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Vive la Juve ? Non : vive Atalanta-Fiorentina !
À l'ombre du choc Napoli-Juventus, qui a virtuellement sacré pour la huitième fois d'affilée la Juventus, l'Atalanta et la Fiorentina ont régalé. Deux équipes sexy et imprévisibles, qui cassent avec le long fleuve tranquille de cette Serie A dominée par la Vieille Dame.
C’était le week-end où le championnat d’Italie pouvait regagner de son intérêt. Distant de treize points de la Juventus, le Napoli avait l’occasion de battre les Bianconeri au San Paolo et de revenir à dix longueurs. On n’aurait pas franchement pu parler de championnat relancé, mais au moins, un soupçon de suspense aurait perduré. Le big match tant attendu n’a finalement duré que 30 minutes, jusqu’à l’expulsion du gardien napolitain Meret.
Sortie gagnante de cette confrontation au sommet, la Juve effectue un sans-faute cette saison dans les confrontations directes : six points sur six contre Naples et la Lazio, trois points sur trois contre la Roma, l’Inter et le Milan. La Juve est toujours invaincue cette saison en Serie A, et n’a laissé filé des points que face au Genoa, l’Atalanta et Parme. Virtuellement championne pour la huitième fois d’affilée, cette fois-ci avec une facilité déconcertante. Bref, pas de quoi s’exalter, la Serie A est en train de devenir, en matière d’opposition au Roi, un championnat norvégien, où Rosenborg règne, ou un championnat biélorusse, où le BATE Barisov ne laisse aucune miette aux autres. Un long fleuve tranquille, en somme.
Vintage et moderne
C’était donc le week-end où le championnat d’Italie pouvait prouver qu’il avait encore des choses à raconter. Assurément, ce n’est pas dans la course au titre que de nouveaux rebonds seront attendus. Non, plutôt que de retenir l’énième triomphe de la Juventus – à en devenir presque emmerdant même pour ses propres tifosi–, attardons-nous plutôt sur une double confrontation qui a fait frétiller la Botte en l’espace de quatre jours. Atalanta-Fiorentina. Mercredi soir, les deux équipes s’affrontaient à Florence en demi-finale aller de la Coupe d’Italie. Dimanche en fin d’après-midi, elles se sont retrouvées à Bergame pour un deuxième round, cette fois-ci en championnat. Bilan ? Dix buts marqués, des rebondissements, du jeu spectaculaire, des talents bruts des deux côtés (Federico Chiesa, Josip Iličić et Papu Gómez en tête), et un football à la fois vintage et résolument moderne, avec une intensité de jeu digne d’un Real-Barça d’il y a quelques années. Ces Atalanta-Fiorentina, dont l’Atalanta est clairement sortie vainqueur (3-3 à Florence en Coupe, très bon résultat à l’extérieur, puis succès 3-1 en championnat), ont réveillé ce sentiment d’imprévisibilité que la Juve est doucement en train d’endormir.
Spectacle, dévouement total et incertitude
Lors de ces deux matchs entre les deux équipes les plus sexy de Serie A (pas forcément en matière de résultats purs, mais de panache, de talent et d’état d’esprit), il n’y a eu aucun moment pour souffler. Impossible de prédire le résultat, la seule assurance étant qu’il allait y avoir beaucoup de buts, comme c’est le cas depuis le début de la saison avec ces deux équipes. Deux stats pour le prouver : l’Atalanta est actuellement deuxième meilleure attaque de Serie A, avec 54 pions marqués contre les 55 de la Juve. Quant à la Fiorentina, 46 buts ont été marqués lors des dix derniers matchs qu’elle a disputés, soit une moyenne de 4,6 buts par match.
Gasperini et Pioli sont deux entraîneurs qui ont toujours fait du beau jeu une priorité, même si cette mentalité finit toujours par se heurter à la réalité cynique du football, et à des équipes programmées pour gagner comme… la Juventus. Mais pour un observateur extérieur, ce sont bien ces équipes-là qui permettent encore de frissonner, grâce aux meilleures recettes du football : spectacle, dévouement total et incertitude. Alors, oui, bravo à la Juventus pour sa victoire à Naples (un match que l’on a déjà vu mille fois) et pour son huitième Scudetto de suite. Mais de ce week-end du 3 mars, retenons surtout cet Atalanta-Fiorentina. Car c’est bien devant ce genre de confrontations que le public veut vibrer, et qui feront assurément grandir le foot italien.
Par Éric Maggiori