 80kg sur les pelouses de Premier League. Son style viril mais correct lui vaut un surnom flatteur du côté des supporters des Villans : Concrete Ron, littéralement Ron en béton. En fin de saison dernière, il a néanmoins fait montre d’une pointe d’agacement face à l’impossibilité de son club d’espérer mieux que la lutte pour le maintien. Son excellente Coupe du monde pourrait lui ouvrir d’autres perspectives plus ambitieuses. Un transfert paraît très envisageable, d’autant qu’il ne lui reste qu’un an de contrat et qu’Aston Villa, pas au mieux financièrement, n’est pas franchement en position de refuser un peu de cash. Certains tabloïds anglais lui voient un avenir à Manchester United, qui sera dirigé à compter de la saison prochaine par… bah, Louis van Gaal. Ça fait sens.

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Par Régis Delanoë

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