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Vive the BundesLigue 1 !
Des buts par palettes de 36 comme en Allemagne et des équipes qui jouent toutes la gagne, même à l'extérieur, comme en Angleterre : la 17e Journée de L1 a régalé. Manaudou Brother aussi. L'ASM Clermont aussi. Et Camille Cerf aussi. Que demande le peuple ?
Un peu de soleil dans l’eau froide. Ce titre du roman de Françoise Sagan en chasse un autre, Bonjour tristesse. Parce que jusqu’à ce week-end, mater la L1 requérait pour les mômes le contrôle parental et pour les adultes se rendant au stade une décharge de responsabilité signée au médecin. En un mot, la Ligue Une c’était souvent tristoune. Périlleux. Mortel. À part l’OM qui chauffait un peu la glacière, on daubait sur notre exception culturelle que le monde ne nous envie pas. Et puis la France a vu la lumière, abandonnant à l’Angleterre les sales 0-0 (trois en PL ce week-end, aucun chez nous)… Le père Noël est passé avant l’heure : 36 buts ! Trente-six pions. Le record d’unités de la 10e journée de la saison 2012-2013 a été égalé. On vous voit venir : en encensant la Ligue 1, sofoot.com retourne sa veste ? Que nenni ! Quand c’est bon, on le dit. Quand c’est mauvais, on le dit aussi. Désolé, mais l’excédent de purges subies depuis le début de saison ne méritait pas qu’on s’extasie comme Canal + qui nous survendait sa came. Qui veut revoir TOUS les matchs de Lille, pourtant club phare de L1 ? Et puis les résultats et le contenu des matchs européens de nos cinq représentants (six avec Lyon, honteusement éliminé) ne dessinaient pas non plus la magnificence des fresques de la Sixtine. Alors on ne s’emballe pas et, pour l’instant, on savoure. Car une certaine médiocrité pourrait revenir au galop comme à Enghien…
Eau et gaz à tous les étages
Le total de buts marqués (36) a été non seulement un indice appréciable de cette 17e journée, mais il a surtout reflété un état d’esprit qu’on désespérait de voir en L1. Déjà, une intensité rare a animé la plupart de matchs finis au couteau sur le score sexy de 3-2 (Bordeaux-Lorient, Caen-Nice, Évian-Lyon, Reims-Guingamp). En un mot : personne n’a voulu lâcher ! Aucune équipe sauf Paris et sa petite victoire Sam’ Suffit face à Nantes (2-1). Même l’OM a poussé pour en mettre un troisième face à Metz (3-1), déclenchant la joie de Bielsa monté sur ressorts. Idem pour un Montpellier délicieusement sadique qui en a mis un quatrième à Rennes (4-0) alors que tout était déjà plié à 3-0. Et puis il y a eu toutes ces victoires à l’extérieur ! Monaco avait donné le signal dès vendredi soir en allant gagner à Toulouse (0-2) où il n’est pas toujours facile de s’imposer. À ce propos, les accusations contre Jardim de proposer un jeu frileux tombent très mal : l’ASM a dominé la rencontre de bout en bout et a poussé elle aussi jusqu’au 2-0 au lieu de se contenter du chiche « one-nil » . Qui plus est, jeudi soir, Monaco avait courageusement battu Lens 2-0 en jouant très tôt à 10 contre 11… Outre l’ASM, « Montpeul » est allé gagner à Rennes, Nice à Caen, Lyon à Évian et Guingamp à Reims. On se pince pour y croire : les équipes visiteuses de L1 qui viennent pour gagner ! Même les clubs qui ont perdu, à dom ou à l’extérieur, ont joué le jeu à fond : Nantes s’est bien battu au Parc, Metz a bousculé l’OM au Vélodrome, Lens a joué crânement sa chance au SDF face à Lille (1-1), Rennes mené est toujours reparti de l’avant et Bastia a perdu avec les honneurs à Geoffroy-Guichard (0-1).
