Viva Mexico !!!

Le Mexique fait sa crise de croissance. Alors qu’il voyait son futur proche dans les habits d’un nouveau membre de la Cour des Grands, le Géant d’Amérique centrale ne cesse de se gâcher. Il aspirait à contester l’hégémonie argentino-brésilienne sur le continent américain, il ne parvient même plus à triompher face au Panama ou au Salvador. Depuis une prometteuse Coupe du Monde 206, le Mexique enfile les déconvenues, et son sélectionneur a fini par tenter d’évacuer cette frustration, ou d’envoyer tout balader, d’un coup de pied dans un remplaçant panaméen.

Rafa Marquez et Andres Guardado voulaient se mesurer avec Messi et Kaka, un projet avait même été lancé pour gagner la Coupe du Monde 2018, finalement, El Tri butte sur Ricardo Phillips, un nom à occuper un couloir sur 200m. « Avant même de me donner un coup de pied, Aguirre m’a traité de PD, et il nous a aussi parlé de nos mères … » a témoigné le joueur dans le quotidien sportif Record. Loin d’être qualifié pour la Coupe du Monde, le Mexique s’agace à constater qu’aucun changement ne vient à bout de son impuissance. Et finit par péter un câble.

Pour assouvir ses ambitions, et prospérer sur la meilleure génération de l’histoire du pays, la Fédération mexicaine a tout d’abord opté pour Hugo Sanchez, légende couillue, dont le magnétisme de winner devait contaminer les rangs de la sélection. Échec. Et revirement à 180 degrés, avec l’appel à la froideur nordique et technique de Sven Goran Eriksson. Nouvelle puissance industrielle, le Mexique pouvait faire de l’exploitation rationnelle des riches ressources du pays son credo. Il le croyait, en tout cas. Après ce “fracaso”, dans la langue locale, nouveau virage brutal, ou plutôt, marche arrière toute, avec le retour aux rênes de la sélection de Javier Aguirre, deja en poste au début des années 2000.

Avant même que la sanction tombe, la Fédération mexicaine avait prévenu qu’elle ne la contesterait pas, comme s’il fallait faire subir une cure d’humilité au pays, pour le laver de trop d’arrogance. S’il n’est pas vire d’ici la, Aguirre devrait faire son retour sur le banc, le 12 août, pour un match capital face aux États-Unis, périlleux virage sur la route accidentée de l’Afrique du Sud. D’ici la, son adjoint, l’iconoclaste Mario Carrillo, se chargera de l’intérim. Perçu comme la véritable tête pensante de la sélection par certains, ou comme un dangereux illuminé par d’autres, l’adjoint du Basque (le surnom d’Aguirre), a marqué les esprits en recourant aux services d’une assistante spirituelle, dénommée Mama Toña. Sa spécialité : apporter des énergies positives par le biais de pratiques ésotériques. Cela lui réussit avec l’America Mexico (champion 2005), moins avec Puebla, dont l’équipe a volé en éclats sous sa direction.

Face à la Guadeloupe, El Tri connaitra donc son quatrième sélectionneur en moins de 18 mois. Si le Mexique n’atteint pas la finale de la Copa de Oro (un parcours qui couvrirait la sanction d’Aguirre), Carillo pourrait poser ses fesses sur le banc du stade Azteca le 12 août pour la réception des gringos, et rentrer dans les habits du sauveur. Ou pas. Quoiqu’il en soit, pour mesurer si les forces célestes sont de son côté, quoi de mieux qu’un galop d’essai face à la Guadeloupe, la Guadalupe en espagnol, le nom de la Vierge nationale, à laquelle ce pays très catholique voue un culte fiévreux. Le Mexique est désespéré, il se tourne vers le Ciel.