Mais le mieux, c’est qu’on a vu en France ce qu’on observe souvent à l’étranger : l’acceptation de la défaite sans en faire un drame à partir du moment où on a tout donné. Montanier a été classe après la fessée de Courbis. Bastia n’avait rien à se reprocher malgré sa lanterne rouge accrochée au cul. Seuls les Toulousains n’ont pas été à la hauteur. Regattin l’a reconnu en procédant d’ailleurs après-match à un mea culpa collectif courageux. Les seuls regrets et récriminations émanaient après un revers à propos d’un arbitrage contestable : Der Zakarian et Dupraz avaient ainsi légitimement (surtout le coach nantais) remis en cause les circonstances de leur défaite. C’est humain… Mais le meilleur exemple de défaite « prometteuse » échoit à Lorient : certes, les Merlus de Ripoll ont encore perdu à l’extérieur, à Bordeaux (2-3), mais dans le contenu, ils ont mis les ingrédients des victoires futures. Jeu ambitieux, plutôt bien construit, avec des vraies velléités de planter : c’est tout ce qui fait l’identité de Lorient (17e) dans la continuité de Christian Gourcuff qui lui permettra très certainement de se maintenir. Idem pour Guingamp, avec un Gourvennec qui ne se reniera jamais sur ses principes audacieux. Et c’est très bien comme ça !
Jouer plus pour gagner plus
L’autre bon point essentiel de cette semaine (on peut aussi compter les matchs de milieu de semaine de la 16e journée), c’est que la p… d’excuse de la fatigue a totalement disparu ! Sauf avec Lolo Blanc, mais on lui pardonne vu que Paris est toujours invaincu… Rappelez-vous les jérémiades de L1 : « Les gars sont fatigués, les matchs sont rapprochés, on a des blessés, le terrain est lourd, etc. » Rien de tout cela, ce week-end. L’OM finit ses matchs encore plus fort qu’avant, que ce soit contre Metz, voire même à Lorient (1-1). Bordeaux n’a pas attendu l’entrée de Diabaté pour repartir sans arrêt à l’assaut (un bon point pour le petit Touré !). L’OL n’a pas plongé après la claque verte et a enquillé avec deux victoires acquises au bout du bout (Reims, 2-1 et à Évian 3-2). Hormis Paris, les clubs européens ont plutôt bien négocié physiquement la série de matchs rapprochés qui a suivi leur semaine européenne. Sainté a été exemplaire dans l’effort : trois victoires, six buts pour et zéro encaissé. Monaco est tombé avec les honneurs à Rennes (0-2), puis a signé deux victoires. Lille a tenu tête à Paris mercredi (1-1) et a failli gagner face à Lens. Enfin, Guingamp a trucidé Caen 5-1 avant d’aller estoquer Évian chez lui. Alors ?… Alors l’excuse de la fatigue ne tient pas. C’est avec un football frileux qu’on chope la grippe. On voit bien que c’est la dynamique de victoires qui pousse l’OM à retrouver un second souffle en fin de matchs. Jocelyn Gourvennec s’est ouvertement servi de la Ligue Europa pour faire progresser son groupe. C’est aussi le 1-1 à Krasnodar qui a permis au LOSC de René Girard de se refaire un peu la cerise en championnat…
Voilà. On est le lundi 8 décembre et on a un championnat qui tient à peu près debout, qui ressemble à quelque chose avec nos locomotives habituelles qui sont dans les temps de passage. Car hormis Lille (15e), on assiste enfin au regroupement attendu au sommet de la L1 : OM, Paris, OL, ASSE, Bordeaux sont bien là. Rennes suit derrière et Monaco grignote petit à petit jusqu’à une 7e place un peu décevante, mais logique au vu du fameux « changement de projet » . Dans le ventre mou et en bas de tableau, tout peut arriver si on suit bien les dernières journées : les équipes qui jouent sont récompensées, alors pourquoi ne pas poursuivre ? On verra bien si la frilosité et la médiocrité de gagne-petit ne resurgiront pas quand les mauvais résultats imposeront leur « réalisme » froid… En attendant, l’embellie actuelle de la L1 ne sera tout à fait validée qu’après les tests européens cruciaux qui seront soumis à notre bande des cinq. On l’a vu : tous peuvent encore passer le premier tour et Paris finir premier de sa poule. On a comme l’impression que le ballottage pas toujours favorable d’il y a quinze jours est en train de s’inverser. Le Sainté actuel ne pourrait que gagner jeudi soir au vu de ses perfs récentes en L1. Mais sera-ce suffisant ? Idem pour Lille et Guingamp. On verra bien. Monaco n’aura pas un Ntep ravageur face à Zénith et le nul minimum pour la qualif ne semble pas hors de portée. Quant à Paris… Rendez-vous jeudi soir au tas de sable, vers 23 heures !
Par Chérif Ghemmour